La veuve blanche, ou l’insaisissable terreur islamique d’Afrique

Alors que Samantha Lewthwaite est citée comme pouvant être à la tête du commando de Nairobi et désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international, nous vous proposons ce portrait signé François Préval et publié dans le mensuel Nouvelles de France de novembre 2012. Pour rappel, s’y abonner est le seul moyen de soutenir financièrement NDF.fr.

Elle est jeune, elle est belle, elle est souriante (du moins sur ses anciennes photos), elle est britannique. Mais elle est aussi une terroriste islamiste affiliée à un important réseau jihadiste et recherchée par la police kenyane, la CIA et Scotland Yard. Comment cette enfant du Royaume-Uni a-t-elle pu se faire embrigader dans un organisme et une idéologie qui promeuvent la haine et la destruction de sa patrie ?

Samantha Lewthwaite est originaire de Aylesbury, dans le Buckinghamshire. Son père Andrew est un militaire britannique, sa mère Christine une irlandaise catholique. Ils se sépareront alors qu’elle a onze ans. Pour elle, ce sera un traumatisme. Serait-ce là le déclencheur de son mal-être et de son dégoût de l’Occident qui l’amèneront à ce cheminement vers le militantisme islamique ? C’est ce que disent certains de ses proches, à moins que ce ne soit l’influence de voisins musulmans à qui elle allait parfois confier son désarroi. En tout cas, ce n’est que quelques années plus tard qu’elle se convertit à l’islam alors qu’elle est encore élève interne. Dès lors, son mode de vie change radicalement : elle troque l’uniforme des élèves britanniques et les jeans contre le hijab, puis le jilbad, vêtement qui recouvre entièrement la femme à l’exception des mains et du visage. Elle se met à étudier la religion et la politique à l’Ecole des Etudes Africaines et Orientales à Russell Square, à Londres. Elle mange hallal. Et bien sûr, elle change de nom, s’appelant désormais Sherafiyah. Bref, elle est devenue une parfaite musulmane. C’est à cette période qu’elle rencontre Germaine Lindsay, un poseur de moquette d’origine jamaïcaine et lui aussi converti à l’islam, par le biais d’un site de rencontre musulman. Le couple se marie en 2004 selon les préceptes musulmans. Selon les témoignages, les parents de la jeune femme ne sont pas présents à la cérémonie. Mais heureux pour elle, ils ne s’inquiètent pas outre-mesure. Ils auront pourtant rapidement des motifs d’inquiétude.

C’est en juillet 2005 que tout bascule. Des attentats islamistes meurtriers ont eu lieu à Londres, tuant 56 personnes et en blessant 700 autres. Germaine Lindsay est l’un des terroristes kamikazes et a entraîné la mort de 26 personnes. Il avait 19 ans. Pour la famille, c’est un choc et particulièrement pour Samantha. Dans un premier temps, elle refuse d’y croire, demandant à ce qu’on lui amène les preuves de l’implication de son mari. Puis, elle condamne l’attentat et affirme son innocence et sa totale ignorance des projets de Lindsay. Après une rapide enquête, la police la croit et la met même sous protection durant un an. Samantha était alors enceinte de son deuxième enfant lors des attentats. Elle profite de ces circonstances pour renouer avec sa famille et, en 2007, va même à Disneyland Paris avec eux. A priori, tout semble donc bien aller.

Il est encore impossible à l’heure actuelle de savoir que Samantha a fait et où elle est allée entre 2007 et 2011. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est arrivée à Nairobi, au Kenya en mars 2011. Elle est munie d’un faux passeport sud-africain au nom de Nathalie Faye Webb. De là, elle loue une chambre dans un hôtel de Mombasa. Elle n’est pas seule. Elle a emmené avec elle ses trois enfants et est accompagnée de deux hommes, Habib Saleh Ghani, 26 ans, de Hounslow dans le Middlesex, qui serait le père du troisième enfant, et Jermaine Grant, de Newham à Londres. C’est d’ailleurs Habib Ghani qui s’est chargé de la location de la chambre à Mombasa. C’est alors que la police kenyane commence à s’intéresser à elle. Son enquête aboutit en décembre 2011 à une perquisition de son domicile. Les policiers y découvrent des stocks importants de munition (plus de cent, de tous calibres), des explosifs, des magazines concernant les armes ainsi qu’une clé USB révélant la consultation de sites internets consacrés à la fabrication d’explosifs, mais aussi un poème de Samantha dédié à Oussama Ben Laden et des photos d’elle-même. Son propre physique semble l’obséder. Encore un indice du mal être qui l’a poussé à se jeter dans l’extrémisme ? C’est à cette occasion que l’on apprend qu’elle avait rejoint le réseau Al Qaida en 2008, plus précisément par la branche somalienne al-Shabab. Dans la foulée de cette perquisition, Jermaine Grant est arrêté, mais Samantha et Ghani parviennent à passer entre les mailles du filet. En juillet de cette année, a lieu au Kenya une série d’attentats sanglants contre des églises catholiques et des complexes touristiques. Ces attaques sont commises par des terroristes islamistes somaliens en réponse à l’intervention de l’armée kenyane en Somalie. Parmi ces attaques, l’une d’elle est directement attribuée à Samantha. Il s’agit d’un attentat à la bombe contre les clients d’un bar qui regardaient le match Grande-Bretagne-Italie de l’Euro 2012. Il fera trois morts dont un enfant. Dès lors, Samantha devient la femme la plus recherchée d’Afrique et l’ennemi public numéro un. La police du Kenya, mais aussi la CIA et Scotland Yard qui ont dépêché des agents sur place, participent à sa traque. Ces différentes autorités ont beaucoup de questions à poser à la nouvelle égérie du jihadisme international, notamment en ce qui concerne son implication dans des projets d’attentat en Grande-Bretagne contre les hôtels Dorchester et Ritz à Londres. Les autorités kenyanes craignent qu’elle n’ait réussit à joindre la Somalie grâce aux membres du réseau al-Shabab. Il est supposé qu’elle agit essentiellement comme financière du réseau et pour le recrutement de femmes kamikazes. Comble de l’audace (ou de la mégalomanie ?), elle tient également un blog qu’elle entretient quotidiennenement intitulé : « Peur et larmes : les confessions d’une femme moujahidine », titre qui en dit long. Elle y réaffirme son engagement islamiste : « Je suis une femme qui croit au jihad et à la suprématie de l’islam » et estime que sa conversion a été « le plus précieux que (son) créateur (lui) ait accordé » ou encore qu’elle « vit maintenant depuis plusieurs années dans la satisfaction d’une musulmane de servir Allah avec la pensée qu(‘elle) a une place dans la Jannah (Paradis) ».

Voici une trajectoire étonnante et tragique, bien illustratif d’une jeunesse occidentale déboussolée qui, pour donner un sens à sa vie, s’avère prête à servir les pires ennemis de leurs compatriotes. Un cas que l’on peut rapprocher de ceux du Français Lionel Dumont, de l’Américain John Walker Lindh, de l’Australien David Hicks ou de la Belge Muriel Degauque. Mais il est vrai que le cas de Samantha Lewthwaite est inédit de par la trajectoire et l’implication acharnée de la jeune femme au seins des réseaux terroristes islamistes, ainsi que par sa capacité à tenir en échec les différents services de sécurité qui la traquent depuis maintenant plusieurs mois (servie, il est vrai, par une chance insolente). Au-delà de son cas éminemment tragique, cet événement constitue donc un défi à l’Occident contemporain pour empêcher ses enfants de partir à la dérive et leur redonner le sens de la fidélité à leur héritage.

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51 Comments

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  • 0 / 10
  • garzouille , 28 septembre 2013 @ 17 h 40 min

    “Veuve blanche”, rien que ça ? On touche le fond, là.

  • V_Parlier , 28 septembre 2013 @ 18 h 45 min

    Leur barbarie est la représentation évidente d’un fait trop simple pour beaucoup de penseurs subtils qui se cherchent: Ces shababs et leurs “copains” sont de purs suppôts de Satan, quel que soit le nom qu’ils prétendent donner au destinataire de leurs prières. Le pire est que si certains sont capturés ils seront rendus après en échange contre d’autres otages. Ca, c’est la mièvrerie de l’Occident, qui d’un autre côté était prêt à bombarder des Syriens innocents et civilisés afin de venir en aide à de tels dégénérés voués à l’enfer. Leur exécution pure et simple ne serait qu’un fait de guerre nécessaire. Encore heureux qu’on ne cherche pas à remettre les “frères” au pouvoir en Egypte, il n’aurait manqué plus que çà ! Je salue d’ailleurs le pouvoir égyptien actuel (peut-être pas parfait) qui n’hésite pas à employer les vraies méthodes pour traiter la gangrène. Là-bas ils comprennent mieux la réalité que nos (faux) bisounours de salon.

  • V_Parlier , 28 septembre 2013 @ 18 h 47 min

    Je dirais: partout où ils sont déjà de trop, même minoritaires!

  • Franck , 28 septembre 2013 @ 19 h 01 min

    “…..sa capacité à tenir en échec les différents services de sécurité qui la traquent depuis maintenant plusieurs mois (servie, il est vrai, par une chance insolente)…”

    Un peu comme Ben Laden?

  • garzouille , 28 septembre 2013 @ 20 h 51 min

    L’islam est la camisole culturelle qui convient à la psychopathie

  • C.B. , 28 septembre 2013 @ 20 h 54 min

    S’il vous plaît, “monhugo”, pas “exécutés”, mais “assassinés”.

  • Psyché , 28 septembre 2013 @ 21 h 12 min

    N’oublions pas que Al Quaida est une création de la CIA

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