Gilles Bourdouleix, Président du CNIP : « nous n’avons pas vocation à être un sas entre l’extrême-droite et l’UMP »

Alors que le Centre national des indépendants et paysans (CNIP) a décidé en juin de rejoindre l’ARES, son Président, le député-maire de Cholet Gilles Bourdouleix, a bien voulu répondre aux questions des Nouvelles de France.

Gilles Bourdouleix, comment réagissez-vous aux déclarations de Annick du Roscoät, Présidente d’honneur du CNIP, dans nos colonnes ?

Sur la forme, je n’ai pas de commentaire à faire vu son épouvantable grossièreté. Sur le fond, Annick du Roscoät aborde la question de la stratégie. Quand vous succédez à quelqu’un, vous faites et gérez les choses différemment, c’est normal. Dès mon arrivée à la tête du CNIP, j’ai annoncé mon intention de repositionner le parti, de l’inscrire davantage dans la droite ligne de ce qu’il était à l’époque de René Coty ou d’Antoine Pinay, avant qu’il se retrouve à droite de la droite. Dans le spectre politique français, le CNIP doit être au centre droit, un centre droit qui s’assume parfaitement. 

« Le FN, ce n’est rien du tout. »

Il n’y avait plus d’espace électoral entre le FN et l’UMP ?

Je n’ai jamais considéré qu’il y avait une place entre ces deux partis. Notamment parce que le FN, ce n’est rien du tout. C’est un parti qui exprime les idées d’1 à 2% des Français, d’extrême-droite. Les 10-12-15% qui restent sont des électeurs d’autres familles politiques : certains viennent de gauche, d’autres sont des déçus de l’UMP qui ne s’y retrouvent plus et qui n’ont pas d’autres alternatives que le vote FN… Dans quasiment toutes les élections françaises, il y a deux tours et je crois qu’il est important d’offrir un vrai choix aux électeurs au premier tour. Les alliances doivent se faire au second tour. Et avec une UMP hégémonique à droite, les Français n’ont plus le choix au premier tour. Je note parallèlement à cette absence de choix que le FN se maintient à un niveau élevé : nous devons offrir une alternative à ses électeurs, les écouter et résoudre leurs difficultés, c’est-à-dire rétablir l’Etat de droit dans certains quartiers, restreindre une immigration trop importante, faire comprendre à certaines religions qu’elles doivent se conformer aux principes républicains… Si nous ne sommes pas capables de répondre à la détresse des électeurs du FN sans être pour autant dans la droite extrême, ils continueront dans cette voie.

« Avec une UMP hégémonique à droite, les Français n’ont plus le choix au premier tour. »

On dit que si Marine Le Pen est trop haute dans les sondages, Jean-Louis Borloo ne prendra pas le risque d’une candidature en 2012. Qu’en pensez-vous ?

Nous devons attendre un peu et analyser la situation avant de prendre la décision de nous lancer ou pas. Il ne vous aura cependant pas échappé que depuis que Jean-Louis Borloo est un candidat potentiel et réalise 7-8% dans les sondages, Marine Le Pen ne dépasse pas les 13-14% et n’est plus en mesure d’être présente au second tour. La stratégie de Nicolas Sarkozy est de faire le meilleur score possible au premier tour, comme en 2007 où il avait réalisé 31%, et de créer une dynamique pour le second tour. Je ne crois pas à cette stratégie car entre 2007 et 2012, il y a 5 ans de pouvoir durant lesquels les Français n’ont pas eu toutes les réponses qu’ils souhaitaient. Attention, je critique la forme, pas le fond ! Mais je puis vous assurer qu’il n’y a plus 31% des Français prêts à voter Nicolas Sarkozy au premier tour. Si nous ne leur offrons pas d’autres choix que le vote Nicolas Sarkozy au premier tour, ils seront nombreux à se défouler en votant Marine Le Pen ou à ne pas voter du tout. Nicolas Sarkozy a besoin d’une réserve de voix pour le second tour…

C’est pourtant la multiplication des candidatures à gauche et au centre-gauche qui a empêché Lionel Jospin d’accéder au second tour en 2002…

Il ne faut pas reprocher à autrui ce qu’il convient de se reprocher à soi-même. Quand on réalise 16% au premier tour alors qu’on est le Premier ministre sortant, il y a un problème, vous ne trouvez pas ?

« Le CNIP a dépassé les 1 400 adhérents. »

Le CNIP, combien de divisions ?

Quand je suis arrivé en octobre 2009, le CNIP comptait 800 adhérents. Quand je dis 800, je précise qu’il s’agit du vrai chiffre car comme vous savez, la plupart des partis ne disent pas la vérité sur leur nombre de membres.

Et aujourd’hui ?

On a dépassé les 1 400 et on approche les 1 500.

Votre honnêteté vous perdra !

J’ai conscience que le CNIP ne sera jamais un grand parti de masse mais nous avons un certain nombre d’élus comme Philippe Brillault, maire du Chesnay et conseiller général des Yvelines, par exemple.

A qui s’adresse le CNIP ? Aux notables ?

Aux paysans (c’est pourquoi nous insistons plus qu’avant sur le “P” de “CNIP”) et à tous les acteurs du monde rural, notamment agricole, aux gens indépendants dans leur démarche, leur esprit : des professions libérales, des commerçants, mais aussi aux électeurs de droite en rupture avec l’UMP… La différence avec avant, c’est que le CNIP ne récupérera plus systématiquement des anciens du FN. Si cela arrive de temps en temps, je n’ai rien contre mais nous n’avons pas vocation à être un sas entre l’extrême-droite et l’UMP. Nous allons être l’aile droite de l’ARES.

« Si un jour nous sommes censurés à l’ARES, nous partirons. »

Vous pourrez vous y exprimer librement ?

C’est bien simple : si un jour nous sommes censurés, nous partirons. Mais vous savez, je ne retirerais rien à la charte des valeurs de l’ARES. Bien sûr, il y a quelques petites différences. Par exemple, l’Europe Fédérale. Dans deux siècles, pourquoi pas mais maintenant, ça n’est pas réaliste ! Nous ne sommes pas d’accord sur tout, c’est certain. Le CNIP vient avec ses propres valeurs et a l’intention de les défendre. Par exemple, sur la question du “mariage” entre personnes de même sexe, Jean-Louis Borloo s’est prononcé pour alors que j’y suis opposé et ai voté contre en juin dernier.

La théorie du gender entre dans les programmes de sciences de la vie et de la terre dans les classes de seconde. Qu’en pensez-vous ?

C’est une dérive fâcheuse que je n’accepte pas et qui doit faire l’objet d’un vrai débat dans les semaines à venir. Mais comme vous savez, il s’agit d’une mesure réglementaire : les députés ont été mis devant le fait accompli.

« La théorie du gender ? Une dérive fâcheuse que je n’accepte pas. »

Quel regard portez-vous sur l’émergence du Tea Party outre-Atlantique ?

Même si j’ai l’impression que ça part un peu dans tous les sens, que ça manque de structuration, il est toujours positif de voir les citoyens prendre la parole et se réconcilier avec la vie politique. Car le débat doit toujours avoir lieu sur les grandes orientations. C’est ce qui s’est passé au CNIP, lors de la réunion du Comité directeur en juin. Il n’y avait pas forcément de majorité au début mais un véritable débat a permis de convaincre 93% des membres d’approuver un rapprochement avec l’ARES.

Que vont devenir Gonzague de Chantérac et Annick du Roscoät ?

Gonzague de Chantérac a voté pour le rapprochement avec l’ARES (sur son blog, il dit s’être abstenu, ndlr). Et il n’est pas vraiment membre du Comité directeur : il y a été accepté comme représentant des jeunes mais aujourd’hui, il n’a plus la légitimité d’en faire partie vu qu’il n’est plus secrétaire national des Jeunes indépendants. Et à peine sorti, il communique sur son blog alors que nous avions décidé que le résultat de nos délibérations internes serait communiqué par le Président (Gilles Bourdouleix, ndlr). Le pire, c’est qu’il écrit sur son blog le contraire de ce qu’il a dit pendant la réunion où il n’arrêtait pas d’échanger des SMS avec Annick du Roscoät… Je le sais parce qu’une fois, Annick du Roscoät s’est trompée de destinataire et a envoyé un SMS destiné à Gonzague de Chantérac à un autre membre… Quant à Annick du Roscoät, elle n’a pas réuni le Conseil national qu’elle invoque aujourd’hui… depuis 2007 ! Je confirme d’ailleurs que la décision de rejoindre l’ARES relève bien du Comité directeur qui a voté pour à 93%. Nous ne demandons pas à Annick du Roscoät d’être d’accord, nous lui demandons de respecter la décision de la majorité, c’est tout. Elle est mal placé pour dénoncer une “tyrannie”, elle qui a viré sans ménagement Jean-Michel Jardry parce qu’il contestait la dérive extrême-droitière du CNIP. Jean-Michel Jardry qui ne disposait pas de 300 promesses de signatures de maires comme l’affirmait Annick du Roscoät aux médias avant qu’il se retire mais de 6 soutiens de maire. J’ai vérifié ça dans nos archives ! Alors, en attendant qu’elle comparaisse devant la commission de discipline à laquelle elle ne s’est pas présentée en juillet, elle n’est plus responsable de la Fédération de Loire-Atlantique.

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1 Comment

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  • Eviv Bulgroz , 29 juillet 2011 @ 9 h 26 min

    Embrouilles et procès de Moscou au CNIP. Lamentable. Se recommander de René Coty en 2011! Pathétique. La véritable vocation de ce groupuscule est de ne servir à rien.

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