Les chrétiens d’Orient ou la trahison de l’Occident

Le 31 Août 2013, les « Rafale » étaient prêts à décoller pour des frappes punitives contre la Syrie. C’est un appel téléphonique du Président Obama qui stoppa le faux pas de François Hollande : chef des Armées émoustillé par le succès malien ? Imitation de l’intervention française contre la Libye pour égaler Sarkozy ? Enthousiasme pour le Printemps Arabe et l’émergence de la démocratie musulmane ? Ce jour-là, Hollande faisait la démonstration de son incompétence : méconnaissance de la situation au Moyen-Orient, orientations idéologiques superficielles négligeant bien sûr les populations chrétiennes et séduites par le « progressisme » des opposants à Assad, alignement sur la politique à la fois unilatérale et confuse des Etats-Unis, alliés d’Israël, du Qatar et de l’Arabie Saoudite et adversaires de la Russie…

Un an plus tard, la situation et le discours ont changé. Les Chrétiens d’Orient sont spoliés, chassés, massacrés par des djihadistes qui ont objectivement profité de notre soutien à la rébellion syrienne. Les bandes de EIIL s’avancent vers Bagdad. Ce n’est pas un Etat. Ce n’est pas une armée classique. Ce sont des fanatiques peut-être infiltrés par d’anciens soldats de Saddam Hussein. Peut-être y-a-t-il des « français » parmi eux. Leur victoire menace la vie de nombreux Irakiens. C’est l’argument qui avait justifié l’action contre les troupes de Kadhafi devant Benghazi. Cette fois pourtant, les « Rafale » ne sont pas sur les pistes. L’Europe à l’instar d’Obama se mobilise… contre la Russie. La France se déclare prête à accueillir les Chrétiens demandeurs d’asile.

Comme l’a souligné le Cardinal Barbarin, ce n’est pas la solution. Les Chrétiens d’Orient sont évidemment chez eux de l’Egypte à l’Irak où ils étaient présents des siècles avant la conquête musulmane. Accepter leur exode, c’est renoncer au respect de droits fondamentaux que nous proclamons… ailleurs, c’est sous-entendre que l’effacement de la présence chrétienne va dans le sens de l’Histoire, c’est faire preuve de complaisance à l’égard d’une religion dont l’intolérance et la violence sont en contradiction avec les valeurs que nous sommes censés défendre.

L’histoire des religions les fait traverser des phases contrastées, des périodes de grande culture et des épisodes de répression mentale. La pratique religieuse varie beaucoup dans le temps. Beaucoup de Musulmans vivent leur appartenance confessionnelle comme le respect d’un certain nombre de rites et de règles, la participation à des fêtes communautaires, l’obéissance à des valeurs morales qui ne sont pas incompatibles avec l’intégration. Néanmoins, dans les sociétés dont toute l’évolution a été orientée par le Christianisme, l’affirmation de la supériorité politique de la communauté religieuse sur la Nation, la contestation des Lois, le prosélytisme de combat ne sont pas acceptables. Un laïcisme superficiel a aujourd’hui tendance à dire que toutes les religions se ressemblent, que l’Islam est une religion de paix et de tolérance, qu’elle a offert un modèle inégalé d’ouverture d’esprit dans l’Andalousie de Cordoue. Cette bouillie intellectuelle pour enfants incultes omet la radicale opposition de trajectoire entre le Christianisme et l’Islam. Entre Celui qui proclame que son Royaume n’est pas de ce monde, qu’il faut rendre à César ce qui lui appartient, et qui a subi avec la crucifixion la pire des violences, et un chef de guerre qui a créé un Etat théologico-politique par la force, il n’y a rien en commun, sinon qu’on les rattache au Livre. Mais le Dieu des Chrétiens, celui du Nouveau Testament, fait du Christianisme une religion où le rachat des hommes l’emporte sur leur punition. C’est là une dimension absolument originale. De même, la séparation entre le temporel et du spirituel, la supériorité de l’esprit sur la lettre ouvrent la voie à la démocratie politique et à l’autonomie personnelle. Que dans son parcours, la religion chrétienne ait pu prendre d’autres visages sous le poids de la nature humaine n’enlève rien à la force du message.

La plupart de nos dirigeants actuels semblent ignorer ce qu’ils doivent au Christianisme. Cet héritage qui les a conduits à exiger aujourd’hui le respect des Droits Humains devrait les pousser doublement à défendre ces communautés religieuses qui, envers et contre tout, malgré la dhimmitude, l’impôt et les massacres, ont su préserver leur foi. Leur diversité même, au gré des débats byzantins et des conciles, est un trésor de l’humanité, une preuve de la primauté de l’esprit. La plupart se considèrent comme des Arabes. Ils s’affirment Chrétiens. Ne pas tout faire pour qu’ils puissent vivre leur foi et pratiquer leur religion chez eux, c’est trahir les valeurs que nous prétendons défendre.

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22 Comments

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  • Pascal , 4 août 2014 @ 18 h 25 min

    En 1990-1991, non pas pour plaire à Israël, l’Irak n’était en aucun cas une menace pour l’Etat hébreu. En revanche, après s’être renforcé en guerroyant contre l’Iran au service de «l’Occident», l’Irak devenait une menace pour l’hégémonie séoudienne, hégémonie séoudienne intérêt vital des EU comme spécifié dans le pacte du Quincy. Bush père avait eu le souci de ne pas favoriser une hégémonie iranienne par le destruction complète de l’Irak.

    En 2003, il s’agissait pour les Ricains de se maintenir dans la région après avoir été contraints de quitter l’Arabie séoudite.

  • Psyché , 4 août 2014 @ 21 h 42 min

    Où est donc passé BHL ?

    Où est passé le sauveur des populations opprimées ?
    Pourquoi n’entend-t-on pas monter au créneau le milliardaire chroniqueur philosophe sur l’agression dont sont victimes les femmes et les enfants de Gaza ?

    Bernard-Henri Levy, cet humaniste qui n’a pas hésité à s’engager courageusement, mais pas trop près quand même, au Liban, au Soudan, en Bosnie-Herzégovine, en Libye, en Syrie, au Mali ou encore en Ukraine, devrait être en première ligne face au massacre des Palestiniens par l’armée israélienne.

    Allez, Bernard-Henri ! Finis ton rail, ouvre ta chemise blanche et va prendre la défense des faibles comme tu t’es targué de le faire lors des Printemps arabes que tu définissais comme…
    que tu définissais comment déjà ?
    Ah oui, c’est vrai : « c’est bon pour Israël … ».

  • Psyché , 4 août 2014 @ 23 h 11 min

    Au Maroc, il vaut mieux être juif que chrétien, ceci mérite d’être dit et il faut aller chercher les américains pour le savoir !

    http://www.fdesouche.com/493293-maroc-mieux-vaut-etre-juif-que-chretien

    Le département d’Etat américain vient de publier son rapport 2013 sur la liberté religieuse dans le monde et estime respectivement à 8 000 et 4 000 le nombre de chrétiens et de juifs au sein de la population marocaine. Le rapport note une pleine liberté de la pratique religieuse juive, mais regrette cependant que de nombreux chrétiens marocains ne puissent vivre leur foi sans craindre des représailles de la part de la société et des autorités.

  • Psyché , 4 août 2014 @ 23 h 13 min

    Pour reprendre le titre de l’article, disons que si l’occident trahi la chrétienté, c’est parce qu’il est dominé par les juifs.

  • Caractacusa , 4 août 2014 @ 23 h 17 min

    http:////www.liveleak.com/view?i=190_
    Attention! Ce sont de vraies têtes d’êtres humains ! Il y a des chrétiens parmi eux, ainsi que l’explique le speaker. L’excité de l’ISIS éructe son laïus islamique, pendant que la caméra fait le tour de l’esplanade. Visite guidée “online” pour Ban Ki Moon et tous les autres fumistes qui crient au soi-disant génocide des “palestiniens”. Je mets les guillemets car, si l’on autorisait les vrais palestiniens qui croupissent en exil dans de véritables favelas au Liban, eux sauraient dire qui en est et qui, parmi ceux qui prétendent lutter pour eux, est un “fakestinian”. Quézako? Un fils ou petit-fils d’arabo-musulman accouru de n’importe quelque région du Moyen-Orient ou d’Egypte, comme Arafat, pour enquiquiner les juifs ainsi que le lui recommande le Coran depuis 14 siècles et manger le pain des palestiniens chrétiens (eux aussi authentiques, hier encore seulement minoritaires, aujourd’hui presque invisibles).

  • Christian Vanneste , 9 août 2014 @ 7 h 49 min

    Il y a quelques années, avant la crise syrienne, un colloque a été organisé par le Parlement Européen dans une université maronite proche de Beyrouth sur le thème des Chrétiens d’Orient. Député “national”, j’étais le seul élu français présent. Je me sens donc en droit de m’exprimer sur un sujet que je connais et pour défendre une cause pour laquelle je milite depuis longtemps. Je suis ravi de voir d’ex-collègues de l’ump s’intéresser un peu tardivement à la question. Le gaullisme est avant tout soucieux des intérêts de la France. La France a un devoir envers les Chrétiens du Moyen-Orient qu’elle a toujours protégés. Les uns et les autres sont les héritiers des populations préislamiques et affirment souvent leur appartenance ethnique à des peuples non arabes. C’est le sens du mot “copte”. Les Libanais se disent Phéniciens, les Irakiens, Assyro-Chaldéens, etc.. Ils vivent dans des régions où la langue arabe domine, et l’idée qu’il y ait des Arabes chrétiens est importante pour contrer le préjugé selon lequel Arabe et Musulman seraient les deux faces d’une même pièce.

  • Christian Vanneste , 9 août 2014 @ 7 h 59 min

    Cet article appelle évidemment à une intervention militaire de l’Occident contre les djihadistes. L’intervention américaine de 2003 était une énorme erreur encore réparable avec “Surge” à la fin du second mandat de Bush. Obama, cette créature totalement surfaite des médias a laissé pourrir la situation, là comme ailleurs. Al Qaïda et ses dérivés contrôlent aujourd’hui plus de régions dans le monde qu’en 2001 !

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