Génétiquement incorrect ?

« Quel autre nom sinon celui d’eugénisme peut-on donner à une politique d’Etat qui provoque la suppression de 96% des fœtus trisomiques dépistés ? »
(Bruno Deniel-Laurent, Éloge des phénomènes.
Trisomie : un eugénisme d’État, Max Milo, 2014)

On ne le répètera jamais assez : 96% des fœtus trisomiques dépistés sont avortés. Il s’agit là d’un véritable eugénisme qui repose sur plusieurs piliers :

Un eugénisme médical qui repose sur des pratiques – DPN (diagnostic prénatal), IVG (interruption volontaire de grossesse), IMG (interruption médicale de grossesse) – institutionnalisées à travers les CPDPN (centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal).
Un eugénisme politique, puisque les politiques publiques ne dépensent pas un centime d’euro pour la recherche pour la prévention, la guérison et la prise en charge de la trisomie mais misent tout sur le dépistage et in fine l’élimination des fœtus aux chromosomes surnuméraires.
Un eugénisme législatif : l’interruption médicale de grossesse est légale en France jusqu’au terme de la grossesse : on voit mal alors ce qui la différencie d’un infanticide, si bien que certains universitaires ont proposé de légaliser l’avortement post-natal (1) ; de plus, le ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a initié un projet de loi permettant d’étendre le « délit d’entrave à l’IVG » pratiquement à toute remise en cause de l’IVG ou de l’IMG (2).
Un eugénisme juridique : le « préjudice d’être né », ce n’est plus du Cioran, c’est de la jurisprudence, comme l’ont montré l’arrêt Perruche et d’autres affaires similaires.
Un eugénisme social : pourquoi plus de 9 familles sur 10 choisissent-elles l’élimination du fœtus trisomique, alors qu’il est parfaitement viable ?

Au-delà d’un eugénisme démocratique ou d’un eugénisme libéral, laissé au libre choix des parents et des médecins, il s’agit d’une véritable politique d’extermination programmée et encadrée par l’État : voilà pourquoi il n’est pas exagéré de parler avec Bruno Deniel-Laurent, auteur d’un essai remarquable sur d’un véritable eugénisme d’État, digne d’Aktion T4, le programme national-socialiste d’euthanasie (rebaptisée alors « mort charitable ») des handicapés, auquel seule l’opposition du peuple allemand et de l’Église catholique en la personne du « Lion de Münster », le bienheureux évêque Clemens August von Galen, mit fin en 1941, malgré l’implication personnelle d’Adolf Hitler dans ce projet de « régénération de la race aryenne » dont la propagande ressemble étrangement à celle de notre époque : « N’est-ce pas la plus haute exigence de la charité : délivre ceux que tu ne peux pas guérir ! »

Bruno Deniel-Laurent, Éloge des phénomènes. Trisomie : un eugénisme d’État, Max Milo, 2014, 60 p., 9,90€

1. « Le très sérieux Journal of Medical Ethics est une revue internationale de premier plan qui reflète l’ensemble du champ de l’éthique médicale. Dans son dernier numéro, le JME plaide pour le droit de supprimer des nouveau-nés, de la même manière que l’on peut avorter.
Deux chercheurs en bioéthique, Francesca Minerva de l’Université de Melbourne et Alberto Giubilini, de l’université de Milan affirment en effet que « le droit de tuer un nouveau-né devrait être éthiquement permis dans toutes les mêmes circonstances que l’est l’avortement. Ces circonstances incluent les cas où les nouveau-nés […] peuvent être un risque pour le bien-être de sa famille ». Tout en distinguant l’euthanasie (acte qui consiste à faire mourir quelqu’un dans son propre intérêt) et l’avortement post-natal (tuer dans l’intérêt des personnes impliquées), les auteurs mettent en avant les « bonnes raisons d’avorter même si le fœtus est en bonne santé » : critères de coût social, psychologique ou économique pour les parents. » Théophane Le Méné, « Vers le droit à l’avortement post-natal ? », Causeur, 8 mars 2012 (http://www.causeur.fr/vers-le-droit-a-l’avortement-post-natal,16203).

2. « Tolérance Zéro pour l’entrave à l’IVG », Ministère des Droits des femmes, 27/09/2013 : http://femmes.gouv.fr/tolerance-zero-pour-lentrave-a-livg/ « L’avortement revient au parlement », La Croix, 20/01/2014 : http://www.la-croix.com/Actualite/France/L-avortement-revient-au-Parlement-2014-01-19-1093348

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