Fillon : une déstabilisation prévisible, des conséquences imprévisibles

François Fillon

Il était tout sauf imprévisible qu’une opération de déstabilisation de magnitude élevée allait se produire à l’encontre de François Fillon pendant la campagne présidentielle . Si le prétexte n’avait pas été la question des emplois controversés de son épouse, n’en doutons pas, un autre aurait été trouvé.

L’élection présidentielle française occupe en effet une place décisive dans la géopolitique mondiale. Trump a battu Clinton et projette de se rapprocher de Poutine. Mme May , exécutrice du Brexit, s’apprête à leur emboîter le pas. Mais la moitié des Américains, le président Obama en tête, n’ont pas accepté la défaite d’Hillary Clinton. Ils pensent qu’elle n’a été battue que grâce à une manœuvre déloyale de Poutine. Pour eux, Poutine, c’est Hitler, rien de moins ; il faut donc, pensent-ils, se préparer à lui faire la guerre. Trump est un traitre acquis au président russe et ils espèrent le destituer. Ce camp a des relais politiques puissants en Europe : Hollande, Merkel, Juncker . Leur projet: faire bloc, renforcer l’intégration de ce qui reste de l’Union européenne après le Brexit et camper sur des positions hostiles vis-à-vis de la Russie. La plus grande partie de l’oligarchie et la quasi-totalité de médias , des deux côtés de l’Atlantique, sont dans ce camp.

De quel côté penchera le prochain président français ? On comprend que c’est là un enjeu capital qui n’intéresse pas que les Français. Naturellement, l’élection de Marine Le Pen, hostile à l’euro et présumée pro-Trump et pro-Poutine serait pour eux une catastrophe. Mais du simple fait que Fillon a témoigné quelques sympathies et une volonté d’ouverture à la Russie, il n’est pas non plus tenu par les milieux euro-mondialistes pour un homme sûr. L’affaire éclate , est-ce un hasard ? au lendemain de sa visite à Berlin où se sont confirmées ses divergences avec Angela Merkel au sujet des sanctions imposées à la Russie : Fillon veut les lever, Merkel pas. Malgré les gages qu’il s’évertue de donner, telles ses professions de foi européennes ou ses étonnants coups de patte à Trump et Poutine lors de son discours de la porte de la Villette, Fillon demeure suspect de “non-alignement”. Comme Mélenchon et peut-être Hamon.

Emmanuel Macron est par contre l’incarnation emblématique du président que le clan mondialiste pro-Bruxelles , pro-OTAN, pro-Clinton veut voir accéder à la tête de la France . La volonté d’une plus grande intégration européenne, fut-ce sous gouverne allemande, l’hostilité à la Russie, une vigilance sourcilleuse sur les droits de l’homme sans le moindre remord pour les cruelles guerres “humanitaires” menées au Proche-Orient en leur nom, ont tout pour rassurer ce clan. Les propos tenus par Macron au Liban sont clairs : il reste sur la ligne Sarkozy-Hollande exigeant le départ de Bachar-el-Assad, voie aujourd’hui sans issue et belligène s’il en est.

Si l’on croit que Marine Le Pen sera présente au second tour de la présidentielle, la seule question est : contre qui ? Il y a trois semaines, il n’y avait que deux réponses possibles : Fillon ou Macron.

Il était donc clair que Fillon était l’homme à abattre. Une guerre invisible lui avait été faite durant la primaire de la droite : il n’était pas innocent que, face à deux candidats atlantistes pro-Clinton, Juppé et Sarkozy, les médias aient longtemps feint de l’ignorer, le reléguant au rang d’outsider. Fillon a néanmoins été élu, l’histoire dira par quel subterfuge.
Il ne restait qu’à l’abattre pendant la campagne électorale, si possible avant la date limite de dépôt des candidatures de telle manière que les Républicains aient le temps de lui substituer un candidat mondialiste (ce que sont peu ou prou tous ceux à qui on pense pour le remplacer). Mais le but est de mettre Macron au second tour. Ceux qui font ce plan ne doutent pas qu’il gagnera contre Marine Le Pen.

Macron face à Le Pen : un résultat incertain

Est-ce si sûr ? Sans nul doute François Fillon battrait Marine Le Pen. Mais pour Emmanuel Macron, ce n’est pas certain. On peut à première vue penser que, par ses ambiguïtés de toutes sortes, par son profil jeune et décalé , issu de la gauche mais séduisant la droite, Macron rassemblerait facilement l’ “arc républicain” qui va de la droite non-frontiste à ce qui reste du parti communiste . Or il y a selon nous de sérieuses raisons d’en douter : la gauche de la gauche aurait peut-être voté plus facilement pour Fillon que pour Macron, homme de la haute banque, incarnation achevée des trahisons de la social-démocratie . Dès que les origines du complot contre Fillon viendront à la lumière, il risque d’en être de même à droite.

Mais le second tour de l’élection présidentielle ne se réduit pas à une arithmétique, il est un affrontement de deux personnalités et une confrontation de chacune avec les Français “les yeux dans les yeux”. Le choc Macron contre Le Pen serait d’une extrême violence. D’un côté une incarnation caricaturale de l’oligarchie mondialiste ( il a fait son discours de Berlin en anglais !), dont toutes les positions : Europe, immigration , ultralibéralisme , libre-échange, vont à l’encontre de celles des Français de base. De l’autre, une figure, certes très contestée, mais dans laquelle une partie du peuple se reconnait. Dans une excellent article , Jérôme Sainte-Marie a montré que , dans la situation de crise identitaire que les Français traversent, l’immigration, sur laquelle Macron, à la différence de Fillon, correction politique exige, n’offre aucune perspective , sera un enjeu central des présidentielles. L’affrontement entre les deux aurait le même caractère que celui de Clinton et de Trump : le déchaînement unilatéral d’une grande partie des médias et de la classe politique avec , malgré cela, la même incertitude quant au résultat. Et comme aujourd’hui aux Etats-Unis, celui qui l’emportera , quel qu’il soit, risque de pas être accepté par l’autre camp.

Les mondialistes qui ont fait les difficiles face à la perspective de la victoire de Fillon, jugé insuffisamment inféodé à l’ordre européen et mondialiste et qui ont cherché en la personne de Macron quelqu’un de totalement fiable , risquent une amère désillusion. Alors que la victoire de Fillon au second tour de la présidentielle ne faisait pas de doute, celle de Macron est bien plus aléatoire que ce qu’on imagine.

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17 Comments

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  • 0 / 10
  • jejomau , 7 février 2017 @ 10 h 42 min

    Regardons du côté de Médiapart. 3 fondateurs.

    C’est là qu’on s’aperçoit que les dirigeants de Mediapart sont des gauchistes qui ont des liens avec d’autres médias de Gauche qui, depuis le début, lynchent Fillon:

    – François Bonnet:

    Il a débuté au “Matin de Paris” puis à l’hebdomadaire “VSD” en tant que secrétaire de rédaction de 1983 à 1985.

    En 1986, il rejoint le quotidien “Libération” , où il est successivement secrétaire de rédaction, rédacteur au service Société puis Politique. Il devient en 1992 chef adjoint du service Politique. En 1994, il participe au lancement de la nouvelle formule de Libération en étant chef adjoint du cahier « Métro ».

    Il rejoint le quotidien “Le Monde” en 1995 comme chef adjoint du service Société puis est, à partir de 1998, correspondant du quotidien à Moscou. Nommé rédacteur en chef, il dirige le service International de 2001 à 2005. Rattaché ensuite à la direction générale du Monde, il travaille sur un projet de quotidien gratuit.

    En octobre 2006, François Bonnet quitte le groupe Le Monde.

    Du 1er janvier au 15 novembre 2007, il est directeur adjoint de la rédaction de l’hebdomadaire “Marianne”. Il est l’un des fondateurs en 2008 de “Mediapart”, dont il assure la direction éditoriale.

    – Edwy Plenel:

    Il fut directeur de “Le Monde” de 1996 jusqu’à sa démission en novembre 2004. Le groupe était dirigés à l’époque par Jean-Marie Colombani et Alain Minc (soutien de Macron) quand il est licencié le 31 octobre 2005. Il a depuis cofondé le site Mediapa

    – Gérard Desportes:

    Ancien rédacteur en chef de “Libération” et de “La Vie” et journaliste au “Quotidien de Paris”, “Le Monde”

    Voilà ce qu’on appelle l’indépendance de la Presse : tous les mêmes issu des mêmes moules dans lesquelles ils ont leurs “copains” et qui s’amusent sur le dos des Français….

  • champar , 7 février 2017 @ 10 h 59 min

    Tiens le troll inconditionnel soutien de Fillon n’est pas intervenu dans ce débat …

    Les media stipendiés puent de plus en plus, je ne suis pas vraiment en faveur de Fillon mais à vouloir trop démontrer les journaleux confirment surtout qu’ils désinforment et ne sont que des agents de propagande qui n’ont rien à envier aux pires dictatures .
    Il devient totalement évident qu’il s’agit d’un coup monté sans vrai fondement : Calomniez, calomniez il en restera toujours quelque chose.

    Le seul intérêt de cette soit-disant “affaire” bidonnée est de voir comment Fillon va réagir face à une campagne de propagande où les charognards n’hésitent à traîner toute sa famille dans la boue, quels sont ses nerfs et sa stature c’est ce qu’il est important de constater maintenant, il va peut-être remonter dans mon estime, à suivre …

  • Charles , 7 février 2017 @ 13 h 53 min
  • jacky4546 , 7 février 2017 @ 14 h 10 min

    Le programme de François Fillon est le seul qui tienne la route et qui puisse permettre de redresser la France. Et c’est bien uniquement cela qui dérange cette gauche pourrie qui n’a d’autre but que de la sacrifier à l’islam…
    Lâcher François FILLON maintenant c’est comme lâcher une équipe de foot qui a un coup de mou.
    Il faut sauver le soldat FILLON !!!

  • hermeneias , 7 février 2017 @ 14 h 21 min

    Les Charles et cie qui , disent-ils , “ne sont pas marinistes” ( autrement dit les marinistes honteux ) mais se comportent complètement comme des “marinistes” ( reste à définir le “marinisme” conglomérat de vieilles lunes gaucho-nationalistes avec quelques constats de base indéniables du chaos actuel ) , ont donc , on le voit bien un net penchant pour voir Macron au 2e tour face à leur “passionaria” au risque de vboir la France s’embourber dans 5 ans supplémentaires de gaucho-liberal-fascism avec une islamisation massive .

    Fillon , quant à lui , peut nous tromper ou être lié par son parti . Il peut aussi , une fois mis en orbite , s’affranchir et se servir du parti comme d’un tremplin …Il a envoyé plusieurs signaux en ce sens et à résisté aux pressions des juppéistes et sarkozystes qui , certainement et de toute évidence , voulaient sa peau . Il les a même coincé grâce à la primaire qui lui donne une légitimité au delà du parti …..

  • Vautrin , 7 février 2017 @ 14 h 41 min

    Soyons pragmatiques. Fillon n’est certainement pas ce que veut un patriote nationaliste pour président. Le Pen n’est certainement pas ce que veut un libéral (en matière d’économie) pour président. Un national-libéral veut à la fois le libéralisme économique (avec un protectionnisme intelligent à la Trump) et la souveraineté nationale. Bon, ceci dit, une terrible menace se profile, Macron, créature des monopoles apatrides donc mondialistes; avec eux, le chorus des européâstres et atlantistes, mais aussi des immigrophiles islamophiles, les habituels pervers, la bobocratie, bref, tout ce qui est nuisible à la Nation. Avec Macron, c’est l’aboutissement du complot qu’Hollande, trop idiot, n’a pas pu (heureusement !) mener à bien.
    Donc, nous avons besoin de Fillon pour faire obstacle à Macron au premier tour. Peu importe les casseroles qu’on lui fait traîner, ce sont celles de TOUS les parlementaires qui font les règlements à leur profit. L’important est qu’il puisse fédérer, au premier tour, assez de monde à droite pour éliminer l’énergumène Macron. C’est, en somme, une mesure de salut public, car les conséquences d’une présidence Macron sont tout sauf imprévisibles ! Elles sont apocalyptiques !
    Voilà, ce me semble, l’objectif fondamental, que, certes, nous n’avons pas choisi mais que nous impose le pragmatisme face à une situation carrément tragique. Ensuite, au second tour, il faudra choisir, l’important étant que Macron ne soit pas un élément de l’alternative.
    Souhaitons donc que Fillon se remette sur les rails, solidement, et que Julien Assange et Wikileaks nous fournissent du grain à moudre !

  • hermeneias , 7 février 2017 @ 16 h 48 min

    oUI soyons “pragmatique” car , DE PLUS , voir en Marine Philipot une “conservatrice” “identitaire” c’est fortement “capilo-tracté” comme on dit .

    Poutine et Assange peuvent en effet grandement aider à démasquer les imposteurs de la caste au pouvoir qui tiennent les médias par les “bourses” ou la bourse , comme on voudra

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