La CEDH accepte l’euthanasie de Vincent Lambert

La Cour européenne des droits de l’homme a rendu aujourd’hui sa décision dans l’affaire Vincent Lambert et autres contre France. Par douze voix contre cinq, la Grande Chambre a jugé qu’un État peut provoquer la mort d’un patient en état de conscience minimale.

La Cour a également refusé aux parents de Vincent Lambert le droit de se plaindre en son nom des traitements inhumains dont il fait l’objet depuis maintenant trois ans, du fait de l’arrêt des soins de kinésithérapie (§112.).

Ainsi, non seulement la Cour a jugé qu’en Europe, on peut à nouveau légalement provoquer la mort d’un patient handicapé qui n’a pas demandé à mourir ; mais en outre, elle dénie à ce patient la protection de la Convention contre les mauvais traitements. En refusant de garantir le droit à la vie et aux soins à Vincent Lambert, la Cour tourne une page dans l’histoire des droits de l’homme en Europe.

Elle réintroduit dans la légalité européenne la possibilité d’euthanasier une personne handicapée, alors même que c’est précisément contre cette idéologie que la Convention européenne des droits de l’homme a été proclamée en 1950.

En 1946, lors des procès de Nuremberg, les médecins qui pratiquaient l’euthanasie des personnes handicapées ont été condamnés. Ces condamnations ont fondé l’éthique médicale contemporaine. En ce sens, le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE), dans ses observations récentes, avait clairement confirmé l’interdit éthique de mettre fin à la vie d’un patient.

Aujourd’hui, la « Cour européenne des droits de l’homme en bonne santé » renoue avec une pratique funeste que l’on espérait révolue en Europe. Pour la première fois, la Cour accorde une « certaine marge d’appréciation » aux États dans leurs obligations positives de respecter la vie des personnes, en se fondant notamment sur sa jurisprudence en matière d’avortement (§144.).

Cette décision expose à la « mort légale » des dizaines de milliers de patients qui, en Europe, sont dans la même situation que Vincent Lambert. Le respect de leur droit à la vie n’est plus garanti par la Cour européenne des droits de l’homme.

Comme le soulignent courageusement les cinq juges dissidents : « Nous regrettons que la Cour, avec cet arrêt, ait perdu le droit de porter le titre » de « conscience de l’Europe » qu’elle s’était attribué en 2010 pour son cinquantième anniversaire. La Cour européenne des droits de l’homme transforme une nouvelle fois davantage les droits de l’homme en une idéologie individualiste et utilitariste.

> Grégor Puppinck est docteur en droit.

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28 Comments

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  • Myriam , 6 juin 2015 @ 7 h 11 min

    Cap 2006

    Qu’en savez vous des relations mère fils pour dire de telles énormités ?

    Le pb est de savoir si l’Europe
    Est devenu un nouveau camp de la mort
    Pour tous, pour Vous.

    Si l’hôpital est devenu une prison et les docteurs les geôliers???

  • Cap2006 , 6 juin 2015 @ 8 h 39 min

    Je vous souhaite un épanouissement pour vous et pour vos proches, sur le maximum de ces 14 besoins…

    Reste que la question du droit pour chaque individu de choisir ou pas de mourrir dans la dignité, question très personnelle, ne doit pas dépendre d’une cours de justice, ni d’ailleurs des états d’ames des medecins à qui la puissance publique accorde un monopole.

    et pour répondre @hermeneias, je n’ai pas d’idéologie toute faite sur le sujet. S’affronte des proches de Vincent qui le savait opposé à la vie qui lui ait proposé aujourd’hui, et qui souhaitent respecter ce qu’ils pensent être sa volonté…
    Contre une famille lointaine, avec qui le jeune homme avait coupé les ponts en déssaccord profond avec leur excès ( ou intransigeance) de religiosité… et qui entend penser et décider à sa place, au non de principe que rejetait le jeune homme.

    Comme quoi, une etre une mère biologique ne garantit pas le respect de son enfant, devenu adulte responsable et différent.

  • A= Aristote , 6 juin 2015 @ 9 h 07 min

    Pauvre Europe! Pauvre France !

    Il ne peut être question d’acharnement thérapeutique puisque Vincent n’est pas soigné mais maintenu en vie par des soins de confort .

  • DE MOI , 6 juin 2015 @ 9 h 38 min

    Enfin un peu de bon sens dans cet amas de sottises. Mesda

  • champar , 6 juin 2015 @ 9 h 39 min

    @Caq2006
    Vous êtes vraiment dans la sordide culture de mort pour oser écrire “ll faut en effet vraiment haïr son enfant pour lui imposer une vie qu’il avait visiblement toujours demander à ne pas vivre”.

  • hermeneias , 6 juin 2015 @ 10 h 02 min

    Suicidez vous si vous voulez mais TOUT SEUL discretos et en silence espèce de tordu .

    Vous ne laisserez pas de trace puisque vous faite bien peu de cas de la vie des autres qui n’appartient à personne consentement ou pas …

    Mais on voit bien pourquoi certains veulent légiférer ce sont des salauds qui se cachent , honteux , ils ont honte ou plutot se cachent pour parvenir à leurs fins .

    Au contraire en l’occurrence vous dites encore des qonneries ce sont les médecins , aux ordres , qui veulent donner la mort et la famille , les parents , qui s’opposent aux médecins , aux politiques , aux juges , aux médias ….

    De quelle côté est la puissance ? Vous êtes un vulgaire larbin de cette puissance , sans éthique , sans morale ni dignité mais qui essaye de se draper dans une pauvre tunique trouée et sale de putain du régime et putain de la pensée ….

  • penelope , 6 juin 2015 @ 11 h 56 min

    non,les parents peuvent s’opposer aux prélèvements ,d’office lorsque le malade à donné son avis avant d’être malade;je ne suis pour la mort de personne,cependant cet homme est déjà mort puisqu’il ne mange plus,ne parle plus,ne sourit même pas à ses parents dont l’acharnement devient stupide,s’il était en mesure du moindre désir,il demanderait lui-même à ce qu’on le laisse partir pour un monde peut-être meilleur mais en aucun cas pire;je ne peux pas croire que la mère le sente encore vibré quand elle va le voir,elle pleurera comme nous pleurons tous la mort d’un être cher;quand à l’avocat qui parle de se battre,cela est compréhensible;plus cela dure et plus il gagne.

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