Développement économique : quelle stratégie pour le département de la Manche ?

En France, la Manche figure parmi les îlots de stabilité économique. Une situation que le département n’a aucunement volée puisqu’elle est le fruit d’une stratégie déployée de longue date par les élus, l’administration locale et les entreprises du territoire.

Territoire dynamique, la Manche est un département auquel tout sourit. Le secteur agricole y est bien développé, l’industrie solidement implantée, et les services s’y développent même à la faveur du tourisme. Mais ce diagnostic, aussi enthousiasmant soit-il, ne doit pas faire oublier une chose : le succès du département de la Manche est aussi dû à une stratégie activement déployée par les pouvoirs publics. Car l’on ne saurait être performant aujourd’hui sans s’être sérieusement préparé hier.

Un territoire dynamique

En ce mois d’avril 2013, les nouvelles sont bonnes pour le département de la Manche. Dernière annonce en date : le fabricant textile Saint-James vient de remporter, en participant au groupement Griffes Défense mené par Ineo, le contrat d’habillement de l’armée française. De quoi réjouir Luc Lesénécal, qui a racheté l’entreprise fin 2012, et qui se voit offrir ainsi un contrat à 20 millions d’euros à partager avec de nombreuses autres PME du secteur textile. De quoi conforter également les espérances du sénateur Philippe Bas, fervent supporter de cette candidature, également connu pour avoir porté jusqu’au Conseil Général l’idée d’« un Fonds d’Aide au développement et à la reprise d’activité » destiné à l’accompagnement des entreprises dans leur démarche de « reprise-transmission ».

Si la Manche soutient autant ses entreprises, c’est notamment parce qu’elles constituent son principal atout. En effet, près de 66 % des actifs travaillent dans une PME dans le département de la Manche, contre une moyenne nationale de 59 %. Après quelques déboires à la fin des années 1990, le département est parvenu à contenir son niveau de chômage en dessous de la barre des 9 % depuis les années 2000 comme le révèlent les relevés de l’INSEE. Longtemps victime de l’exode rural, la Manche est également parvenue à inverser la tendance en valorisant au mieux son territoire. « Entre 1999 et 2007, la Manche a gagné 13 400 habitants », avance encore l’Institut national de la statistique.

Au cours des dix dernières années, le département de la Manche a su développer son attractivité et illustrer son dynamisme. Malgré une situation économique et sociale relativement stable et apaisée, il n’en reste pas moins l’objet d’un paradoxe. Signe que ses forces sont encore fragiles, les jeunes continuent de déserter le territoire. Pour l’administration publique, le département doit donc consolider ses acquis afin de sécuriser son avenir.

Une santé qu’il faut protéger

Anne-Claire Fretay a réalisé un état des lieux de ce département après la crise de 2008. Son constat est sans appel, la Manche est « un territoire riche de promesses », mais il doit encore relever de nombreux défis. Pour l’auteur du rapport, la force du territoire repose son réseau de PME et un potentiel touristique fort qu’il s’agit d’entretenir. « L’offre d’hébergement dans la Manche est inférieure à celle des départements bretons et des autres départements ayant une façade atlantique », pointe ainsi du doigt Anne-Claire Fretay sur la question du tourisme. Quant au reste du tissu productif, l’auteur rappelle que les « services destinés aux entreprises sont sous-représentés ». La Manche dispose donc de pistes significatives pour consolider son activité économique.

Plus généralement, la Manche joue dès à présent son avenir sur sa capacité à diversifier ses activités. Ce département a par exemple connu une heure de gloire en se positionnant dans la filière du nucléaire au moment de son essor. Cette période est aujourd’hui quelque peu révolue, mais la Manche dispose aujourd’hui des moyens de répéter l’opération avec les filières hydrolienne et éolienne, plus dynamiques. « Le département de la Manche, jouit également de la présence d’industries de “haut de gamme” dans le cuir et le textile » explique Anne-Claire Fretay. « Ces industries, avec leurs fournisseurs et sous-traitants, épaulent le tourisme et le commerce local en maintenant des activités hors de la bande littorale ». Mais elles sont souvent le fait de petites entreprises qui peinent à se financer auprès des banques. C’est la raison pour laquelle le député Guénhaël Huet s’est battu et se bat encore à l’Assemblée pour que le gouvernement soutienne leur « accès au crédit, et plus particulièrement aux petits crédits de trésorerie », ce qui constitue selon lui le « principal souci » de ces entreprises.

Ainsi les conclusions tirées de l’analyse de la situation socio-économique de la Manche font-elles favorablement écho à la gestion de ce département par ses élus et administrateurs locaux. Le développement du tourisme, la diversification des activités industrielles observées sur ce territoire depuis plusieurs années ne sont en rien les fruits du hasard. Il s’agit au contraire des signes révélateurs de la stratégie dans laquelle ce département s’est engagé de plain-pied afin de préparer son avenir économique et de cultiver ce qui fonde aujourd’hui sa pérennité. La réussite de la Manche en temps de crise ne tient ainsi qu’à une chose : l’anticipation pragmatique, concrète du contexte économique par les pouvoirs publics.

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4 Comments

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  • LMP , 27 mai 2013 @ 22 h 12 min

    Une analyse des taxes et des contraintes du territoire serait révélatrice je pense

  • c , 28 mai 2013 @ 1 h 21 min

    Ce n’est pas l’idée que l’on se fait de la Manche quand on y vit depuis toujours et que l’on voit combien le pays a perdu sa population jeune partie vivre ailleurs faute d’emplois et de formation en adéquation avec les besoins locaux, avec aussi la désertification des campagnes, le manque de médecins dans certains endroits, et la paupérisation des villes…
    C’est sans doute que cela doit être bien pire encore ailleurs, c’est vrai puisque la France est en récession depuis des années, avec la délocalisation des entreprises, et que malgré cela, elle a un flux migratoire entrant de 300 000 étrangers par an, avec 50 000 départs de jeunes Français diplômés.
    Il faut se rappeler aussi que les régions les plus pauvres en France ne sont pas forcément celles qui font le plus parler d’elles…
    Les pouvoirs publics n’ont pas montré leur efficacité dans notre pays depuis pas mal de temps et encore moins au niveau économique, en et en contraignant les entreprises en France et au contraire en ayant fait sauter les frontières douanières avec des pays qui n’ont pas les mêmes règles du jeu en matière du droit du travail et de la protection sociale.
    L’aide par les pouvoirs publics cela veut aussi dire impôts…
    Je reste dubitative sur cette analyse…

  • Tintin , 28 mai 2013 @ 9 h 45 min

    Il est très possible à terme que cette section du territoire devienne inhabitable, comme la Normandie et la Bretagne, à cause des installations de la Hague etc.

    Les leucémies chez les enfants dans les îles britanniques et de Jersey, explosent déjà, à cause des tonnes de déchets radioactifs jetés dans la manche et à cause des relâchements de radioactivité notamment par la Hague en écoulement marin.

    Toutes ces réalités ne sont pas encore comprises et ce commentaire équivaut à un prêche dans le désert.

    Je ne saurais que vous conseiller de ne pas consommer la pêche française ou britannique, de ne pas être propriétaire dans ces régions ou même en Europe, du fait de la bombe à retardement nucléaire et d’investir en actions extra-européennes…

  • Mr FLEURY B , 28 mai 2013 @ 11 h 38 min

    ET COMME DISAIT LE GENERAL DE GAULLE,,
    VIVE LA FRANCE, VIVE LA MANCHE, VIVE CHERBOURG.
    ET VIVE LE REDOUTABLE.

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