Citoyens ou consommateurs ?

À part quelques irréductibles gauchistes qui croient encore que le socialisme est le seul système qui peut permettre l’épanouissement de l’humanité, plus personne ne remet en cause l’économie de marché. Même les communistes, déjà dans les années 80, avaient abandonné le socialisme pur et dur ; l’économie de marché, certes, régulée, mais dont l’équation, l’offre et la demande, leur semblait la plus naturellement viable, avait emporté leur adhésion.

Peut-être, parce que, économie de marché et capitalisme financier, ce n’est pas tout à fait la même chose. En effet, pour faire simple, on peut dire que l’économie de marché serait une honnête transaction entre le vendeur et l’acheteur, et que le capitalisme devient outrancièrement financier quand il veut obtenir plus de profits, au-delà de l’admissible… Évidemment, ce réflexe, de vouloir gagner plus, est humain, mais pour qu’il reste noble, tout dépend de la moralité des intervenants. Malheureusement, nous dérivons, depuis quelques décennies, vers un capitalisme sauvage, débridé, ultra-libéral, de plus en plus financiarisé, qui devient un parcours de combattant, par lequel, bientôt, dès notre naissance, et dès que l’on bougera le petit doigt, on devra “passer au bassiné”. Pour avoir seulement le droit de respirer, il faudra payer. Déjà, tout n’est plus que fric, profits scandaleux, transactions douteuses, arnaques, tromperies. Et tout le monde s’y met : les magnats de la finance tirent les ficelles en cascade jusqu’au plus petit consommateur qui doit se soumettre sous peine de disparaître des écrans radar de son entourage ou de l’administration.

Pour gagner plus, il ne faut pas travailler plus : il faut filouter ! Et pour cela, le système a toute une armée de fidèles serviteurs dont les plus zélés, les publicitaires, qui “veulent nous faire prendre des vessies pour des lanternes”. Ils sont partout : sur le web, dans les journaux, à la télévision, sur les panneaux géants de nos villes, dans nos boîtes aux lettres, et même dans notre lit… sur les boîtes de préservatifs pour nous vanter les mérites du dernier gel lubrifiant parfumé à la fraise… Tout est bon pour faire vendre, tout est bon pour nous endormir, tout est bon pour nous infantiliser. Nous devenons des consommateurs avant d’être des citoyens. Savent-ils, ces publicitaires, ce que veut dire : être citoyen ? Visiblement, non, puisqu’ils nous imposent leur inopportune propagande commerciale, comme si on n’était pas capable de décider de ce dont nous avons besoin et, quand nous en avons besoin. Le pire, c’est quand ils nous taxent un achat que nous n’avons jamais commandé, par l’entremise d’une opératrice téléphonique, à la voix sirupeuse, lobotomisée par la propagande commerciale, aux bottes du système, le plus souvent obligée par son patron… Il y a peu de résistants dans ses officines commerciales, car la corruption est facile, à cause d’un chômage de masse, du détachement de travailleurs européens ou étrangers issus de l’immigration clandestine, de la dérégulation du code du travail, de la pression médiatique… Et, j’en passe !

Le capitalisme est devenu mondialiste. Inévitablement ; c’était dans ses gênes. L’économie de marché, qui devrait être là pour réguler harmonieusement les échanges commerciaux, est en dislocation imminente. C’est dangereux, pas seulement pour l’économie, qui s’emballe dans une course sans fin à la recherche de profits indécents, mais également pour tous les rapports humains qui en découlent. La confiance, nécessaire à toute transaction, n’est plus au rendez-vous et cette méfiance s’accroît encore avec les difficultés, pour chacun, à s’adapter à un système qui bafoue la justice, la bienséance et la rectitude. Un système inhumain fabriqué par et pour des financiers avides, adorateurs du veau d’or, prédateurs fous de puissance, voulant tout acheter, tout posséder ; le monde entier, si cela était possible…

Il faudra bien choisir, un jour, à être d’abord un citoyen, un consommateur avisé, qui contribue à faire prospérer une économie réelle, proche, et au service de tous, plutôt qu’un consommateur uniquement acheteur de gadgets improbables et inutiles, faisant faire fortune aux mafias commerciales qui n’existent que pour faire du fric. Fric stérile ne servant qu’à une chose : accroître le pouvoir de la finance qui veut diriger le monde, et qui pour cela, n’hésite pas à fabriquer des monstres égoïstes en détruisant, au passage, tous les rapports humains, et aussi la planète.

Arrêtons d’enrichir, ces fous dangereux !

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5 Comments

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  • FoxRenard , 12 septembre 2015 @ 12 h 48 min

    Vous savez, les socialos n’ont pas tant changé que ça. Ce sont d’abord et ils ont toujours été des internationalistes destructeurs des nations et avez-vous remarqué comme eux et leurs serviteurs, les médias, sont passé de l’Est à l’Ouest ? Le travailleur n’était plus rentable alors ils ont trouvé un nouveau symbole, le consommateur, qui a remplacé le travailleur. De toute manière, les grands pourris de ce monde, comme dans “1984”, ont toujours été des 2 bords à la fois. Capitalistes et communistes. J’ai commencé à comprendre depuis quelques temps que ce ne sont pas des idéologies qui nous ont asservies, ce sont des psychopathes. Et ce sont eux qui ont créé divers “systèmes” pour le faire.

  • V_Parlier , 12 septembre 2015 @ 13 h 45 min

    Voilà qui nous change de certains billets un peu trop néolibéraux à mon goût qu’on peut trouver sur NDF ;-)
    A ceci j’ajouterai que les pseudo-gouvernements européens (qu’on pourraitt désigner par le terme “les gouverneurs locaux des provinces de l’UE), France en tête, s’obstinent à soutenir à la fois ce mondialisme néolibéral et cette prétendue justice sociale de bisounours (la “social-démocratie”) où leur seule marge de manœuvre est la redistribution et… les gadgets sociétaux. Même de nombreux activistes de gauche, qui ont au moins le mérite d’être honnêtes avec leurs principes (sans qu’on soit forcément d’accord avec eux sur tout) commencent à déchanter sérieusement, la gauche caviar française au pouvoir étant finalement une des pires et des plus hypocrites du monde. J’ai plus de respect pour Chavez, et même pour les castristes assagis, que pour ces gens là.

  • ydau , 13 septembre 2015 @ 8 h 11 min

    Comme l’a bien ressenti V-Parlier, cet article fait semblant de parler de l’économie de marché mondialisée pour la critiquer. Mais en fait il ne parle que de la version socialisée de l’économie de marché, celle du copinage et de la filouterie, ou les rapports de force (merci la lutte des classes) ont remplacé la contractualisation libre entre des hommes libres. L’auteur déplore que le marché ne crée pas assez de régulation, quel aveu! Le marché libre ne crée pas de régulation, il ne fait qu’aglomérer toutes les transactions économiques (comme le big data qu’on découvre à peine). Etc… Donc un article bien mainstream, bien socialiste (ou néolibéral comme ils préfèrent s’autodésigner), et pas étonnant qu’il plaise aux adorateurs de Chavèz!

  • sergeG , 13 septembre 2015 @ 8 h 14 min

    Bonne analyse que je partage. Nos politiciens nous proposent de choisir entre la dictature du prolétariat et la dictature des marchés. Dans les faits nous bénéficions des deux dictatures qui s’entendent comme larrons en foires. L’actualité confirme que nos politiciens, sélectionnés par l’oligarchie financière mondialisée ont pour mission de créer le chaos et de supprimer les états nations pour mettre en pratique la fable de la Fontaine : l’âne et les trois voleurs. Pendants que les populations s’entre déchirent les manipulateurs se servent !!

  • V_Parlier , 13 septembre 2015 @ 22 h 51 min

    Hmm… je ne suis pas sûr que çà corresponde exactement à ce que j’ai écrit. Mais bon, c’est votre point de vue.

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