“Le Nouvel Obs” s’intéresse au sécessionnisme semi-oligarchique et hyper-progressiste

L’article est à lire ici.

Nos sociétés étant tiraillées entre deux camps (celui du progrès et de la déconstruction/dissolution des identités VS celui des valeurs et du respect/de la préservation des identités) avec, entre les deux, des États lourds qui penchent globalement pour le premier, mais pas assez – en intensité comme en rapidité – à ses yeux, il n’est pas illogique que la tentation sécessionniste se manifeste en face aussi. L’exemple du “mariage” homosexuel est parfait pour expliquer ce phénomène : aujourd’hui, aussi bien les conservateurs que les progressistes ne sont pas à l’aise, les premiers parce qu’ils n’admettrons jamais cette aberration et la surreprésensation de l’homosexualité, les seconds parce que la PMA, la GPA et le reste n’ont toujours pas été légalisés et que la société et les institutions restent, de leur point de vue, “hétéronormées”, n’évoluent pas assez vite… C’est d’autant plus vrai pour les franges radicales/militantes des deux camps, pour qui la situation actuelle est quasiment insupportable, même si les conservateurs disposent d’un avantage indéniable : certains d’entre eux ont la foi et, plus globalement, leur système de valeurs n’empêche pas de croire, bien au contraire, ce qui préserve d’explosions de violences.

Avec le sécessionnisme semi-oligarchique et hyper-progressiste décrit par Le Nouvel Obs, on est loin de l’ébauche de projet que j’avais tenté de décrire sur Nouvelles de France :

> le projet hyper-progressiste fait table rase tout court, tandis que le projet enraciné se contente de faire table rase de la table rase et de prendre les mesures nécessaires pour qu’il n’y ait aucun nouveau risque de table rase. Le premier est utopique en théorie car idéologique, le second est utopique en pratique et théoriquement anti-idéologique (les dérives sont toutefois possibles, la faute à la nature humaine).

> le premier n’existe que parce que les États et les sociétés ne respecteraient pas suffisamment ce que ses promoteurs appellent le sens de l’Histoire, le second est défendu par des personnes qui ne croient pas à cette notion mais voient dans l’Histoire un moyen de comprendre et défendre leur(s) identité(s), s’immuniser contre l’idéologie et éviter de commettre les erreurs des anciens tout en profitant de leurs savoirs, découvertes (ce qui permet le vrai progrès).

Mais, outre l’aspect contextuel brièvement rappelé supra, les deux sécessionnismes se rejoignent sur d’autres points :

> méfiance/hostilité envers l’État et la fiscalité délirante que nous subissons dans presque tous les pays développés

> méfiance/hostilité envers les mesures sécuritaires et liberticides de ces dernières années

> méfiance/hostilité envers la démocratie, incompatible avec la sauvegarde des libertés. Pour l’ébauche de projet enraciné, j’avais suggéré la possibilité d’une citoyenneté contractuelle. Concrètement, cela signifie que préconiser publiquement une idée ouvertement non-conforme à sa constitution entraînerait l’exclusion physique (nous sommes des gens civilisés, il y aurait donc rachat de la parcelle ou du bien immobilier au prix du marché, etc.), une fois son expression réitérée, de l’entité. Cela nous préserverait à jamais de la gauche (histoire de ne pas nous retrouver dans le cas d’Israël, État juif forcé d’accueillir une gay pride chaque année à Tel-Aviv) et la démocratie serait possible, mais limitée au respect de la loi fondamentale, de droite. L’appartenance serait donc conditionné à l’héritage (et au mérite) mais aussi à l’adhésion à un projet, la deuxième condition étant indispensable si nous souhaitons conserver le caractère démocratique de l’entité sans connaître les dérives contemporaines que subissent les pays qui conditionnent l’appartenance à l’héritage et au mérite. La double nationalité serait donc obligatoire car il n’est pas possible d’exclure un national s’il ne dispose pas d’une autre nationalité donc d’un pays pouvant l’accueillir.

Les deux projets devraient donc rencontrer de fortes oppositions à leur émergence. Les deux seront considérés comme déserteurs par leurs camps réciproques et surtout, l’émergence de l’un comme de l’autre mettront fin à des utopies : restauration de la chrétienté sur des terres qui ne sont plus chrétiennes d’un côté, multiculturalisme et progressisme universaliste de l’autre. De là à y voir de potentielles alliances de circonstance, entre libertariens…

Reste que :

> les projets oligarchiques devraient aboutir avant les projets enracinés, du fait des moyens de leurs financiers et parce que ceux-ci sont moins ambitieux et se contenteraient d’îles flottantes dans les eaux internationales quand les autres impliquent de trouver une terre et concernent sans doute plus de monde. Il n’est pas illogique que ceux qui veulent changer la société soient plus impatients que ceux qui croient trop souvent vouloir la conserver, par souci de se percevoir comme modéré, par mauvais diagnostic de son état, etc.. Ce n’est pas dramatique car les premiers à se lancer prendront des coups mais si nous ne commençons pas à nous organiser, le peuple conservateur d’Occident sera le seul à ne pas pouvoir se déterminer. Affaire à suivre…

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16 Comments

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  • pas dupe , 14 avril 2014 @ 9 h 00 min

    > méfiance/hostilité envers l’État et la fiscalité délirante que nous subissons dans presque tous les pays développés

    Méfiance, il se peut, c’est grandement mérité, mais hostilité il y a bien davantage de raisons de l’être !!!

    Dernière trouvaille !

    Electricité : vers une hausse rétroactive des tarifs
    http://www.atlantico.fr/pepites/electricite-vers-hausse-retroactive-tarifs-1028333.html#1wMbRwYsFJswr7cS.99

    Notez, la rétroactivité est un mot que les socialistes aiment bien, il y a peu, il était question de rétroactivité sur les “Cotisations sociales : le gouvernement veut une rétroactivité du calcul sur l’assurance-vie, le PEL et le PEA”

    Donc, Français, à vos poches ! C’est la liberté de concurrence !
    Mais il n’y a pas de concurrence entre les comptes dans les paradis fiscaux que Cazeneuve a refusé de contrôler, et pour cause, malgré un article dans la presse désignant “466 députés et 30 ministres” et les vôtres…. !

  • pas dupe , 14 avril 2014 @ 10 h 24 min

    Pendant que les USA et l’UE ont déstabilisé l’Ukraine…

    Le gouvernement allemand envisage un important réarmement militaire
    https://www.wsws.org/fr/articles/2014/avr2014/alle-a12.shtml

    Qui nie que l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement !!!!

  • Pas dupe , 14 avril 2014 @ 11 h 19 min

    Cela se précise ! Bientôt plus de SMIC ???

    “François Hollande reçoit à déjeuner trois économistes qui plaident pour la fin du SMIC”

    “Les trois économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette, et Elie Cohen, récents auteurs de l’ouvrage Changer de modèle, de nouvelles idées pour une nouvelle croissance (éditions Odile Jacob), très critique contre la politique économique conduite par François Hollande depuis 2012, vont en tout cas aller lui glisser leurs conseils sur la manière de réformer la France, mardi 15 avril.”

    http://lelab.europe1.fr/Francois-Hollande-recoit-a-dejeuner-trois-economistes-qui-plaident-pour-la-fin-du-SMIC-14021

  • Eric Martin , 14 avril 2014 @ 13 h 06 min

    On en a déjà parlé là et, pour le coup, les socialos n’y sont pour rien :

    http://www.ndf.fr/nos-breves/31-03-2014/electricite-hausse-retroactive-des-tarifs-reglementes-en-vue#.U0vBEuZ_tZk

    Merci de rester dans la thématique abordée par le papier svp.

  • patrick Canonges , 14 avril 2014 @ 14 h 13 min

    Les libertariens vont jusqu’au bout de la logique libérale-libertaire. Margaret Thatcher, qui, Dieu merci, n’était pas allé aussi loin, disait « La société n’existe pas, il n’y a que des individus ». Louis Dumont a théorisé les deux grandes tentations qui travaillent les sociétés de notre civilisation judéo-grecque. L’individualisme dont nous venons de parler (que je considère issu du gnosticisme) et le holisme (que je pense héritier du nazôréisme) qui, lui, considère que l’individu n’existe pas et qu’il n’y que des sociétés. Un bon exemple en est bien sûr la civilisation islamique.
    Entre les deux il y a tout une série de courants qui, depuis deux siècles, croient en la nécessité de protéger les libertés tout en maintenant la consistance d’une société civile. Et là, tout le problème est dans le curseur. Les courants de droite ou de gauche libérales penchent vers un maximum de liberté, sur le plan économique (droite) ou sociétale (gauche) et les tendances de droite ou de gauche holistes promeuvent un maximum de protection par le respect des traditions (droite) ou par le totalitarisme de l’Etat (gauche.
    Le prisme politique de nos sociétés joue sur les multiples combinaisons et extrêmisations de ces différentes composantes élémentaires.

  • V_Parlier , 14 avril 2014 @ 15 h 30 min

    Vous me donnez l’occasion de poster un lien à propos de ce qu’on nous a expliqué, chez nous, de façon très vague et malhonnête (mais est-ce encore utile de le préciser): http://www.youtube.com/watch?v=P21iV4xpsIw

    Mais pour revenir à l’Allemagne, on ne sait pas encore de quel “côté” seront les allemands cette fois. Il ne faut pas forcément voir toujours les mêmes méchants aux mêmes endroits, même si actuellement la géopolitique à long terme de l’Allemagne reste incertaine. Trop tôt pour conclure.

  • V_Parlier , 14 avril 2014 @ 15 h 35 min

    C’est d’ailleurs pour cela que l’échiquier politique de nombreux pays (hors UE et USA) comporte parfois une grille en “deux dimensions” où il est possible de combiner indépendamment: Un axe conservateur-libertaire et un axe libéralisme-étatisme. On pourrait même ajouter d’autres dimensions si on fait dans le détail. Mais en France, si les curseurs ne sont pas attachés ensemble c’est immédiatement considéré comme du “populisme”.

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