L’Union européenne face aux populismes

Les résultats des élections européennes font apparaître une poussée des populismes. La définition donnée par Wikipédia est la suivante : le populisme désigne un type de discours et de courants politiques, prenant pour cible de ses critiques « les élites » et prônant le recours au « peuple » (d’où son nom), s’incarnant dans une figure charismatique et soutenu par un parti acquis à ce corpus idéologique. On peut ajouter à cette définition que le terme « populiste » est péjoratif. Il s’agit d’un regard condescendant porté sur le peuple. L’élite mise en cause reproche au peuple de mal voter.

Une nomenklatura post-soixante-huitarde serine le même leitmotiv depuis des décennies : « L’Europe, c’est la paix ! Le nationalisme, c’est la guerre ! ». Tel est le slogan justifiant la construction de l’Union européenne. Il est exact que l’Europe connaît la paix depuis 1945 si l’on tient pour négligeables les affrontements en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo durant les années 90. On peut en effet reconnaître que les deux guerres mondiales ont pour cause le nationalisme des grandes puissances européennes.

“On peut soutenir que la construction européenne est une conséquence de la Guerre froide. La paix est davantage due à l’équilibre de la terreur entre les États-Unis et l’Union soviétique qu’à l’existence de l’Union européenne.”

Toutefois, il faut souligner que les débuts de la construction européenne s’inscrivaient dans un contexte de Guerre froide. Il s’agissait au lendemain de la Seconde Guerre mondiale de favoriser la reconstruction et de faire face à la menace du bloc soviétique. Ce danger commun a favorisé le rassemblement des nations européennes. On peut soutenir que la construction européenne est une conséquence de la Guerre froide. La paix est davantage due à l’équilibre de la terreur entre les États-Unis et l’Union soviétique qu’à l’existence de l’Union européenne.

Le résultat des élections européennes donne la première place en France au Front national. Ce résultat s’explique en partie par l’impopularité du pouvoir socialiste. Actuellement, les politiciens français donnent le spectacle d’un pays vassalisé. Le Président français a fait son premier voyage après son élection en Allemagne. Il voulait changer la politique monétaire de l’Union mais la chancelière lui a expliqué que la création de l’euro a pour contrepartie la rigueur budgétaire et la convergence des politiques fiscales. On a souvent expliqué que l’Europe avançait grâce au couple franco-allemand. Maintenant on a l’impression que l’Allemagne dirige seule l’Europe. L’Allemagne est devenue le modèle : ses landers, son système d’apprentissage, sa réforme du marché du travail… Les dirigeants français sont devenus les collaborateurs de la chancelière allemande.

L’Allemagne est actuellement dirigée par une grande coalition. En réaction au national-socialisme hitlérien, les dirigeants allemands sont d’accord pour rejeter le socialisme et le nationalisme. Le renoncement au socialisme est une bonne initiative car cette idéologie a provoqué des catastrophes partout où elle a été expérimentée. Toutefois le rejet du nationalisme est discutable. Le projet européen semble avoir pour but de transférer les compétences des États vers une entité supranationale. On a l’impression que l’objectif poursuivi est un renforcement sans fin du pouvoir de la Commission bruxelloise qui devrait diriger une myriade de régions. D’ailleurs, la France n’existe plus lors des élections européennes, elle est divisée en 8 régions !

“Les peuples sans passé n’ont pas d’avenir. Les Européens ne peuvent pas soutenir une entité technocratique sans âme et ils ne peuvent pas adhérer à un projet sans perspective.”

La poussée des populismes en Europe s’explique certainement par la volonté des peuples de ne pas disparaître et de reprendre en main leur destin. Au Royaume-Uni, l’UKIP arrive en tête. Ce parti souhaite que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne. En Grèce, un parti de la gauche radicale surfe sur le rejet du plan d’austérité imposé aux Grecs par les institutions européennes. Dans de nombreux pays européens, des partis anti-immigration prospèrent car l’immigration est perçue comme une invasion sournoise. Cet euroscepticisme et cette xénophobie sont condamnés par l’oligarchie politiquement correcte qui dirige les pays européens et les institutions bruxelloises. Néanmoins, elle est incapable de proposer un projet fédérateur aux peuples européens.

La poursuite de la construction européenne pourrait passer par une reconnaissance des liens unissant les nations européennes. Elles appartiennent à une même civilisation et elles partagent des racines communes. Il faudrait célébrer les valeurs qui unissent les peuples d’Europe : les principes philosophiques de la Grèce antique et ses racines chrétiennes. Mais nous nous complaisons dans la repentance et la haine de soi pour ne pas discriminer les autres. Pourtant les peuples sans passé n’ont pas d’avenir. Les Européens ne peuvent pas soutenir une entité technocratique sans âme et ils ne peuvent pas adhérer à un projet sans perspective.

Il faudrait célébrer la richesse de la civilisation occidentale* : les philosophes grecs, la démocratie athénienne, la puissance de l’Empire romain, les cathédrales, les Croisades, la découverte du nouveau monde, la renaissance, la constitution d’empires coloniaux, la révolution industrielle, les découvertes scientifiques et le génie des artistes et des auteurs européens. Mozart, Beethoven, Chopin, Bach sont tous des compositeurs européens. Léonard de Vinci, Michel-Ange, Botticelli, Rembrandt, Monet, Cézanne, Picasso sont des artistes européens. De même, Galilée, Newton, Einstein, Marconi, Pasteur, Curie sont des scientifiques européens. Nous sommes les légataires d’une civilisation magnifique et nous devrions être fiers des réussites de nos ancêtres et de notre passé glorieux. Sans célébration de ce passé commun, nous ne construirons pas un avenir commun !

*Histoire de l’Europe, Jean Carpentier, François Lebrun et René Rémond
Qu’est-ce que l’Occident ? Philippe Nemo
La richesse de l’Occident, Jean-Luc Tari

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17 Comments

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  • eric-p , 2 juin 2014 @ 19 h 45 min

    Et voilà ! La “Nouvelle Pravda” (Le wikipédia de notre URSS 2.0 ) a encore frappé !
    Ce nouveau média est encore plus redoutable que l’ancienne Pravda qui sévissait en URSS
    jusqu’à l’effondrement de celle-ci.
    À l’époque, on pouvait incriminer le contenu de l’article parce qu’on savait que le journal était directement tenu par le pouvoir communiste.

    Aujourd’hui, le pouvoir est sans doute parvenu à réaliser la plus grande subversion qu’un régime ait jamais réalisé dans l’histoire de l’humanité.
    Sans aucun doute,la “Nouvelle Pravda” est pour moi le meilleur outil de bourrage de crâne
    jamais réalisé dans l’histoire de l’humanité !

    Les anciens dictateurs communistes et cet amateur de Kim Jung 1 peuvent aller se rhabiller:
    Ils n’arrivent pas à la cheville de “Wikipédia” !

    -On ne parvient jamais à savoir qui rédige les articles (des bénévoles paraît-il !).

    -Wikipédia prétend détenir des critères d’objectivité pour “filtrer” ses articles.
    …On attend toujours quelques échantillons de ces fameux critères !

    -On ne sait pas qui fait la “police” à Wikipédia : Des bénévoles ??? Sans blague !

    -Wikipédia se réserve de modifier (censurer !) tout ou partie de ses fameux articles “objectifs”
    sans doute sous la pression de l’arrivée de “nouveaux critères” ayant bien entendu reçus la sainte onction de la LDH ou quelque chose dans le genre.

    -Lorsque l’article est “contesté” par les “voix du Seigneur” , l’article disparaît ou n’est jamais rmis en ligne (Pour vous donner un exemple, on attend toujours une histoire “objective” de l’Inde
    entre le VII ème siècle et le XI ème siècle: Vous ne le trouverez pas dans la “Nouvelle Pravda”! ).

    Chers camarades lecteurs de NDF, vous pouvez lire Wikipédia…à condition d’avoir pris des cours d’auto-défense intellectuelle préalablement…

  • Psyché , 2 juin 2014 @ 21 h 20 min

    à eric-p : je vous rejoins tout à fait sur “l’objectivité” de Wikipedia, il s’agit de “La voix de son Maître” comme le disait à une certaine époque la pub des bons vieux “tourne-disque” ou “platine electrophone” Pathé Marconi ; ça ne nous rajeuni pas, mais Wikipedia est en effet le porte-voix de la Nomenclatura !

    Pour en revenir au “populisme”, cette expression exprime le profond dégoût de la classe dominante envers tout ce qui est “populaire” et en particulier envers toute opinion exprimée par les “petites gens” ; elle est le reflet d’un déni de démocratie, elle procède d’une tentative d’ostracisation de toute opinion déviante par rapport à celle de la classe dominante (exprimée par Wikipedia par exemple) ; c’est un prélude au procès en terrorisme.
    Plus que le déni de démocratie, c’est l’expression de la dictature des esprits imposée à tout citoyens ordinaire.

  • Psyché , 2 juin 2014 @ 21 h 22 min

    pardon pour le “s” en trop : “imposée à tout citoyen ordinaire”

  • Stephan_Toulousain , 2 juin 2014 @ 22 h 07 min

    le populisme n’existe pas. P

  • Stephan_Toulousain , 2 juin 2014 @ 22 h 13 min

    Le populisme n’existe pas. C’est encore un terme du dictionnaire de la nov langue.
    Par définition, c’est la critique de l’elite par le peuple.
    Mais où donc est l’élite.. On connait l’oligarchie et ses oligarques, mais l’élite. ????
    Ce n’est pas parce qu’un élu vient d’obtenir un mandat pour une représentation, voire une action, qu’il devient une élite. C’est un représentant salarié qui vient d’obtenir un boulot à faire. C’est notre sous-traitant.

    Wikipédia, la voix de son maître.
    Heureux de voir qu’il y a des internautes qui pensent comme moi. C’est la voix de son maitre. J’ai vu des pages refaites en 48h, pour embellir certains portraits , et nuire à certains autres. donc, ne pas s’en servir comme une source fiable. Et s’en méfier.

  • eric-p , 2 juin 2014 @ 23 h 06 min

    Tout à fait.
    Le mépris de la classe dirigeante vis-à-vis de la population n’est pas une illusion.
    Je me souviens d’une intervention de JJSS às 7/7 il y a environ 25 ans où celui-ci qualifiait les électeurs du FN de “populace”.
    On connaît également le bon mot de B-Tapie à l’égard des électeurs du FN:
    “Des salauds” (Des propos qu’on lui a demandé de rectifier mais qui sont révélateurs quoiqu’on dise.) !

  • eric-p , 2 juin 2014 @ 23 h 55 min

    J’en ai pris conscience il n’y a pas si longtemps figurez-vous (fausse neutralité de Wikipédia).
    Précisément en regardant Véronique Genest dans l’émission de Ruquier où elle
    a eu le “malheur” d’évoquer les massacres de l’Hindi Kush (dont je n’avais JAMAIS entendu parler). Elle a immédiatement été victime d’attaques violentes de la part d’un lèche cul de service qu’on ne présente plus (Aymeric Caron) qui a essayé (et sans doute réussi auprès d’un public “réceptif” ) à la discréditer
    à coups de citations biaisées et de désinformation.

    Le niveau d’infection idéologique à la téloche est réellement insupportable.
    Je ne suis pas sûr que la majorité de la population soit consciente de celà.

    En vérifiant la réalité historique de l’Hindi Kush sur Wikipédia, on voit que celui-ci est…. MUET sur la période concernée !!!

    J’en ai également pris conscience dans la presse à priori épargnée par la politique.
    Un exemple: Il y a 22 ans(1992), un certain Stanley Prusiner écrivit un article
    dans une revue de vulgarisation scientifique (La recherche ou pour la science)
    dans un style “bien rassurant” pour “informer” des risques de transmission de la maladie de la vache folle à l’homme en déclarant en particulier que les risques
    de transmission étaient faibles car le nombre de nucléotides distincts de la proitéine humaine équivalente était supérieur à 30.
    Pour un lecteur néophyte en médecine spécialisée(c’est le cas 99.99% de la population !), on se dit que Prusiner détient LA VÉRITÉ parce que Prix Nobel de médecine (Ça impressionne, hein !) ….et le lecteur “gobe” la “bonne” parole !

    Quelques années passent et un nouvel article consacré à la maladie de la vache folle paraît suite (j’y j’ai bonne mémoire !) aux premiers cas de
    maladie de Creutzfeld-Jacob en Angleterre (c’était en 1996 !).
    L’auteur de l’article nous explique doctement que le nombre de nucléotides différents entre la protéine animale et la protéine humaine est de HUIT nucléotides (Tout en rassurant la populatioin que les risques de transmission blablabla)!!!

    Que s’est-il passé entre les deux articles ? L’explication la plus vraisemblable
    (amha) est qu’un scientifique RENOMMÉ (C’est le cas de Prusiner) est parfaitement capable de bidonner
    un article ( Prusiner a menti sur le nombre nucléotides distincts) pour rassurer l’opinion publique…

    Moralité: Méfiez-vous des articles annoncés comme “neutres”.
    À partir du moment où des enjeux politiques sont engagés, il y a des chances
    que l’objectivité et l’im,partialité de l’auteur ne soit pas “tout à fait” celle qu’on aimerait qu’elle soit…
    Se méfiez également des “spécialistes” (qu’ils viennent de la politique ou d’ailleurs) qui assènent “leurs vérités” en espérant que la population “gobera”
    le message: Un grand classique des énarques ou des polytechniciens, qui profitent de la notoriété de leur diplôme pour imposer leurs vues un peu trop rapidement…
    Le regretté Richard P. Feynman (physicien 1918-1988) ne disait pas autre chose à propos de ses propres collègues physicien(Ne leur faites JAMAIS confiance: Vérifiez tout ce qu’ils disent !).

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