Affaire des jupes : l’islam met-il en danger les libertés individuelles ?

Le 13 juillet, dans un marché de la ville de Safi, Alessandra qui fêtera son 14ème anniversaire le 27 août prochain, a été prise à partie par la foule à cause de son short. Accompagnée de sa mère avec laquelle elle était en train de se promener au souk, elle a été rappelée à l’ordre par les passants pour sa tenue vestimentaire jugée “trop courte”.

Cet incident avait eu lieu vers 23 heures, à Hay Rbat, l’une des principales artères de la ville de Safi qui abrite des dizaines de commerces. Alessandra, qui vit en Italie et ne rentre au Maroc que pour les vacances, ne comprenait pas la darija. Sa maman a préféré faire la sourde oreille aux agressions verbales et essayé de gérer la situation comme elle le pouvait.

Plus le temps passait, plus la situation devenait compliquée. Les mots déplacés bondissaient de toutes parts. “Vous feriez mieux de la dénuder”, avait lancé une femme qui s’est mêlée à cette cabale contre la fillette de 13 ans. Craignant que ça s’empirait encore plus et pour échapper à une vindicte d’un autre âge, les deux ont pris la décision de quitter les lieux.

Quelques jours avant, un scénario similaire avait eu lieu cette fois-ci à Inezgane (près d’Agadir, dans le sud-ouest du Maroc). Deux jeunes femmes ont été encerclées au souk par une foule à cause de leur tenue jugée “contraire aux bonnes mœurs”. Des manifestants ont appelé la police judiciaire qui n’a pas tardé à les arrêter.

Le procureur avait décidé de poursuivre les deux jeunes femmes, âgées de 23 et 19 ans et coiffeuses de profession, pour “outrage public à la pudeur”. Selon l’article 483 du Code pénal, cette infraction est punie “de l’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 120 à 500 dirhams”.

La même ville était jeudi 25 juin le théâtre d’une nouvelle histoire s’inscrivant dans le même registre. Pour s’être baladée les cheveux découverts, la journaliste marocaine Hanane Kahmou a été victime de jets de tomates au souk d’Inezgane. Sans parler bien sûr des insultes et des commentaires déplacés.

Ces controverses interviennent dans le sillage d’une série de polémiques sur les mœurs au Maroc. Ces scénarios d’un autre âge ne sont visiblement pas près de se terminer. Le diktat des foules qui se dressent en gardiennes de la morale n’est pas prompt à se calmer et des scénarios de la sorte feront sans doute la UNE de nos journaux encore et encore.

Interrogé sur cette radicalisation de la société marocaine, le penseur musulman Kamal Znidar a tenu à défendre la position de l’islam sur le port du voile islamique (hijab). Selon lui, “l’islam est une religion qui dénonce et interdit toutes sortes de contraintes religieuses. La femme est libre dans son choix. Elle a le droit d’accepter le hijab comme mode vestimentaire, comme elle a tout le droit de le refuser ou le retirer”.

“Recommander aux femmes de s’habiller conformément aux préceptes moraux de l’islam est certes une obligation pour chaque musulman, mais avec prise en considération qu’il est strictement interdit de forcer ces femmes à porter le hijab”, a estimé l’auteur du livre Islam : meilleure religion au monde.

“La contrainte religieuse va à l’encontre de l’esprit et l’essence de l’islam. La foi et le culte doivent être embrassés avec la volonté et la conscience libres. Ils n’ont une valeur que lorsqu’ils visent le contentement de Dieu et l’obtention de Son agrément”, a-t-il ajouté.

Après avoir pris la défense de sa religion (islam), Kamal Znidar s’est penché sur les controverses de Safi et Inezgane et a rappelé que “Ces scandales ne datent pas d’aujourd’hui” et qu’ils “sont l’effet-pervers de la montée des islamistes du Parti de la Justice et du Développement (PJD) au pouvoir”.

Selon lui, “La montée des islamistes du PJD au pouvoir a poussé des marocains à croire que le pays va devenir une nouvelle Arabie Saoudite ou un nouvel Afghanistan sous le règne des Talibans”. “En voyant le PJD triompher, ces gens ont cru que c’est fini l’ère des mini-jupes et des habits courts et serrés, et que le voile islamique va être imposé à toutes les femmes au Maroc”, a-t-il expliqué.

L’auteur du livre Islam : meilleure religion au monde a rappelé que “peu de mois après la victoire du PJD aux élections législatives de septembre 2011, une jeune femme portant jupe courte et débardeur avait été agressée mois de mai 2012 par des jets de pierres et battue, pas à des villes comme Safi et Inezgane, mais à Rabat, la capitale administrative, près du marché central”.

“Cet incident est survenu peu de temps après un appel lancé par le récitant du Coran et membre dirigeant du PJD, Abouzaid El Idrissi, à l’institution par le gouvernement d’Abdelilah Benkirane d’une journée de la chasteté et de la modestie, et a été le début d’une série de scénarios similaires qui ne se sont pas arrêtées jusqu’à aujourd’hui”, a-t-il ajouté.

Kamal Znidar trouve que “Ces scénarios nuisent à l’image du Maroc et aussi de l’islam qui commence à être de plus en plus perçu comme une menace aux libertés individuelles, et donnent raison à ces mouvements islamophobes qui manifestent pour des politiques qui protègent leur monde de ce jour dans lequel les musulmans vont devenir majoritaires”.

“Ça consolide les slogans mis à l’avant par la propagande islamophobe qui avancent que l’islam est une religion qui s’est répandue par l’épée et pas par le dialogue ni par la noblesse de ses valeurs. Et après, on se plaint de ce lien entre islam, incivisme et terrorisme !”, a-t-il déploré.

Rappelons que suite à l’incident de Rabat en 2012, le chef du gouvernement islamiste Abdelilah Benkirane avait déclaré : “Je crois en la liberté, Dieu nous a créés libres”. “Qui est Benkirane pour dire aux marocains de se raser la barbe ou pour imposer le hijab ? Les libertés individuelles sont sacrées et intangibles”, a-t-il ajouté… En vain !

Related Articles

24 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • xrayzoulou , 27 juillet 2015 @ 11 h 37 min

    leurs lois.

  • Centulle , 27 juillet 2015 @ 12 h 17 min

    Tout a fait d’accord avec vous. Je me suis souvent rendu compte que c’était des laiderons qui se camouflaient sous le voile.

  • DAISY , 27 juillet 2015 @ 12 h 28 min

    Personnellement, je ne vais plus dans les pays musulmans depuis 2005, car trop agressifs.
    En revanche, j’ai découvert l’Asie et j’y retourne tous les ans pour découvrir un nouveau pays à chaque fois.
    On vous laisse tranquille dans les rues, pas de mendicité et le bouddhisme est plus une philosophie de la vie qu’une religion.

  • Marino , 27 juillet 2015 @ 14 h 42 min

    En France : Reims : pas d’amalgame…

    Affaire du maillot de bain : pas de motivation religieuse, selon le parquet de Reims…(?)

    BuzzFeed France fait témoigner une des jeunes filles, celle âgée de 19 ans :

    « J’étais en effet avec trois amies et ma petite sœur mercredi vers 16h30, quand nous sommes allées au parc Léo Lagrange. Nous sommes passées devant trois filles en maillot de bain et j’ai juste dit à ma copine que si c’était moi, je n’oserais pas me mettre dans cette tenue. Mais j’ai dit ça car je suis complexée, absolument pas pour des questions religieuses ou morales. Je suis musulmane oui, mais tolérante », raconte-t-elle.

    L’enquête de la brigade de répression des violences a permis d’identifier les cinq filles à l’origine de l’agression. Deux sont mineures. La plus jeune, âgée de 16 ans, a fait l’objet d’une convocation devant le délégué du procureur tandis que l’autre, 17 ans, a été placée sous le statut de témoin assisté. Les trois autres âgées de 18, 19 et 24 ans seront jugées le 24 septembre par le tribunal correctionnel.

  • Ajax , 27 juillet 2015 @ 14 h 58 min

    Si vous pensez que même dans leur pays les musulmans font le ramadan volontairement vous vous mettez le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.

  • le réel , 27 juillet 2015 @ 18 h 45 min

    n’en faisant pas trop, lorsqu’on visite un pays on doit y respecter les us et coutumes!

  • marie france , 27 juillet 2015 @ 18 h 59 min

    ces saletées connaissent et pratiquent le mensonge comme elles respirent,elles connaîssent la sourate qui leur demande de le faire et de pratiquer le mensonge,quand aux sous merde du parquet de Reims c’est ordre :pas d’amalgames ,tous des vendus, pauvre pays

Comments are closed.