Éric Zemmour : “la présidentielle entre Sarkozy et Hollande fut l’affrontement entre Buisson et Terra Nova”

Le chroniqueur réac’ revient dans le dernier Spectacle du Monde sur les raisons profondes de l’affaire Buisson :

Buisson avait compris la même chose que le cercle de réflexion socialiste Terra Nova – mais pour en tirer des conclusions diamétralement opposées : le peuple français est devenu réactionnaire : sur les mœurs, la nation, la famille, l’Etat, il en a assez des dérégulations, des déconstructions libérales-libertaires ; il veut le retour de l’ordre, dans la rue et à l’école, comme dans les esprits. Ce besoin d’ordre – qui va jusqu’à l’ordre économique et social bouleversé par le libre-échange mondialisé – est refusé à la fois par le libéralisme économique et par l’héritage libertaire de Mai-68 des mouvements gays, féministes, qui sont de redoutables lobbies auprès des cercles de décisions.

La présidentielle entre Sarkozy et Hollande fut l’affrontement entre Buisson et Terra Nova. Ce dernier a eu raison de proposer une nouvelle coalition autour des jeunes diplômés, des femmes urbaines, et surtout des enfants de l’immigration arabo-africaine. Terra Nova a rempli sa mission : les musulmans votèrent pour Hollande à 96 %. En revanche, Buisson ne put – complètement – remplir la sienne, car une partie de l’électorat populaire – ouvriers et employés – était trop remontée contre un Sarkozy qui n’avait nullement « passé le Karcher », comme il l’avait promis.

(…) Le buissonisme était une anomalie, un fait du prince. Il n’avait pas de racines parmi les notables de l’UMP. Ces jeunes émules de la « Droite forte » ne sont pas assez enracinés dans le parti et trop carriéristes pour imposer durablement leur sensibilité. Buisson n’ignorait nullement que si son champion avait un tempérament bonapartiste, il n’en avait ni la culture idéologique ni la foi patriotique. Jérôme Monod, l’ancien conseiller de Chirac, avait eu un jour cette méchante boutade : « Sarkozy est un immigré hongrois qui voulait se rendre à New York et s’est arrêté par erreur à Paris. » Boutade cruelle, mais pas dénuée de tout fondement. L’attachement sincère de l’ancien président à la France est contrebalancé chez lui par son adoration de l’Amérique et sa fascination pour l’argent des élites mondialisées. Les discours gaulliens de Guaino et les stratégies « maurrassiennes » de Buisson ont toujours eu l’air, chez Sarkozy, d’un rôle d’emprunt.

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2 Comments

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  • pas dupe , 17 avril 2014 @ 17 h 06 min

    Les républicains ont simplement appliqué les conseils de Bismarck, tout en se remplissant les poches et pillant la France !

    “Instruction de BISMARCK (Chancelier du Reich) au comte Von ARNIM, ambassadeur à Paris, le 16 novembre 1871

    « Nous devons enfin désirer le maintien de la République en France pour une deuxième raison qui est majeure : la France monarchique était et sera toujours catholique; sa politique lui donnait une grande influence en Europe, en Orient et jusqu’en Extrême-Orient. Un moyen de contrecarrer son influence au profit de la nôtre, c’est d’abaisser le catholicisme et la papauté qui en est la tête.

    Si nous pouvons atteindre ce but, la France est à jamais annihilée. La monarchie nous entraverait dans ces tentatives. La République nous aidera… J’entreprends contre l’Église catholique une guerre qui sera longue et, peut-être, terrible! On m’accusera de persécution et j’y serai peut-être conduit, mais il le faut pour achever d’abaisser la France et établir notre suprématie religieuse et diplomatique, comme notre suprématie militaire.

    Et bien! Je le répète : ici encore les républicains m’aideront ; ils joueront notre jeu ; ce que j’attaque par politique, ils l’attaquent par formalisme anti-religieux. Leur concours est assuré. Entretenez dans les feuilles radicales françaises à notre dévotion la peur de l’épouvantail clérical, en faisant propager les calomnies ou les préjugés qui font naître cette peur… Faites aussi parler, dans ces feuilles, des dangers de la réaction…, des crimes de l’absolutisme, des empiétements du clergé.

    Ces balivernes ne manquent jamais leur effet sur la masse ignorante. Oui! Mettez tous vos soins à entretenir cet échange de services mutuels entre les républicains et la Prusse!

    C’est la France qui paiera les frais! … »

    Instruction citée par GAUDIN DE VILAINE, au Sénat, le 6 avril 1911,
    Journal Officiel du 7 avril 1911”

  • Marius , 17 avril 2014 @ 17 h 38 min

    Quel dommage que Zemmour soit si nul en économie, son anti-libéralisme gâche tout le bien qu’il fait à la droite par ailleurs. Au lieu de faire avancer le liberal-conservatisme il fait avancer le national-socialisme ou national-étatisme, dans les 2 cas au moins on retournera a du bon sens societal mais l’un est efficace économiquement, l’autre pas.

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