Plus de 140 jeunes catholiques « indignés » arrêtés mardi soir

Paris. Décidément, la pièce « Sur le concept du visage du fils de Dieu » jouée au Théâtre de la Ville jusqu’au 30 octobre ne passe pas. 75 jeunes catholiques se sont retrouvés mardi en début de soirée place Louis Lépine sur l’île de la Cité afin de réciter le chapelet.

C’est dans un silence de mort ponctué par des “Je vous salue Marie” qu’ils sont arrêtés pour “vérification d’identité” par une quarantaine de policiers : 50 sont conduits dans un car, 21 dans un autre. Un enfant de douze ans, les larmes aux yeux, ainsi que sa grande sœur sont relâchés in extremis. Les autres sourient, chantent, brandissent leurs chapelets aux fenêtres des véhicules :

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Au même moment, une soixantaine de jeunes catholiques manifestent avenue Victoria, le long du Théâtre de la Ville. 70 policiers et gendarmes les encerclent :

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Tous seront embarqués. Certains qui refusent de se laisser faire sont violemment maîtrisés. Notre caméra n’est alors pas la bienvenue :

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Autour et sur la place du Châtelet, 70 chrétiens sont éparpillés. Les slogans “Christ caillassé, catholiques insultés !”, “Christianophobie, ça suffit !”, “Catholiques insultés, on en a plus qu’assez !”, “Habemus Papam !” résonnent et alternent avec les “Je vous salue Marie” et autres “Christus Vincit !” La circulation de l’avenue Victoria est bientôt coupée afin d’“encager” les manifestants. Au moins 6 prêtres en soutane (dont deux figures traditionalistes, les abbés Xavier Beauvais et Paul Aulagnier) sont présents ainsi que le Dr Xavier Dor, un chrétien militant et militant “pro-vie” muni de ses médailles miraculeuses.

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“Indignés”

Je vais à la rencontre des catholiques scandalisés par la pièce de théâtre de Romeo Castellucci. Parmi eux, Bruno, qui m’explique que “toutes les religions ne sont pas traitées de la même façon en France”. Pour ce père de 12 enfants, les arrestations de ce soir “montrent bien l’état de notre société”. Aurélien, 28 ans, “[a] des amis qui ont été arrêtés ce soir”. “Je reviendrai tous les soirs jusqu’à ce que je sois embarqué comme les autres”, explique-t-il posément. Patrick accepte d’expliquer ses motivations devant notre caméra :

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Un jeune catholique : “le Bon Dieu a dit qu’on a tout en priant”

C’est ce qui m’étonne le plus : bien que calmes, ces jeunes semblent animés par une détermination à toute épreuve. Jeanne est venue quant à elle protester “davantage contre l’attitude de l’Etat et la réponse disproportionnée des autorités que contre la pièce elle-même”. Martin note que “les trois-quarts des personnes arrêtées sont des jeunes filles”… Devant notre caméra, un prêtre n’hésite pas à parler de “rafle” :

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Certains policiers semblent eux-même un peu décontenancés devant un tel public. L’un d’entre eux admet qu’il n’y a “pas de violences” de la part des manifestants : “la plupart nous suivent. Certains se débattent, c’est tout.” Autant dire que, lorsque Mgr Bernard Podvin déclare mardi soir que “l’Eglise catholique condamne les violences perpétrées lors de récents spectacles”, il est à côté de la plaque. “L’Eglise catholique en France n’est ni intégriste, ni obscurantiste”, précise le porte-parole de la Conférence des évêques de France. Critiquer la mobilisation de ces catholiques, pourquoi pas ! Bien qu’ayant couvert de manière quasiment exhaustive les actions de ces “indignés” pas comme les autres (voir ici, ici, ici, ici, ici et ), le portail libéral-conservateur Nouvelles de France est le premier à le faire. Mais pas en des termes qui sont ceux des adversaires revendiqués des religions et notamment de la religion chrétienne…

Charlotte, 18 ans, est étudiante en philosophie : “un pompier vient de me dire que nous avions raison de manifester” affirme-t-elle tout sourire. “Vous avez tout mon soutien. Je serai bien venu prier avec vous mais là, je suis de service. J’ai un collègue qui n’est pas de service et qui y est” lui a-t-il dit. Un passant interpellé par les chants religieux se déclare “extrêmement choqué” par ce spectacle de rue :

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Ce mardi soir, 140 jeunes sur les 200 présents ont été interpellés. Ils ont vu leur identité contrôlée dans plusieurs commissariats de la capitale avant d’être relâchés. “Ils font ça pour nous impressionner. La vérité, c’est que vous ne risquez rien si vous ne faîtes que prier et vous rassembler sans violence à proximité du Théâtre de la Ville”, sourit Xavier qui se félicite que “la pièce ait commencé avec une heure de retard”. Déjà interpellé deux fois en trois jours, ce jeune étudiant a prévu de revenir “chaque soir de la semaine”. Antoine aussi :

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Des SMS sans ambiguïté circulaient déjà dans la nuit de mardi à mercredi. L’un dit notamment : “le combat continue pour l’honneur du Christ et pour la culture sacrée. Soyons encore plus nombreux” les prochains soirs où “d’importantes actions” sont prévues.

Lire aussi :
> Les bons catholiques… et les mauvais

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29 Comments

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  • PETIT ANDRE , 26 octobre 2011 @ 18 h 03 min

    il faut beaucoup prier cette rafle est honteuse pauvre gendermerie de devoir accomplir cette action’, un jour Dieu jugera. il faudrait engager une pétition de protestation ; que je suis fier de la dignité des jeunes catholiques, ou est le reste de nos religieux des paroisses de France..

  • LouisB , 26 octobre 2011 @ 18 h 07 min

    Oui, Fik, mais alors que faire à la place ? Peut-on laisser cette pièce se dérouler “tranquillement”, se moquant éperdument des quelques condamnations ou critiques négatives émises par quelques évêques (entre autres) ?
    Penses-tu que toute prière publique est, de fait, forcément une instrumentalisation de la prière ?

  • galtir , 26 octobre 2011 @ 18 h 22 min

    C’est toi qui est affligeant et qui ne comprend rien !

    La prière une instrumentalisation de quoi ? La prière n’est qu’une demande d’aide à notre Dieu, si tu crois que c’est la seule fois où nous prions dans la rue tu te trompes, nous prions partout et quand nous le voulons, ce n’est pas parce que tu ne vois pas que nous prions que nous ne prions pas !

    Énorme différence avec les musulmans : l’allée et venue des personnes quel que soit leur mode de locomotion n’a pas été entravé !

    Revois ton argumentaire, respecte nous si tu ne veux pas prier avec nous et comprend que nous voulions défendre l’image de notre Dieu autant que quiconque défend l’image de ceux qu’il aime !

    Merci !

  • V , 26 octobre 2011 @ 22 h 21 min

    La LICRA a porté plainte parce qu’un jeune avait posté une vidéo sur youtube dans laquelle on le voyait plonger un coran dans l’urine. Le procès est allé jusqu’en appel. Là, le maire de Paris, dont chacun sait qu’il est un inuit du Maroc, subventionne, avec les deniers publiques, un spectacle dans lequel on jette de la merde sur la figure du Christ, et il faudrait faire preuve de “tolérance” … Et mon cul sur la commode avec , ça ira ? Delanoë, au piquet, (…) !

  • F.A , 26 octobre 2011 @ 22 h 25 min

    Gloire et Honneurs à ces Catholiques !!! !!! !!!

  • cherrueix Paul , 26 octobre 2011 @ 22 h 45 min

    Bonsoir à tous je viens de voir sur leur site une pétition de soutien à leur odieuse pièce. Voici ce qu’ils ont écrit dessus, c’est à mourir de rire:

    Comité de soutien à la liberté de représentation du spectacle de Romeo Castellucci au Théâtre de la Ville – Paris.
    Pour signer, envoyez un mail à l’adresse suivante :
    [email protected]
    Indiquer dans le corps du mail vos nom, prénom, profession suivis de la mention “Je signe”.

    Depuis le 20 octobre, date de la première, les représentations de Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci au Théâtre de la Ville donnent lieu à des événements graves.
    Un groupe organisé d’individus qualifiés d’intégristes chrétiens, se réclamant en partie de l’Action française, a tenté d’empêcher l’accès au Théâtre de la Ville en bloquant les portes, en agressant le public, en le menaçant, en l’aspergeant d’huile de vidange, de gaz lacrymogènes et en lui jetant œufs et boules puantes, tandis que leurs complices, militants du Renouveau Français, entrés dans la salle, ont interrompu la représentation dès le début en occupant la scène et en déployant leur mot d’ordre : «La christianophobie, ça suffit ».
    L’AGRIF avait demandé par voie de justice l’interdiction du spectacle et avait été déboutée de sa demande par le Tribunal de Grande Instance le 18 octobre 2011.

    La police doit donc intervenir chaque jour à l’entrée du théâtre, et nous nous sommes vus dans l’obligation de l’appeler à l’intérieur de la salle à plusieurs reprises pour qu’elle évacue ceux qui occupaient la scène, ce qui s’est fait sans heurts, parce que nous avons veillé à éviter des affrontements entre ces envahisseurs et le public outré de tels agissements.
    Le personnel du théâtre s’est montré résolu et efficace en ces pénibles circonstances, et, malgré les nombreux incidents et interruptions, les représentations ont pu, jusqu’à présent, avoir lieu.

    Que ces groupes d’individus violents et organisés, qui se réclament de la religion contre une soi-disant « christianophobie », obéissent à des mouvements religieux ou politiques, demande une enquête ; pour nous, en tout cas, ces comportements relèvent à l’évidence du fanatisme, cet ennemi des Lumières et de la liberté contre lequel, à de glorieuses époques, la France a su si bien lutter. Le théâtre a d’ailleurs très souvent été pour ces luttes, un lieu décisif.

    On ne peut en rester là. De tels agissements sont graves, ils prennent une tournure nouvelle, nettement fascisante. Ces groupes d’individus s’empressent en outre de décréter blasphématoires, de façon automatique, des spectacles qui ne sont dirigés ni contre les croyants, ni contre le christianisme. Des critiques de journaux importants, qui ne font pas mystère de leur foi chrétienne, ont d’ailleurs loué sans réserve ce spectacle lors de sa présentation en Avignon. Nous vous invitons aussi à lire les déclarations de Romeo Castellucci, publiées dans le programme distribué chaque soir au public, pour comprendre ses intentions et son propos d’artiste.
    Nous n’entendons pas céder à ces menaces odieuses, et ce spectacle sera maintenu malgré toutes les tentatives d’intimidation. Nous invitons le public à y assister, en toute liberté. Le spectacle, coproduit par le Théâtre de la Ville, y est présenté jusqu’au 30 octobre ; puis il sera repris, dans le cadre de notre partenariat, au Centquatre du 2 au 6 novembre.
    Il est d’ailleurs à noter que ce spectacle a été présenté sans troubles en Allemagne, en Belgique, en Norvège, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Russie, aux Pays-Bas, en Grèce, en Suisse, en Pologne et en Italie, et que c’est en France qu’ont lieu ces manifestations d’intolérance.

    Nous créons donc un comité de soutien s’adressant à toutes les personnes de bonne volonté – et cette expression est ici particulièrement bienvenue – pour défendre au-delà même du spectacle de Romeo Castellucci, la liberté d’expression, la liberté des artistes et la liberté de pensée, contre ce nouveau fanatisme.

    Emmanuel Demarcy-Mota, directeur et l’équipe du Théâtre de la Ville.

  • Cassiodorus parisiensis , 27 octobre 2011 @ 0 h 35 min

    Oui, certes, bien sur, je suis allée le voir un de ces dernier jours, et maintenant j’attends un procès après m’avoir fait une opinion personnelle que ce spectacje était effectivement blasphématoire. Par suite je ne peut pas me faire embarquer une deuxième fois, j’attends le jugement du Ministère de la Vérité…

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