Premier congrès d’une nouvelle formation nationaliste en Pologne : le Ruch Narodowy (Mouvement National)

La salle du congrès

Ce samedi 8 juin 2013 s’est tenu le premier congrès du Ruch Narodowy (Mouvement National) à Varsovie. L’émergence de cette nouvelle formation pourrait marquer le retour en force d’un parti politique nationaliste en Pologne, après la disparition de la Ligue des Familles Polonaises (Liga Polskich Rodzin).

Ce congrès a rassemblé plus de 1 200 personnes venues de toute la Pologne, mais aussi des minorités nationales polonaises de Lituanie et de Biélorussie, des diasporas polonaises du Royaume-Uni et d’Amérique latine, ainsi qu’une délégation de patriotes hongrois.

Le retour des patriotes en Pologne ?

Le Ruch Narodowy est une coalition de plusieurs associations, mouvements et médias, parmi lesquels Młodzież Wszechpolska (Jeunesses de toutes les Polognes), Obóz Narodowo-Radykalny, Kobiety dla Narodu (Femmes pour la Nation), le site www.narodowcy.net, le journal Polityka Narodowa, et diverses autres structures locales.

Maria Piasecka-Łopuszańska

Le Ruch Narodowy n’a pas officiellement de président, mais un comité directeur composé de 8 personnes. De ce comité émerge toutefois comme principal leader Robert Winnicki, l’ancien président de Młodzież Wszechpolska. On retrouve aussi dans ce comité directeur Maria Piasecka-Łopuszańska, connue pour être la porte-parole du réseau « Christian Women Against Femen » (qui a récemment organisé des rassemblements devant les ambassades de France de Varsovie et de Budapest en soutien à la « Manif pour tous »).

Depuis 2010, le mouvement nationaliste polonais a repris pied dans la vie publique en organisant chaque 11 novembre une marche pour l’indépendance (la Pologne a retrouvé son existence au terme de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918), qui a rassemblé 100 000 participants dans les rues de Varsovie en 2012. C’est d’ailleurs à l’occasion de cette marche du 11 novembre 2012 qu’a été annoncée la création du Ruch Narodowy.

Maria Piasecka-Łopuszańska signant la charte du Mouvement National

Au terme du congrès, les dirigeants de Ruch Narodowy et les dirigeants des structures associées ont signé une déclaration commune (le texte entier en polonais) qui reprend les points essentiels du mouvement :

_ défense de l’identité de la Nation,

_ défense de la Famille (comme étant l’union d’un homme et d’une femme) et du droit à la vie dès sa conception,

_ souveraineté de l’État face aux institutions de Bruxelles et aux organisations mondiales,

_ souveraineté de l’économie nationale avec le maintien du zloty comme monnaie nationale de la Pologne, et une rupture avec l’économie de l’endettement et de la soumission aux désidératas des institutions économiques internationales

_ indépendance énergétique, agricole et alimentaire de la Pologne

_ défense de la liberté des individus et de leur liberté de parole contre le libéralisme

Ce congrès a été la principale actualité politique du week-end en Pologne. Les médias de gauche et libéraux se sont inquiétés de ce potentiel retour du « radicalisme », tandis que les médias proche de l’opposition conservatrice (le parti Droit et Justice, Prawo i Sprawiedliwość, dirigé par Jarosław Kaczyński) ont tenté de minorer l’événement.

Un autre projet pour l’Europe centrale

Robert Winnicki

Durant le congrès a été lue une lettre de soutien de Gábor Vona, le président du Jobbik hongrois, qui a été retenu pour coordonner la mobilisation totale de son parti contre les inondations en Hongrie. Dans sa lettre, Vona appelle les Hongrois et les Polonais à coopérer étroitement pour défendre leurs valeurs et lutter contre les impérialismes étrangers.

Artur Zawisza, l’un des membres de la direction du Ruch Narodowy, a par ailleurs évoqué la nécessité de constituer un bloc solidaire de la Pologne à la Bulgarie, qui comprendrait la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Croatie, la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie, et qui pourrait constituer une alternative à l’appartenance de ces pays à l’Union européenne tout en constituant une force géopolitique cohérente et suffisamment consistante pour ne pas être de nouveau en situation de vassalité. Zawisza a toutefois concédé la difficulté de la mise en œuvre d’un tel projet (faisant implicitement référence aux différends territoriaux et de minorités nationales qui existent entre nombre de ces pays).

Notons, sur ce sujet, que Gábor Vona a récemment effectué une visite en Russie à l’invitation d’Alexandre Douguine, où il a rencontré de nombreux dirigeants de premier plan du pays. La Russie semble en effet chercher des relais en Europe centrale dans le cadre de la promotion de son projet d’union eurasiatique et pourrait ainsi trouver des points d’entente avec les mouvements eurosceptiques de ces pays.

Cap sur les élections européennes de 2014

Le mouvement doit encore décider par consultation interne s’il participera aux élections européennes de juin 2014. Ce qui ne devrait toutefois être qu’une formalité. Des contacts ont d’ailleurs été déjà établis avec l’AEMN, l’Alliance Européenne des Mouvements Nationaux, le parti européen dirigé par Bruno Gollnisch.

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46 Comments

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  • BJ , 11 juin 2013 @ 9 h 40 min

    Merci de nous tenir informés de ce qui se passe.

    Une coquille s’est glissée dans votre texte: on écrit Lituanie et non Lithuanie. Merci de rectifier, pour l’amour des Lituaniens ;)

  • Olivier Bault , 11 juin 2013 @ 10 h 36 min

    Ce ne sont pas les mouvements nationalistes qui ont rassemblé cent mille personnes pour la Marche de l’Indépendance du 11 novembre à Varsovie mais les mouvements nationalistes ET les mouvements chrétiens-démocrates conservateurs (parti PiS, journal Gazeta Polska et ses clubs, …).
    Les mouvements nationalistes sont très minoritaires en Pologne et ils seraient incapables de rassembler de telles foules à eux seuls.
    Les conservateurs mettent eux aussi l’accent sur le patriotisme (à ne pas confondre avec le nationalisme qui est une forme d’idéologie, tandis que le patriotisme est un sentiment d’attachement à son pays) et nul besoin d’attendre un retour du patriotisme en Pologne puisque le patriotisme est déjà bien présent.

  • Sully , 11 juin 2013 @ 11 h 31 min

    “nul besoin d’attendre un retour du patriotisme en Pologne puisque le patriotisme est déjà bien présent.” Certes , mais il n’est aps au pouvoir .

  • Sully , 11 juin 2013 @ 11 h 35 min

    Je tiens à remercier Ndf , même s’il m’est arrivé d’être critique (sur le positionnement en économie politique) . Cela réchauffe le cœur de savoir que la Résistance à l’Empire satanique* existe et se développe .

    On se prend parfois à se demander si ce vieux con de Khomeiny n’avait pas raison sur ce point . Sur ce point seulement (je m’explique : les USA = “le grand Satan” , et la France =”le petit Satan”…)

  • phil , 11 juin 2013 @ 13 h 47 min

    pas de patriotisme sans nationalisme. On ne peut défendre une terre sans défendre le peuple. eeehhh oui !!

  • Daniel , 11 juin 2013 @ 15 h 25 min

    Oh que si, il y a une grande différence entre patriotisme et “nationalisme couleur politique”
    patriotisme : le nationalisme dit subjective, (cf Ernest Renan), le sentiment d’appartenance à une nation, de par une histoire commune, et le projet commun d’une avancée commune.
    nationalisme politique : le nationalisme dit objective (cf Fichte) : une nation autour d’un peuple, s’identifiant autour de valeurs telle que la langue, l’ethnie, le territoire, la religion.
    Si le nationalisme objective comprend le nationalisme subjective, ceci n’est pas forcément réciproque pour le patriotisme. L’avantage du patriotisme du PiS, c’est qu’il prend en compte toutes les dimensions culturelles de la Pologne ( nous avons autant de juifs, que de musulmans ( installés depuis quelques siècles) , que de chrétiens orthodoxes qui sont patriotes )

    Je ne comprends pas cette abstinence à ne pas être allé traduire le camp national radical (Obóz Narodowo-Radykalny) qui lui est directement impliqué dans des affaires d’antisémitisme. Pour l’anecdote, ayant eu l’occasion d’être invité chez certains proches qui appartenaient à ce moment, on a eu le droit à la présentation d’un joli tableau : un paysage avec une jolie maison. Pourquoi un tel intérêt pour cette baraque ? Et bien parce que c’est la maison de Hitler, ce héros qui a débarrassé la Pologne des juifs. Là bas, les nationalistes portent bien leur nom, et n’ont de catholique que le beau costume pour la messe ( auxquelles ils assistent 3 ou 4 fois par an.. c ‘est pour dire le vide spirituel)

    Certes, il y a différents mouvements, dont le plus louable est Christian Woemen against Femen, les autres, vont mieux les décortiquer un par un et se méfier de certains d’entre eux.

    11 listopad 2012 : il y eu différentes marches polonaises, celles du camp radical nationale et des jeunesses n’ont pas rassemblé des milliers de personnes, contrairement au PiS , par contre, ces nationaux ont fait beaucoup de bruit dans les médias pour s’être emportés contre les forces de police.

    11 listopad 2012 : ces mêmes camps se sont affrontés dans tout Varsovie contre les antifa qui les avaient provoqués ( ces derniers ont même écris sur un site allemand antifa d’aller jeter des cocktails molotovs sur tous les patriotes )

    Les principales différences entre PiS et les extrémistes nationalistes :

    _ le PiS est favorable au libéralisme économique, mais encadré, les nationaux sont pour un système de corporations

    _ le PiS est le seul parti en prendre en compte la dimension de la crise sociale qui touche nombre des populations défavorisées en Pologne, les nationaux vivent dans un autre monde

    _ le PiS est plus atlantiste, les nationaux sont anti-américains

    _ le PiS ne veut pas jouer le vassal de la Russie, tandis que certains nationaux conspirationnistes seraient prêts à faire alliance avec la Russie de Poutine, la Syrie de Bachar el assad, et l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad

    _ le PiS est de tendance Israëlophile, les nationaux regroupent antisémites et antisionnistes

    _ le PiS est le seul parti patriote qui peut unifier les différentes régions polonaises sous le drapeau de l’aigle blanc, les nationaux invitent au conflit armé. Je donne pour exemple le fait qu’en Silésie, dans les petites communes, tout le monde ne se sent pas forcément polonais, certains même se sentent silésiens avant de se sentir polonais, on parlent silésien. Pour certains silésiens, la Silésie pourrait être en Pologne, en Tchéquie, ils s’en fichent éperdument, le plus important étant de conserver leur culture.

  • Daniel , 11 juin 2013 @ 15 h 34 min

    Et quel fut le bilan de Giertych quand il fut ministre ?

    _ l’uniformisation des tenues à l’école ( non financées par l’Etat mais par les parents eux mêmes, car, comme tout à chacun le sait, les parents polonais ont tous un salaire qui leur permet ce genre de frivolité )

    _ …….. ????? Nic ….. ????

    Rien de spécifiquement concret.

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