Ne riez pas : je souhaite que les élus soient sérieux et honnêtes…

corruption

N’avoir rien fait de mal devient aujourd’hui une grande qualité chez les politiques, même si cet exploit consiste comme chez Macron à n’avoir rien fait du tout après deux ans comme secrétaire général adjoint de l’Elysée et deux autres comme Ministre de l’Economie. François Fillon est sorti de sa discrétion pour rappeler une évidence qui a échappé depuis longtemps au microcosme médiatico-politique parisien : celui qui aspire à conduire la France et à la représenter au plus haut niveau dans le monde doit être irréprochable. Ses deux rivaux, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy étaient, paraît-il, visés.

Ce postulat d’une démocratie saine doit évidemment s’appliquer à tous les échelons de la responsabilité publique. Elle doit être la règle pour tous les élus.  Or, non seulement notre pays est mal gouverné, mais beaucoup de gens qui se conduisent mal, se vautrent néanmoins dans le confort douillet de la République, s’accrochent quand même à leur pouvoir, à leurs mandats et bénéficient encore de parachutes dorés lorsque l’éjection du scandaleux trop visible devient inévitable. Il y a beaucoup trop d’élus en France. Ils participent à ce paradoxe français : un pays riche que sa dépense publique déraisonnable appauvrit. Non seulement le trop plein d’élus coûte cher, mais chacun d’eux compte sur l’argent déversé pour se faire réélire. La mauvaise gouvernance française éclate au grand jour lorsqu’on compare les performances de notre pays à ceux qui lui sont comparables. Aussi quand on apprend que certains de nos élus et de ceux qui gravitent autour, non contents de bénéficier des avantages que leur confère un pouvoir dont ils n’ont pas le talent, s’estiment au-dessus de la loi, et cherchent à échapper, par ruse ou avec désinvolture, aux obligations qui s’imposent à tous les Français fiscalement, socialement, pénalement, le dégoût et le mépris s’emparent de beaucoup de Français. Quand des poursuites sont engagées, que des condamnations sont prononcées pour abus de biens sociaux, pour détournement d’argent public, pour enrichissement personnel, la révolte devrait gronder, mais elle reste le plus souvent muette parce que les médias demeurent dans notre pays assez discrets sur ces questions qui favorisent à leurs yeux l’antiparlementarisme et le populisme.

L’exemplarité devient une vieille lune, un souci ringard, une exigence désuète. L’idée que celui qui a reçu un mandat de ses concitoyens puisse être un modèle à leurs yeux semble un propos suranné de prêche moralisateur. Le pouvoir n’est en démocratie qu’un service que celui qui l’a reçu doit rendre à ceux qui lui ont donné. Il est souvent bien autre chose. L’élection suscite fréquemment chez celui qui en bénéficie une satisfaction narcissique qui n’est pas sans danger. Chez certains, elle brise les limites de l’interdit, rend possibles les fantasmes ou les perversions qui végétaient dans le jardin secret de l’homme « normal ». Chez d’autres, elle permet d’accéder à un niveau de vie inespéré. Chez d’autres encore, paradoxalement, oubliant ce qu’elle doit à l’égalité du vote des citoyens, elle ouvre l’accès au monde des privilèges. Comme l’élu, en proportion de sa puissance, fait graviter autour de lui un certain nombre de personnes, ces travers peuvent se répandre. Le cireur de chaussures de luxe à domicile peut croiser le coûteux coiffeur du Président. Ce n’est plus Versailles, mais c’est quand même l’Elysée. On n’est plus au temps jadis, celui où le général de Gaulle payait sur ses deniers personnels le goûter de ses petits-enfants ou la note d’électricité de ses appartements privés. La garde rapprochée, volontiers austère, animée par l’esprit d’un Ordre a laissé place à la cour, au microcosme, où un secrétaire général adjoint est l’époux d’une ministre après avoir servi un autre ministre aujourd’hui candidat à la succession de Hollande et compagnon d’une députée et ancienne ministre. Dans ce petit monde replié sur lui-même à l’écart de la France réelle, de temps à autre pénètre une personnalité du journalisme ou du spectacle, qui ne fait que passer d’une pièce à l’autre du même immeuble.

Une démocratie où l’égalité occupe d’autant plus de place dans les discours qu’elle en tient peu dans le monde réel n’est pas exemplaire comme Hollande l’avait pourtant promis avec un incroyable cynisme. Cahuzac, Thevenoud, Kader Arif ont été contraints à la démission sous la pression de l’opinion publique. Mais La France, notamment depuis le passage de Mitterrand à l’Elysée a eu le tort de s’habituer à ces comportements douteux, et certaines situations totalement inacceptables devraient soulever la révolte. Elles relèvent du scandale, et cependant, elles perdurent. François Bayrou a demandé à Robert Rochefort de démissionner à la suite de son flagrant délit d’exhibition sexuelle. Il s’agit bien sûr de sa démission du parti, le Modem, non de celle du Parlement Européen… De même Lavrilleux, mis en examen dans l’affaire Bygmalion, a quitté l’UMP, mais demeure député européen alors qu’il n’a été élu que comme tête de liste de ce parti. Le comble est atteint avec Sylvie Andrieux. Fille d’un sénateur socialiste, filleule d’une sénatrice socialiste, députée socialiste elle-même, elle a été condamnée en appel à quatre ans de prison dont un an ferme pour détournement de fonds publics. Elle a été exclue du PS mais continue de se rendre à l’Assemblée avec, paraît-il, un bracelet électronique comme aménagement de peine. Quant au clan Balkany, il suffit de l’évoquer pour jeter le discrédit sur la classe politique. De telles situations  sont indignes de la France.  Comme disait Lord Acton, si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. Ce précepte ne nous invite pas à préférer des « modérés » qui ne sont pas modérément corrompus à des hommes et des femmes rigoureux dans leur action et leur comportement. Ce sont eux, au contraire qui nous protégeront de l’arrivée d’un régime issu du dégoût pour la démocratie. A titre personnel, je crois avoir quelque mérite à ne pas être envahi par ce sentiment. Désinvesti par Sarkozy et consorts pour avoir dit… la vérité et être indemne de toute condamnation, je constate plus de mansuétude à l’égard d’autres.  Je tiens par ailleurs à saluer M. Placé, ministre de la République… et condamné pour m’avoir diffamé. Secrétaire d’Etat chargé de la Réforme de l’Etat, nul doute qu’il saura contribuer à son redressement.

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3 Comments

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  • Droal , 7 septembre 2016 @ 22 h 38 min

    Les seuls gens sérieux sont les abstentionnistes qui feront tomber ce régime définitivement.

    Pour l’instant on a une “guerre civile” sur le feu qui va pas mal éclaircir les rangs et les idées.

    Après ce sera assez simple de bâtir avec des hommes et des femmes de Bonne Volonté.

  • Babouchka , 9 septembre 2016 @ 13 h 24 min

    Dégoût, dégoût, immense dégoût pour ces tricheurs.
    Seule la teinture de la chevelure de qui vous savez même si elle est honnereuse me fait mourir de rire.

  • jsg , 14 septembre 2016 @ 13 h 51 min

    Ils ne sont comme toute la population, ni tous malhonnêtes, ni tous pas sérieux, le problème c’est qu’ils ne sont jamais les deux à la fois…

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