La «phobie» des réformes structurelles!

Tribune libre de Christian Vanneste*

S’il fallait réécrire Le Mal français que son auteur, Alain Peyrefitte, avait désigné comme la société de méfiance, incapable d’affronter le grand large de la compétition internationale, il faudrait employer systématiquement le pluriel : la France se méfie de tout, de son passé, de son avenir, des réformes, par-dessus tout. La France classique, disant beaucoup en peu de mots, pensant clairement, bâtissant avec ordre et élégance, réformant méthodiquement mais fermement, affrontant avec courage le monde entier au besoin, est devenue une société byzantine où des élites formées par un enseignement suicidaire, ressassent les idées creuses et les formules compliquées qui justifient leur impuissance ou leur nocivité. Georges Pompidou avait écrit Le Nœud gordien. Le dernier grand Président avait vu juste : il fallait trancher. On n’a pas dénoué. On a au contraire noué davantage avec le regard brillant du fort en thème ravi de son intelligence inutile.

Jean-François Copé affirme qu’il soutiendra les réformes structurelles du gouvernement si celui-ci a le courage de les entreprendre. Excellent ! Mais alors pourquoi ne pas les avoir réalisées pendant ces dix dernières années durant lesquelles son parti détenait le pouvoir ? Pourquoi le proposer alors que l’idéologie et le programme de la gauche s’y opposent « structurellement » ? Pourquoi les évoquer quand la direction prise à la suite du rapport de commande de M. Gallois, qui les légitime, annonce le recours à de nouvelles demi-mesures complexes ? Il faut prendre garde : notre pays béni des dieux a pris du retard, non seulement sur les courageux qui ont fait les réformes, il y a vingt ou trente ans, mais sur ceux qui les conduisent aujourd’hui à marches forcées. La dégradation du AAA français par Moody’s est claire : pendant des années, vous n’avez pas fait le nécessaire et maintenant vous ne faîtes pas le suffisant.

“Quand on est incapable de faire des réformes, on crée les conditions d’une Révolution, que j’espère encore conservatrice !”

La peur des réformes structurelles se nourrit de tous les intérêts catégoriels ligués contre le Bien Commun : syndicats, partis politiques et pouvoirs locaux, administration jalouse de son pouvoir, professions protégées. Le dernier mandat présidentiel aura poussé à son maximum le décalage entre le discours réformiste et la réalisation traditionnelle, à la française : demi-mesures, complexité, effets pervers et à l’arrivée, la victoire de la gauche qui détricote sans difficulté une politique sans résultat. Au lieu de l’abrogation des 35 heures, y compris dans les services publics (!), les heures supplémentaires. À la place de la suppression de l’ISF, un renforcement du bouclier fiscal. Non pas, comme annoncé, la fin de la « stupide » taxe professionnelle, mais un rabais, coûteux pour les finances publiques, compliqué, et pénalisant pour certaines entreprises, baptisé CTE. Enfin un hoquet législatif sur TVA qui ne risque plus d’être un choc de compétitivité lorsque nous serons les derniers  à augmenter le taux normal en baissant les charges ! Lovées au cœur de ces mesures, l’hydre des 2 600 seuils du code des impôts et l’obsession française de punir la réussite, de taxer deux fois, par exemple une entreprise, sur ses bénéfices et sur sa valeur ajoutée, deux monstres qui expliquent, entre autres, les délocalisations des activités, des talents et des fortunes.

Hélas, cette pathologie nationale ne sévit pas que dans l’économie. Le conseiller territorial, timide et hypocrite réforme sur la voie de la disparition des départements vient de succomber. Le salmigondis des modes de scrutin entre les élections nationales, locales et européennes a conduit logiquement au maintien du FN, et aujourd’hui sans doute à l’éclatement de l’UMP. La généralisation du scrutin uninominal aurait « sanctuarisé » le système bi-partisan et conduit à ce qu’une partie de l’UMP soit centriste et une autre très à droite. On se retrouve aujourd’hui avec à nouveau, l’UDI-UDF, l’UMP- RPR et le FN, en s’interdisant une alliance avec celui-ci et un risque de troisième force UDI-PS : Gribouille n’aurait pas mieux fait. Je pourrais encore allonger la liste avec la réforme pénitentiaire pleine de contradictions, les offensives suivies de retraites élastiques sur l’immigration, la nationalité ou l’identité. Mes interventions à l’Assemblée et mes propositions de loi ont scandé ma déception grandissante. Quand on est incapable de faire des réformes, on crée les conditions d’une Révolution, que j’espère encore conservatrice !

*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.

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7 Comments

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  • Gérard , 21 novembre 2012 @ 13 h 33 min

    Seule une Révolution nous sortira de là !
    Marre de tourner en rond depuis 50 ans avec des Régime de Dictature des Présidents qui ne pensent qu’à leur élection en comptant de plus en plus sur les étrangers…
    Marre des mesures sociales en faveur des inutiles qui ruinent l’économie du pays …
    Marre des magouilles politiques qui laissent de côté 17% des français …
    Marre du terrorisme intellectuel socialo communiste …
    Marre de voir la France en décadence sous la pression de l’Islam …

    J’en laisse pour les autres …

  • Gérard , 21 novembre 2012 @ 13 h 47 min

    Devant l’accumulation des Lois auxquelles on soumettait les français, Pompidou s’était écrie un jour :
    ” Mais quand donc va t-on cesser d’emmerder les français ? “

  • JSG , 21 novembre 2012 @ 14 h 44 min

    Sondage :
    Réponses :
    a: Quand les français ne se laisseront plus faire !
    b: Quand ils ne se laisseront plus marcher sur les pieds par des minorités arrogantes semeuses de troubles.
    c: Quand Sciences POTS redeviendra Sciences PO
    d: Quand, à nouveau ils sauront dire MERDE
    e: Quand les poules auront des dents.
    f: Quand les français se demanderont ce qu’ils peuvent faire pour leur pays au lieu de se demander ce que le pays doit faire pour eux.
    g: Quand surgira un grand bonhomme avec des étoiles au dessus de lui, qui saura les faire rêver.

    JSG

  • Goupille , 21 novembre 2012 @ 16 h 45 min

    Réponse f.
    Et quand ils se décideront à empoigner leur vie, et cesseront d’attendre que le maire, le député, Flamby, la Commission européenne, la BCE, le FMI, l’OMS, toutes instances non représentatives, leur apportent la solution miracle.

  • Ghalloun , 22 novembre 2012 @ 14 h 09 min

    M. Vanneste, si vous me lisez, je vous invite à réviser votre jugement sur le Front National. Il rassemble des gens très divers, qui ne sont pas tous, loin s’en faut, des racistes. Pour ma part, j’y ai adhéré il y a deux ans, à cause du discours contre l’euro et l’Europe bruxelloise de Marine Le Pen. Vous savez comme moi qu’il y a une vraie porosité entre une partie des électeurs UMP et des électeurs Front National. Comme manifestement, l’UMP est incapable de sortir d’une soumission idéologique à la gôche, et qu’en plus la direction est un panier de crabes arrivistes et opportunistes, le Front est le seul parti de droite qui peut renouveler le pays et le réformer. Ce qui unit le Front National, ce n’est pas le racisme, qu’on rencontre ça et là, mais bien l’amour de la France.

  • Gisèle , 23 novembre 2012 @ 9 h 19 min

    1789 est en train d’accoucher d’une fille . Et cette fille sera en tous points identique , en plus sournoise et perfide . Nous y sommes !
    Révisez votre histoire …. certains détails sont terribles surtout pour les Catholiques .

  • Quéribus , 23 novembre 2012 @ 11 h 35 min

    France, socialiste depuis des décennies, dans une Europe soviétiforme. Tout le monde – ou presque – y trouve son compte. Alors, que voulez-vous changer ? Changer de république ? Impensable because ce que je dis avant. Donc on continue jusqu’ à ce que le pays s’effondre…comme l’ URSS.

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