Enseignement : que l’idéologie laisse la place au bon sens !

La France a un immense besoin de réformes dans le domaine économique et social. Le pouvoir se contente de réformettes qui témoignent de son manque de courage et privilégie les terrains d’action où la confrontation entre la réalité et l’idéologie atteint son paroxysme. Ainsi, le conflit s’installe au sujet de la réforme du collège. Tout part du constat sur lequel il y a consensus : la formation initiale en France est en recul. Les comparaisons effectuées dans le cadre des enquêtes Pisa sont alarmantes. Aussi bien pour l’apprentissage de la langue que pour les mathématiques, les performances des élèves finlandais ou asiatiques sont très supérieures à celles des Français. Lors des dernières évaluations, elle reculait de la 22e à la 25e place en mathématiques et se situait au mieux à la 21e place pour la lecture et à la 26e pour les sciences. La réponse politique qui est proposée depuis cette prise de conscience par les Ministres de « droite » et de gauche s’inspire de modèles étrangers comme l’Allemagne pour Luc Chatel et sans doute la Finlande pour les propositions plus récentes. On remarquera que les Ministres en question n’ont ni la compétence ni l’expérience du monde éducatif. Aussi, font-ils un curieux mélange de recettes et d’idéologie, le dosage entre l’une et l’autre variant entre la « droite » et la gauche. L’Allemagne est économiquement plus efficace. Imitons l’Allemagne ! Mais la Finlande est beaucoup mieux classée dans les enquêtes. Imitons la Finlande ! En fait, l’Allemagne jouit d’une relation plus solide et cohérente entre l’école et l’entreprise. Depuis des années, la France évoque le développement de l’apprentissage comme voie de la réussite et non de l’échec, sans avoir la volonté de l’imposer tant les résistances du système et des mentalités sont fortes. La difficulté de lier l’école au monde du travail et le rêve de former des républicains humanistes, plutôt socialistes, sachant lire, écrire et compter de manière égalitaire se liguent pour privilégier l’amélioration moyenne du niveau et écarter toute spécialisation ou orientation précoce.

Le débat se concentre donc sur des thèmes idéologiques. Lorsque le Premier Ministre vole au secours de sa ministre qui se dit attaquée par de « pseudo-intellectuels », il désigne l’objectif : édifier un « rempart contre la reproduction sociale ». L’emprunt du concept de Bourdieu signale son origine idéologique. La formulation elle-même révèle l’enlisement de la pensée dans la lutte des classes. Au lieu de parler positivement « d’élitisme pour tous », il s’agit surtout de déposséder les héritiers, sans être sûr que leur héritage au lieu d’être mieux réparti ne disparaisse dans l’opération. De manière confuse, c’est la contradiction habituelle de la pensée gauchiste, hélas dominante dans notre pays, entre le respect des différences et de la diversité, et l’obsession de l’égalité. Le Plan Langevin-Wallon concocté dans l’ambiance marquée par l’emprise de la pensée marxiste sur notre pays aux lendemains de la guerre n’a cessé de peser sur toutes les réformes de l’enseignement. La réforme Haby sous Giscard introduisant le tronc commun dans un collège désormais unique en est l’illustration. Aujourd’hui encore, il s’agit de supprimer les voies qui permettaient aux parents informés de contourner ce nivellement stérile. Le renforcement de la carte scolaire, la suppression des classes « bilangues », la tentative de faire disparaître le latin et le grec vont dans ce sens. Et le gauchiste institutionnel de service, Mélenchon ne manque pas de stigmatiser la création de 8 modules d’Enseignement Pratique Interdisciplinaire, censés favoriser la souplesse de la diversité avec l’efficacité pédagogique du travail en groupe, comme source de nouvelles inégalités.

Les moyens de l’éducation ne sont pas une garantie du résultat. La France dépense plus que la Finlande, les Etats-Unis aussi pour des résultats médiocres. La population scolaire est très différente d’un pays à l’autre, la mentalité dominante aussi. La Finlande personnalise au maximum la formation des jeunes d’un pays doté d’une forte cohésion sociale et qui connaît une immigration faible (2%), russe notamment. Les pays asiatiques imposent à leurs élèves une contrainte sociale relayée par des familles exigeantes. La France présente une silhouette très différente, avec une immigration importante souvent concentrée sur certaines zones géographiques, et issue de cultures éloignées et parfois rétives à nos traditions. Le délabrement du modèle familial influe négativement sur les performances scolaires. Le poids d’une administration centrale trop importante impose des réformes nationales teintées d’idéologie et mises en oeuvre dans un cadre marqué par le pouvoir des syndicats ou associations souvent politisés, aussi bien chez les enseignants que chez les parents.

Si un gouvernement avait le courage de passer outre, et là encore, le référendum d’initiative populaire serait un bon vecteur, le bon sens et un peu d’empirisme rationalisé lui inspireraient les réformes suivantes. Pour donner de la souplesse au système, il faut décentraliser celui-ci. Un ministère est-il nécessaire quand les Régions pourraient prendre en charge toute la formation en donnant le maximum d’autonomie aux établissements ? Les moyens libérés en haut pourraient plus utilement être utilisés en bas. La loi devrait se contenter d’imposer le nombre de jours et d’heures d’enseignement, afin d’en finir avec notre année la plus courte faite de journées les plus longues, ainsi que les objectifs de la formation initiale auxquels devraient se conformer les programmes régionaux et leur mise en oeuvre par les établissements. On criera aussitôt à un libéralisme échevelé favorisant les inégalités. Il y a certes des inégalités sociales, mais contrairement à ce que pense la gauche sociologisante, ce ne sont pas les seules. Tous les élèves n’ont pas les mêmes aptitudes. Que l’école forme des élites est l’un de ses buts prioritaires. Que celles-ci soient formées à chaque génération par une sélection fondée sur la capacité et le mérite est un passage obligé. Il ne serait pas absurde que les aides éventuelles de l’Etat aux régions et aux établissements soient liées aux performances de l’ascenseur social ( pourcentage d’élèves issus de milieux défavorisés accédant à l’enseignement supérieur par concours) et à leurs capacités à insérer dans la vie professionnelle (pourcentage d’élèves accédant à l’emploi en fin de formation). Evidemment, de telles hypothèses réclament aussi une véritable révolution des mentalités, et une éradication de l’idéologie dominante.

Souplesse dans l’organisation, mais discipline dans le fonctionnement, diminution du rôle de l’Etat, limitation drastique de l’immigration afin de renforcer la cohésion sociale sont des exigences opposées aux tendances lourdes et suicidaires de notre pays.

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4 Comments

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  • nauticat , 21 mai 2015 @ 15 h 56 min

    bonjour ,si j’ose cette approximation: l’idéologie (socialiste ) par essence n’a pas de bon sens !

  • delaye , 22 mai 2015 @ 9 h 34 min

    La formation d’élites devrait être le souhait d’un enseignement valable. Les défavorisés qui le veulent ont toujours réussi à s’instruire, et la première des mesures à, prendre concerne, non le collège, mais le primaire, avec l’interdiction de la méthode globale, la pratique du calcul, mental en particulier, et celle du par coeur pour former la mémoire. Vouloir à toute force “amuser” pour apprendre ne favorise que le manque de courage, alors qu’il faut favoriser l’effort dont chaque enfant aura besoin sa vie durant. Il faut apprendre à aimer l’effort, qui est généralement la clef de la réussite.

  • A= Aristote , 22 mai 2015 @ 10 h 06 min

    L’orientation professionnelle est sans doute une bonne chose pour ceux qui n’ont pas d’autres possibilités, à condition de rendre aux métiers manuels leur dignité et des offres de promotion interne .
    Par ailleurs il est capital pour tout ceux qui en sont capables d’accéder à une haute culture classique qui est la base de notre civilisation et stimulante même pour les scientifiques ( cf. l’intervention de Laurent Lafforgue au Sénat) .
    A 200kms de chez moi , à Fribourg en Suisse , on commence le latin en 6ème , et en première année de Fac on “lit” Salluste : ce n’est pourtant pas un pays d’attardés , ni un pays économiquement faible .
    Quant à nos immigrés il faut savoir que beaucoup d’aspect de notre culture traditionnelle leur parle si elle leur est bien présentée . Il y a une forte dimension méditerranéenne dans la culture classique ( même à l’occasion de contacts violents comme La guerre de Jugurtha) .

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