Une passion pour la Gaule

Le rabougrissement actuel de la France incite à s’interroger, de façon légitime, sur le mystère de son Histoire. Un tel questionnement ne semble guère troubler les membres de son gouvernement décadentiel. Pour nos ministres, comme pour la majeure partie de la classe politique, la soupe reste bonne. Et comme nos dirigeants se trouvent de la sorte en décalage avec le pays réel, ils accusent le peuple. Ils collent donc des étiquettes. Éventuellement même ils fabriquent les fantômes et les caricatures d’imaginaires menaces. Contre ces succubes ils en appellent aux grandes consciences. Ils en trouvent encore, de moins en moins nombreuses. Au besoin, ils en inventent, prêtes à se mobiliser.

Ne pas vouloir être envahi devient du racisme. Air connu. Refrain éculé.

Constater, déplorer le recul économique du pays sous le poids du fiscalisme et du gaspillage démagogique relève d’une tare un peu plus subtile. On nous enjoint de condamner, dès lors, de “déclinisme”. Commenet ne pas s’irriter de l’erreur de ce suffixe. Il ne pourrait correspondre à une véritable signification que si l’on entendait désigner les partisans de la chose, ici le déclin, alors qu’il s’agit des gens qui la combattent. Appelait-on les résistants des “occupationnistes” ?

Si l’on souhaite esquiver les pestilences de ce désarroi lexical et mental, reste alors le recours à la grande histoire. En son refuge on peut préserver la réflexion des furies médiatiques, sinon des censures de la pensée unique. En un tel abri on pourra penser un avenir libéré des erreurs d’hier et d’avant-hier.

Ajoutons qu’en notre époque, certains progrès de la connaissance permettent d’enrichir le champ de vision. Au-delà des récits de batailles et des intrigues de cour, on pourra tenir compte des données économiques, techniques, culturelles, sociales, intellectuelles, etc.

Très en avance sur son temps, très supérieur aussi à bien des celtisants ultérieurs acharnés à la défense de diverses thèses à base de pétition de principes, Camille Jullian (1859-1993) tend à répondre à l’ensemble de ces questions relativement à spécialité, et à sa passion : l’Histoire de la Gaule.

Grâce à cet historien et philologue, élève de Vidal de la Blache et de Fustel de Coulanges puis de Theodor Mommsen (1) à Berlin, les Français découvrent dès 1901 la réalité historique de Vercingétorix. Au Collège de France à partir de 1905, il crée la première la chaire des Antiquités Nationales. Et publie, entre 1907 et 1928, une œuvre immense première approche scientifique de la Gaule.

De façon précise il rassemble les connaissances disponibles dans les divers domaines qui alimentent la science du passé.

Le volume qui vient de paraître couvre la période où selon la formule élégante de Jacques Bainville, “pendant 500 ans, la Gaule partage la vie de Rome”.

Mais au contraire de l’auteur précité, Jullian ne fait pas commencer l’histoire ancestrale de la Gaule à la fin de son indépendance. Ainsi y avait-il déjà consacré les chapitres publiés sous le titre de La Gaule avant César. Sans direction politique centralisée à l’origine, le territoire assez constamment délimité, au cours des siècles entre le Rhin, les Alpes et les Pyrénées, est pratiquement devenu ce que nous appelons l’Hexagone.

Le tracé de la frontière linguistique ne s’est trouvé modifié que par les migrations de peuples contemporaines précédant l’époque mérovingienne. Ce que nous appelons, à tort, “grandes invasions” ont dessiné, en gros du VIe siècle au IXe siècle la personnalité culturelle des Flandres, de l’Alsace et des régions franciques, ainsi que de l’Armorique occidentale.

Mais globalement pour le reste, très peu de modifications depuis la Gaule. On se trouve en présence d’un peuple assez peu variant jusqu’au XXe siècle : 1 500 ans après Clovis, mais aussi 1 000 ans avant lui. Tel est alors l’objet de ce recours aux racines.

Car ce millénaire gaulois puis “gallo-romain” ayant précédé le nom de France, a bel et bien forgé l’essentiel de son identité à partir des apports ligures, ibères, germano-celtiques, grecs et latins.

Au cours de cette très longue période les dieux eux-mêmes auront à peine changé jusqu’à l’arrivée du christianisme, elle-même très antérieure à la conversion d’un prince rallié à la religion de son peuple et à ce qu’il appelle lui-même le “Dieu de Clotilde”.

Ceci autorise sans doute à diviser en trois cette Histoire unique.

Avant César notre connaissance de nombreux personnages permet d’échapper à la notion de préhistoire : Nanus roi des Ségobriges, Simos et Protis navigateurs phocéens en 597 avant Jésus-Christ, Brennos en 390, Pythéas au IVe siècle

C’est à Camille Jullian que l’on doit d’avoir établi l’existence nationale de la Gaule, avant même la conquête au gré d’un territoire commun nettement défini, par Jules César lui-même : jusqu’au Rhin, aux Alpes et aux Pyrénées, d’une communauté de langage, de croyances religieuses ou morales, mais aussi d’une civilisation matérielle et spirituelle épanouie en soixante cités dotées de leurs monnaies et de leurs magistrats.

Mais plus encore il souligne dans ce troisième volume qui vient de paraître la vigueur et même le renforcement dans le cadre de l’empire romain.

> La Gaule dans l’Empire romain, Vercingétorix et La Gaule avant César sont disponibles à l’achat sur ce site.

Lire aussi :
> Non, nous ne sommes pas des Gaulois !
> Non au catholiquement correct ! par Jean Dutrueil

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19 Comments

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  • 0 / 10
  • Charles Martel , 28 novembre 2013 @ 14 h 35 min

    Quelle pédanterie dans vos propos et quelle haine pour les païens qui ne demandaient qu’a garder leur culte ancestrale face aux nouveaux venus (ça ne vous rappelle rien).

    Y a pas de doute, vous êtes bien un catho…

    Ce n’est pas un compliment…

  • Pierre , 28 novembre 2013 @ 18 h 05 min

    Pourquoi donc vous accrocher ainsi aux branches ?
    L’analyse des textes de la Guerre des Gaules démontre, en toute logique, que la plus grande partie de ce que l’on y trouve n’a pu se dérouler tel qu’expliqué dans ce livre.
    Si l’on tient compte ensuite de la date d’écriture de ce manuscrit, vers l’an 1200/1300, soit plus d’un millénaire après la survenue des événements décrits, (excusez, du peu), il est permis de penser que quelques erreurs de retranscription se soient glissées entre les lignes.
    Si l’on considère que ce texte est le seul document manuscrit existant, nous pouvons mathématiquement considérer que tout ceci n’est qu’une énorme fable dont nous n’avons strictement aucun élément concret.
    Tout aussi crédible qu’Asterix et Obelix
    Et en abrégé, cela s’appelle du Flan !

  • Pierre , 28 novembre 2013 @ 18 h 54 min

    Que Camille Julian aie été un éminent spécialiste des Épigraphies romaines, ceci est incontestable.
    Là où les choses deviennent plus cocasses, c’est lorsque l’on commence à s’intéresser un peu à cette “science” du déchiffrage des inscriptions gravées dans la pierre.
    En effet, il nous faut notamment savoir qu’à défaut de pouvoir transcrire de nombreuses inscriptions, nos éminents Épigraphes ont imaginé un dispositif assez “original”…
    Les ABRÉVIATIONS…
    Et oui, c’est ainsi qu’avec 1, 2 où 3 lettres, à défaut d’en retrouver la signification, ils ont imaginé un code de 1100 abréviations, rien que moins…
    Il devient alors très facile de faire dire tout et n’importe quoi à quelques rayures presque indéchiffrables dans la pierre…
    Cependant, ce qui ne nous est toujours pas expliqué, c’est comment le simple scribe romain, pouvait se souvenir de toutes ces abréviations. Car il ne reste strictement aucun écrit qui les reprennent…

  • Pierre , 28 novembre 2013 @ 19 h 21 min

    C’est ainsi que certains historiens arrivent à effectuer de superbes traductions D’épigraphies en latin, puis en français.
    Le cas du bénitier de la chapelle de Brelevenez, dans les Côtes-D’Armor est en soi particulièrement intéressant.
    Les historiens ont en effet réussi à traduire l’inscription figurant sur ce bénitier en un texte du genre “Chapelle construite par les bourgeois (de la ville), et qui leur appartient.
    Bon, pourquoi pas, somme toutes, ça paraît crédible, non ?
    Là où l’histoire devient cocasse, c’est lorsque l’on connaît quelques rudiments du Breton.
    (Pour ceusses qui n’en auraient pas entendu parler, les gaulois de Bretagne parlaient, et parlent encore, une langue celte, donc non latine, et qui ne s’ecrit pas non plus en latin, langue dite “régionale”, le “Breton”.)
    Et donc, que lit-on.alors sur ce fameux Bénitier?
    “KEMESUR ABAD, NAN PILOU ”
    Ce qui se traduit en français par “Mesurer à plat, ne pas faire de pile”
    Et oui, les bénitiers étant alors des récipients destinés à Mesurer la Dîme en grains, il fallait donc que les règles de mesure soient claires pour tous, d’où cette mention, en Breton.
    Cet exemple est tout à fait caricatural du délire permanent de nos historiens, et du peux de crédibilité que l’on peut accorder à leurs écrits.
    N.B.: Les mots français Mesure, et Mensuration dérive de cette pratique ancestrale de “Mesurer, vérifier dans la pierre (Ke: Combien, Men:Pierre, Sur:Vérifier,s’assurer)
    En breton, Kemen:Combien, Kemener : le tailleur (celui qui prend les mesures)

  • Bernard , 29 novembre 2013 @ 10 h 48 min

    POUR DEFENDRE NOTRE PAYS et NOS VALEURS et RELIGIONS

    Nous nous permettons de vous inviter à nous rejoindre le 8 décembre à 14h place Denfert-Rochereau pour une marche destinée à défendre toutes nos traditions attaquées, au premier rang desquelles sont la laïcité et nos fêtes chrétiennes.

    La loi de 1905 est bafouée chaque jour, nos fêtes d’origine chrétienne sont menacées et certains voudraient remplacer deux de nos jours fériés chrétiens par une fête juive et une autre musulmane, au mépris de notre histoire et de nos racines.

    Je vous invite à prendre connaissance en détail des raisons pour lesquelles nous avons proposé cette marche :
    http://www.resistancerepublicaine.eu/2013/venez-marcher-avec-resistance-republicaine-le-8-decembre-pour-defendre-la-laicite-et-nos-traditions/

    De celles pour lesquelles la loi de 1905 (et nous) défend les jours fériés chrétiens ici
    http://www.resistancerepublicaine.eu/2013/defendre-la-loi-de-1905-cest-defendre-les-jours-feries-chretiens/

    Et de la liste des associations et mouvements qui soutiennent notre initiative :
    http://www.resistancerepublicaine.eu/2013/avec-nous-le-8-decembre-pour-la-laicite-et-nos-traditions/

    En espérant que vous nous rejoindrez le 8 décembre à 14h place Denfert-Rochereau. Christine Tasin, présidente de Résistance républicaine

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