Élection présidentielle 2017 : la ridicule bousculade à gauche

Depuis des temps immémoriaux, la politique a toujours été le tremplin idéal pour des leaders exceptionnels ou des bouffons invraisemblables, les variations d’époques influant essentiellement sur la quantité des uns et des autres dans chacune des deux catégories. Apparemment, l’époque actuelle semble nettement favoriser les bouffons, ce qui ne rassure pas tant le pays est en proie à des changements profonds et des défis immenses.

Difficile en effet de ne pas compter dans les erreurs tragiques de l’électorat français celui qui tient l’actuel poste de Président de la République. En quatre très longues années d’un quinquennat difficile, il a largement montré qu’on pouvait très bien parvenir à ce poste en jouant la carte de l’élimination des adversaires plutôt que celle de l’amélioration personnelle, de la pertinence d’analyse politique ou celle de la volonté réformatrice.

hollande-XVITout montre à présent que le petit homme aura réussi son tour de force sans avoir le moins du monde réfléchi réellement au sort du pays qui lui était confié. La politique, pour François Hollande, aura bien avant tout consisté à œuvrer en coulisses pour dégommer ses opposants politiques et ses amis trop proches, tout en conservant un détachement presque parfait avec les affaires du pays dont il n’a en réalité absolument rien à faire. Reconnaissons tout de même au cuistre un talent de conspirateur puisqu’il a fort bien compris comment manipuler la presse et les médias en général. Il s’en est d’ailleurs ouvertement expliqué en avouantdistiller des « informations bidons » lorsqu’il en avait envie, histoire de semer le vent de la discorde dans les rangs de ses ennemis, fussent-ils de son propre camp.

Vent semé, tempête récoltée puisqu’à présent, plus personne ne semble faire corps derrière lui.

Les Français, d’abord, dont l’enthousiasme à son égard ne cesse de flancher (ces derniers n’accordent que 12% d’opinions favorables au chef de l’État). Là encore, la façon dont le Président gère les affaires du pays explique largement ce désamour : avec cette ingénuité que seuls les grands stratèges (qu’il n’est pas) et les imbéciles peuvent déployer, il a lui-même avoué avoir surtout misé sur la chance pour contrer le chômage, persuadé qu’il était que l’économie, joliment cyclique comme on le lui a enseigné jadis sur les bancs de l’ENA, allait se reprendre et qu’il bénéficierait, quasiment sans rien faire, de la naturelle reprise.

« Pas de bol » pour le tacticien d’opérette : la France, laissée en ruine par Sarkozy, ne se sera pas redressée et aura continué son trajet vers le fond, entraînant avec elle des millions de chômeur et, bien plus tristement pour le petit sire de l’Élysée, ses espoirs de « redresser » une courbe résolument déprimée.

Mais au-delà des Français, même les socialistes officiels l’abandonnent, ceux qui, normalement, auraient dû se retrouver derrière lui à le soutenir pour un second quinquennat plein de panache. Et voilà que se multiplient les candidatures à l’élection primaire du Parti Socialiste, avec cette dose massive de LOL qu’on devine déjà rien qu’en lisant la longue liste des (consternants) candidats. Alors que le Parti reste un blob mou toujours à la recherche d’une colonne vertébrale idéologique, ses penseurs les plus aiguisés se bousculent pour prendre la place du Calife : Hamon (inénarrable Ministre de l’Éducation Nationale pendant les vacances scolaires), Duflot (dont l’impact catastrophique sur l’immobilier français continue de prendre de l’ampleur), Lienemann (petit fossile socialiste) ou Filoche (gros paléo-communiste en errance), autant de noms qui prouvent que l’exercice présidentiel est maintenant ouvert à tout le monde et, surtout, à n’importe qui.

Décidément, en France, la période n’est pas à la découverte de leaders charismatiques, et seuls les parvenus aux dents longues se bousculent pour profiter, à leur tour, de la belle gamelle républicaine ; la liste des prétendants serait déjà suffisante pour amplement prouver le degré de « bouffonnitude » de la politique française, mais apparemment, certain n’entend pas s’arrêter là puisqu’Arnaud Montebourg s’est, lui aussi, lancé dans la course à l’échalote.

montebourg-rose

 

Le voilà qui nous propose donc un programme politique, une authentique collection de plaisanteries qu’il aura, comme jadis un autre parti (de sinistre mémoire) dans un autre pays, regroupé en 25 propositions et 4 chapitres. Cette bourde amusante (franchement, Nono, qui – à part des bouffons ou des incultes – ne connaît pas les 25 propositions du NSDAP ?) en dit déjà long sur le sérieux de la candidature de l’histrion qui avait prétendu lâcher la politique (comme Sarkozy en son temps – on en rit encore) lorsqu’il s’était fait jeter d’un gouvernement dans lequel il ne servait objectivement à rien.

Notez qu’on peut comprendre notre homme : peut-être ses affaires, basées avec lucidité sur un arbre à vent (produit idoine s’il en est pour notre avocat brasseur d’air), ne suffisent-elles pas à éponger quelques dettes accumulées depuis plusieurs années ?

En tout cas, voilà notre frétillant bâtonnier se lançant à l’assaut des sommets élyséens du haut d’un petit poney gonflé aux amphétamines : à peine lancé, paf, le voilà sur les sentiers de l’humour involontaire puisqu’Arnaud nous propose son site, hébergé aux Pays-Bas (patriotisme oblige ?), dont certaines pages, poussées à la va-vite par des équipes probablement sous-taillées, ont des URL (celle-ci, par exemple) qui sentent bon le bourrage rapide à base de Lorem Ipsum.

Quant aux propositions et sans plus s’intéresser à leur nombre (25, donc), convenons qu’il s’agit de la suite de la bonne blague socialiste qui dure depuis bien trop longtemps en France : interventionnisme massif et distributions tous azimuts d’argent des autres forment les deux grosses mamelles (ficelles ?) de ce programme qui n’a décidément rien de novateur. La fibre entrepreneuriale de Montebourg se lira dans ses quelques mesures à destination des PME, où, là encore, l’interventionnisme est de mise puisqu’il entend imposer que 80% des marchés publics soient directement dirigés vers les petites et moyennes entreprises françaises. De même, le fier bateleur propose la création d’un « État fort », à base de nationalisations, ce qui constitue un vrai bon gros retour en arrière (de 36 ans) avec les mêmes espoirs de réussite qu’à l’époque.

Bref, ce beau salmigondis de propositions déjà faites, déjà lues, déjà tentées, déjà foirées ne surprendra personne. En réalité, en présentant ainsi sa candidature à la Présidentielle (et en contournant aussi ouvertement les Primaires), le brave Arnaud espère surtout se refaire un nom en politique et, en gênant plus ou moins la candidature de Hollande, espère très probablement pouvoir se désister contre un poste important dans un futur gouvernement si, d’aventure, le président sortant était réélu.

Ce dernier pari est extrêmement risqué, mais il est à mettre en rapport avec les résultats plus que médiocre du politicien dans le monde réel, celui de l’entreprise où des performances et un certain talent sont attendus pour décrocher un poste et justifier un salaire. Le retour en politique du politicien malheureux en affaire n’est donc pas une surprise. Au passage, souhaitons donc une meilleure réussite à Fleur Pellerin, qui se lance elle aussi dans la création d’entreprise, ce qui nous mettra à l’abri, un temps au moins, de ses fulgurances politiciennes.

On le voit : le peuple français se cogne actuellement des brochettes entières d’incompétents vaseux, de roublards de la magouille politico-politicienne et rien ne semble vouloir changer le destin de ce pays qui se choisit comme chefs des dilettantes et des cyniques.

Ce pays est foutu.
Ce pays n’a pas de bol.

hollande-monsieur-pas-de-bol

> H16 anime le blog Hashtable.

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10 Comments

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  • Charles , 25 août 2016 @ 8 h 22 min

    Il est très interessant de faire une comparaison avec la campagne américaine.
    ici, vous avez un extrait vidéo sidérant de Trump qui explique clairement aux électeurs noirs qu’ils n’ont rien à perdre à voter pour lui. le vote noir sera décisif en novembre.
    Ensuite, un analyste américain noir (Ernie White) fait la synthèse claire et brillante
    de la situation en expliquant bien que Trump , c’est Trump,.
    Il n’est ni démocrate ni républicain, il est Trump.
    Pour les américains pauvres, le candidat milliardaire
    est la seule chance de vrai changement.
    NB-j’aurai pu faire une synthèse de la campagne US, pour NDF, mais j’ai plusieurs fois proposé un article à Eric Martin et je n’ai jamais eu de réponse.
    Un article de fond prend du temps , donc il est absurde de se lancer sans un accord de principe. En tout cas, en visionnant cette vidéo venant de RT, vous avez un angle original.

    https://www.youtube.com/watch?v=pMrtZi_cMTk

  • Charles , 25 août 2016 @ 8 h 28 min

    Visionnez l’intervention brillante de Nigel Farage face aux électeurs de Trump.
    Il fait passer un message très clair à partir de son expérience du Brexit.
    Le Brexit a gagné en Juin simplement parce que les gens pauvres
    se sont levés et se sont décidés à aller voter pour sauver leur pays.

    https://www.rt.com/usa/357078-nigel-farage-trump-brexit-mississippi/

  • Lilou35 , 25 août 2016 @ 8 h 46 min

    Islamisme = Nazisme
    Socialo-Collabo idem qu’en 40

  • Guillaume , 25 août 2016 @ 9 h 29 min

    Louis XX rappelle à la France ,
    que la royauté peut lui redonner sa place !

    http://www.bvoltaire.fr/florisdebonneville/louis-xx-rappelle-a-france-royaute-lui-redonner-place,221749

  • Charles , 25 août 2016 @ 10 h 26 min

    H16, un grand merci pour votre excellente synthèse.
    C’est toujours un vrai plaisir de vous lire sur la Bouffonitude en fronce.
    pourtant, le fond constructif des français est toujours là,
    il manque simplement l’étincelle.
    A notre décharge, il faut bien comprendre que nous avons été assujettis à une formidable entreprise de manipulation tout Azimut depuis 50 ans (1966/2016).
    A la charge d’ un grand nombre de naïfs indécrottables, ceux ci refusent
    d’ouvrir leur PC pour aller à la pêche aux informations et aux révélations sur notre passé.
    Quand je discute avec des proches, je suis souvent sidéré de l’ignorance du réel.
    Le prêt à penser domine en continu car écrit par TF1 & France 2

  • Tonio , 25 août 2016 @ 18 h 31 min

    Le raisonnement de Montebourg est très simple, en somme: “Si ce pauvre Hollande a pu se faire élire, il n’y a aucune raison que je puisse pas y réussir; et d’ailleurs je lui suis bien supérieur.”

    C’est ainsi que se forgent les vaines ambitions de nos grands prétentieux; Montebourg, ce n’est qu’un de plus…

  • Tite , 26 août 2016 @ 12 h 33 min

    Pas d’accord pour la caricature Hollandouille en Louis XV ou XVI.
    Je proteste !

    Si c’est en référence à Louis XV : “Après moi le déluge”… il voyait les catastrophes arriver dans le royaume mais, il semble que ce soit plutôt Mme de Pompadour qui l’ait dit…

    Si c’est en référence à Louis XVI : jusqu’à présent, AUCUN PRÉSIDENT DE LA 5ème RÉPUBLIQUE, ni des autres d’ailleurs, ne lui arrive intellectuellement et moralement à la cheville !! C’était un homme d’une grande érudition et d’une grande intelligence… Le “roman révolutionnaire” avait intérêt à le faire passer pour un crétin.

    De plus, un révolutionnaire – Manuel -, qui avait pu approcher de près le roi et se faire ainsi une idée précise à son sujet, avait déclaré quant à lui : «Si Louis XVI subit son jugement, comme il n’est plus possible d’en douter… la mort de Louis XVI sera la mort d’un saint.» Pour avoir dit cela, il fut guillotiné.

    H16, intoxiqué par la doxa républicaine ?… Honte à vous ! Difficile donc, de vous prendre au sérieux.

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