Le patriotisme, réponse au fanatisme

Le terrorisme islamiste a encore frappé, cette fois à Tunis, dans le seul pays arabe qui semblait revivre après le rêve du Printemps et le cauchemar de l’islamisme et bâtir une démocratie. C’est un classique de l’horreur. Le monstre était endormi. Son réveil d’un sommeil séculaire lui fait répandre la terreur. Ce scénario auquel nous sommes habitués par la littérature et le cinéma se déroule aujourd’hui dans le monde réel qu’il remplit de ses carnages. Ce monstre est l’islamisme. Il a déjà déployé ses ailes dans le monde musulman. Il n’est pas ce monde, mais il en fait partie depuis la nuit des temps, et on l’a réveillé. L’islam n’est pas une religion pacifique. La conquête, la soumission des ennemis, l’esclavage, l’inégalité des sexes ne lui sont pas étrangers. Le châtiment sévère est un thème obsessionnel du Coran dont quelques passages sont véhéments à l’encontre des Chrétiens et des Juifs, et l’ensemble vindicatif pour les « associateurs », c’est-à-dire les polythéistes, qui associent des dieux secondaires à Allah. Il n’est pas sûr que les Chrétiens trinitaires en soient exclus. La neuvième sourate est explicite : » Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. » A certains moments de l’Histoire, ces thèmes se sont affaiblis, notamment lorsque l’éternité incréée du Coran s’est estompée et que son interprétation a été admise. Les Mutazilites qui ont influencé certains califes abbassides sont allés dans ce sens. A d’autres, au contraire, le retour à la lettre et à certains exemples fournis à la naissance de l’islam, au travers du Hadith, a conduit à un fanatisme sanguinaire. La splendeur des Omeyyades ou des Abbassides sunnites, pas plus que celle des Fatimides chiites, n’ont empêché le retour de sectes violentes. Le troisième parti qui est resté en dehors de la querelle entre Ali et Uthman, à l’origine de l’opposition entre Chiites et Sunnites, est le Kharijisme. Ce puritanisme exacerbé a été en rébellion armée contre les califes et a mis à feu et à sang une partie de l’Irak actuel. Divisé en branches extrémistes ou modérées par la suite, ce mouvement a notamment été représenté par les Azraqites. Certaines de leurs pratiques évoquent les cruautés commises par l’Etat islamique : « l’épreuve » qui consistait à exiger qu’une recrue égorgeât un prisonnier ou la « démonstration » qui justifiait le massacre de tous les ennemis, femmes et enfants compris. Toutefois, la lapidation des femmes était exclue, et les Chrétiens, semble-t-il, respectés contrairement aux Musulmans infidèles.

Lorsque les Américains ont soutenu la résistance afghane contre l’URSS, leur stratégie victorieuse a commis deux fautes malheureusement courantes dans l’Histoire des Etats-Unis. D’abord, on néglige le détail. Tous les moyens sont bons : argent saoudien, services secrets pakistanais, combattants arabes venus faire le Djhad dans un pays tribal, musulman certes, mais qui n’était ni arabe, ni prosélyte, seulement archaïque. Les Tadjiks de Massoud voulaient retrouver leur autonomie au fond de leurs vallées. Les Pachtounes majoritaires voulaient dominer le pays, les Hazaras préserver leur identité chiite et « mongole ». Il fallait donc assurer minutieusement l’atterrissage après le départ des Russes, en éloignant les étrangers et en rétablissant une monarchie capable de cimenter en apparence la mosaïque. Comme d’habitude, comme au Viet-Nam, comme en Somalie, comme en Irak, les Américains sont partis avant d’avoir terminé le travail, poussés par une opinion publique versatile. La France de Sarkozy, entiché du modèle américain, a fait pire en Libye. Une vaste zone dénuée d’Etat et parcourue par des bandes de guerriers habitués à la guerre civile devient alors une base du terrorisme international. A partir de l’Afghanistan, le foyer d’origine a poussé ses métastases. Chaque nouvelle infection irradie à sa périphérie. La Tunisie subit aujourd’hui les conséquence de la chienlit installée en Libye.

Deux faits actuels fournissent les éléments d’une solution. Les islamistes s’attaquent aux symboles de la culture préislamique. Les Tunisiens font face au terrorisme en chantant leur hymne national. En Irak, l’ancienne Mésopotamie, en Tunisie où Carthage fut la rivale de Rome, dans la Syrie à l’histoire si brillante, et dans l’Egypte éternelle, le patriotisme doit remettre la religion à sa place. Les Américains ont fait le choix inverse car ils n’acceptent qu’un patriotisme, le leur, qu’ils saupoudrent d’une religiosité décorative et tolérante. Ils préfèrent donc les communautés religieuses aux nations indépendantes. Le Christianisme, en revanche, accepte facilement que le spirituel inspire le temporel mais ne le remplace pas. Jean-Paul II avait incarné cette unité profonde de la spiritualité universelle catholique et de l’identité polonaise. Il faut que, dans son évolution, la religion musulmane trouve aussi cet équilibre. Ce n’est pas un objectif facile à atteindre, mais l’Histoire de l’Islam, la spécificité de l’Iran perse, par exemple, montre que ce n’est pas impossible.

Related Articles

9 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • ranguin , 20 mars 2015 @ 9 h 09 min

    Doux angélisme de l’étude.

  • jsg , 20 mars 2015 @ 10 h 59 min

    Dans le monde entier, l’Islam interprétable dans ses sourates qui peuvent encourager la haine, est une plaie qu’il fait interdire en l’état.
    On ne lutte pas contre des armes à feu dans les mains de débiles profonds, avec des fleurs et des pleurnicheries.
    Il faut considérer le Coran interprétable comme une arme de destruction dans les pays de culture chrétienne, et exiger qu’il soit modifié, faute de quoi on n’en sortira pas, sauf par les armes.

  • Goupille , 20 mars 2015 @ 21 h 18 min

    “La conquête, la soumission des ennemis, l’esclavage, l’inégalité des sexes ne lui sont pas étrangers.”

    Ils lui sont consubstantiels… Inscrits dans le Coran, lequel est “authentifié” par les Hadiths, dont des oulemas d’Al Azhar viennent d’admettre qu’ils sont faux à 75%, minimum…
    Cela bouge surement dans quelques têtes. Mais, combien de siècles leur faudra-t-il pour discuter tout cela ? Combien de temps pour le faire admettre à la multitude, entre autres ces masses incultes et fanatisées que l’on voit manifester, folles de haine, au Pakistan ? Combien de “chercheurs” auront-ils le courage d’affronter les accusations d’être renégats, et les fatwahs subséquentes ?
    Quant à en arriver à deux notions totalement étrangères, au point qu’il n’y a pas de mot pour les nommer, mais des périphrases : laïcité et tolérance… Ce seront quelques siècles supplémentaires.

    “Les Tunisiens font face au terrorisme en chantant leur hymne national.”

    Vue la video des parlementaires tunisiens chantant l’hymne national dans l’escalier… Une vingtaine d’hommes, six femmes, dont cinq voilées. Ce qui aurait été impensable du temps de Bourguiba et sans doute encore de Al Sissi.
    L’islamisme a tellement massacré depuis deux ans qu’il est désormais dans les têtes, ne serait-ce que comme assurance-vie.

  • Goupille , 20 mars 2015 @ 21 h 22 min

    Erreur : ce n’est pas Al Sissi (actuel Egyptien), mais l’ancien “dictateur” déposé, dont j’ai oublié le nom, et la flemme d’aller le chercher…

  • Laurent , 20 mars 2015 @ 22 h 07 min

    Ben Ali ?

  • Pascal , 21 mars 2015 @ 10 h 06 min

    « La conquête, la soumission des ennemis, l’esclavage, l’inégalité des sexes ne lui sont pas étrangers. » (Christian Vanneste à propos de l’islam)

    C’est ce qu’on appelle un euphémisme.

    « Les Américains ont fait le choix inverse car ils n’acceptent qu’un patriotisme, le leur, qu’ils saupoudrent d’une religiosité décorative et tolérante. » (Christian Vanneste)

    C’est exactement le nœud du problème. Notre victoire contre le califat par l’exportation du Cri de Valmy (l’idée de Nation) au bout de de 13 siècles de plus ou moins vaines batailles a été torpillée par l’Oncle Sam parce que les Ricains n’acceptent en effet que leur propre patriotisme. Alliés avec l’islam ils ont combattu le nationalisme arabe, ultime tentative des chrétiens d’Orient à travers les partis laïques, panarabes et progressistes pour devenir des citoyens à part entière.

  • chabanu , 22 mars 2015 @ 9 h 11 min

    Ce n’est pas la Tunisie que ces terroristes islamistes musulmans ont cherché à toucher, mais bien l’occident et les occidentaux, non ? Ou alors, je n’ai rien compris !

Comments are closed.