Pays-Bas : la frontière floue entre euthanasies et assassinats médicalisés

Les statistiques officielles de l’euthanasie aux Pays-Bas montrent une hausse constante de cette pratique. Et c’est sans compter les nombreux cas d’euthanasies non déclarées, parfois même réalisées sans l’accord du patient. La Hollande a officiellement légalisé l’euthanasie en 2002 mais elle l’avait déjà dépénalisée depuis 1984. En 2012, il y a eu près de 4 200 euthanasies déclarées contre environ 3 600 en 2011 et 1 800 en 2004. Sur les près de 4 200 cas déclarés l’année dernière, 13 ont concerné des patients souffrant de maladies mentales et 49 des personnes âgées atteintes de démence. En fait, dans 40-60 % des cas, « l’euthanasie » serait réalisée sur des patients qui n’ont pas demandé à mourir. Officiellement, les Pays-Bas n’autorisent l’euthanasie que pour les patients souffrant d’une maladie incurable et de douleurs difficilement supportables et qui réclament en toute conscience une euthanasie. L’euthanasie des mineurs est elle aussi autorisée, mais l’accord des parents est indispensable jusqu’à 16 ans. Certains services pédiatriques pratiquent même l’euthanasie sur les nouveau-nés. Pour faciliter l’accès à l’euthanasie, des équipes mobiles ont aussi été créées afin de fournir ce type de prestations au domicile des malades. L’association néerlandaise pour l’euthanasie volontaire NVVE a même créé une « clinique » spéciale pour tuer les patients souhaitant se suicider mais à qui l’euthanasie a été refusée.

Mais outre les cas déclarés, de nombreux cas de sédation terminale ne sont rien d’autre qu’une euthanasie lente puisqu’il s’agit de priver le patient de nourriture et de boissons jusqu’à ce que mort s’ensuive tout en lui appliquant des drogues à forte dose pour limiter les souffrances endurées. Ce type d’euthanasie est considérée en Hollande comme une forme de soins palliatifs sans obligation de déclaration et elle concernerait environ 10 000 personnes chaque année. Toutes ces personnes ne sont pas conscientes quand la décision de mettre fin à leurs jours est prise par les médecins et leur famille, ou parfois même sans leur famille.

Dès les années 90, le docteur Zbigniew Zylicz, médecin polonais installé en Hollande où il a été le pionnier des centres de soins palliatifs, sonnait l’alarme face à la dérive en cours. Il accusait les médecins néerlandais de ne plus savoir comment soulager les souffrances autrement que par l’euthanasie lorsqu’ils ont à soigner des patients en phase terminale. Dans son livre Seduced by Death. Doctors, Patients and Assisted Suicide publié en 1997, le docteur Herbert Hendin dénonçait le fait que les douleurs incontrôlables étaient citées par les médecins comme la cause principale dans seulement 30 % des euthanasies pratiquées. Dans 70 % des cas, les médecins tuaient leurs patients pour d’autres raisons allant d’une mauvaise qualité de vie à la survie du patient malgré l’interruption de tous les traitements. Le docteur Zylicz, cité ici, a découvert en interrogeant une famille demandant l’euthanasie d’un père en phase terminale mais que l’hôpital avait décidé de laisser sortir pour qu’il puisse finir ses jours chez lui, que les enfants ne voulaient surtout pas que le vieillard s’aperçoive que ses meubles avaient déjà été déménagés… Une autre fois, le docteur Zylicz, cité ici, avait ajusté le traitement d’une femme en phase terminale d’un cancer du sein pour la soulager de ses douleurs. Malgré le refus par cette femme de toute idée d’euthanasie, quand le docteur Zylicz est revenu prendre son service le lendemain il s’est aperçu qu’un autre médecin avait mis fin à la vie de sa patiente sans son consentement. Le médecin tueur a expliqué au docteur Zylicz qu’il avait agi de la sorte « parce que [la patiente] ne mourait pas assez vite et qu’il avait besoin de son lit pour un autre patient ».

Le glissement aux Pays-Bas, mais aussi en Belgique et en Suisse, vers de plus en plus d’euthanasies, et vers une libéralisation progressive des conditions où l’euthanasie peut être pratiquée, y compris sans l’accord conscient et répété du patient, montre bien que l’idée d’une euthanasie réservée pour des situations exceptionnelles est un leurre. L’argumentaire des partisans de la légalisation de l’euthanasie et son cortège de manipulations médiatiques (voir à ce propos l’excellent livre La bataille de l’euthanasie, Enquête sur les 7 affaires qui ont bouleversé la France de Tugdual Derville) rappellent d’ailleurs aussi la bataille qui a précédé la légalisation de l’avortement en France. La loi Veil ne prévoyait-elle pas que l’avortement ne devait être qu’une solution de dernier recours ?

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17 Comments

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  • ARCOLE 34 , 30 septembre 2013 @ 10 h 15 min

    Avouez nous vivons dans une drôle d’époque , en effet le mariage de personnes de même sexe , suicides assistés et programmés , une police de la pensée omniprésente bref toutes les conditions sont réunies pour passer à une dictature .
    Dans l ‘Allemagne de 1933 à 1945 l’on cachait l’euthanasie sous le couvert de la fondation nationale pour la santé publique , le tout se déclinant sous la forme des 4 programmes T . Je vois que depuis l’on est en train de remettre cela en place même si cela est d’une façon light et attention parce que après les incurables , les personnes âgées , les invalides de guerre pourquoi pas les chômeurs ? , les jeunes ? etc.. Sans oublier les cons et croyez moi ce ne sera pas le boulot qui manquera en la matière .

  • Cristal , 7 novembre 2013 @ 17 h 32 min

    Vous avez raison, c’est comme dans “Soleil vert” mais aussi comme dans “L’âge de cristal” (dans ce film, tout le monde doit mourir en arrivant à l’âge de 30 ans) !

  • Impactite , 7 novembre 2013 @ 23 h 03 min

    Le Professeur Jérôme Lejeune dans une de ses dernières conférences disait à ce propos: “- Euthanasie. On devrait l’écrire EUTHANAZI. Ces quatre dernières lettres sont inscrites avec le sang des innocents dans notre histoire. Euthanasie – Euthanazi – État Nazi!”

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