Candidature Bournazel : une imposture ?

Il y eu un temps où un jeune élu parisien prétendait se distancer des « ringards » en soutenant différents vœux de la gauche, comme celui favorable au mariage homosexuel, et en invoquant notamment « l’égalité des droits ». Il y eut un temps où un jeune espoir de la droite parisienne affirmait comprendre le « désir de parentalité » des homosexuels en matière d’adoption. Il y eut enfin ce temps où un jeune élu du 18e arrondissement prônait une alliance avec les Verts en Île-de-France, au nom de cette volonté d’« en finir avec les vieux clivages », certainement impressionné par les succès de ces derniers, lors des européennes, en juin 2009. Mais tout ça, c’était avant…. Avant, en effet, pour se faire bien voir, il fallait oser la course au politiquement correct, quitte à égrainer ce qui est dans l’air du temps.

Les raisons d’une mutation. Puis il y eut cette mutation soudaine, due au succès des Manifs pour tous. On s’aperçut alors que les électeurs de droite goûtaient mollement la sauce sociétale que certains cadres de l’UMP avaient accepté de servir. Parce que cette sauce ne prend pas, il faut alors se retourner comme une crêpe. Après tout, des évolutions dans un sens, comme dans l’autre, peuvent se concevoir, dès lors qu’elles sont le fruit d’une réflexion sérieuse. Il est vrai qu’entretemps on découvrit que la base électorale de l’UMP était moins sensible aux sirènes de la LGBT qu’on ne le dit… Peut-être est-ce un effet collatéral de la crise du 18 novembre 2012 ? Mais un positionnement aussi rapide ne peut être que politicien dans le contexte actuel. L’intéressé affirme qu’en l’état actuel des choses, s’il avait été parlementaire, il aurait voté contre la loi Taubira. Est-ce un argument pertinent que de s’appuyer sur des comportements fictifs, et non réels, qui, au passage, vont dans le sens différent des anciennes positions ? L’intéressé a certes exprimé des réserves sur l’adoption – bien que dans un tweet de juin 2011, il ne parle pas seulement du mariage homosexuel mais de « l’égalité des droits » -, s’est déclaré favorable à l’union civile (quelle originalité !), tout en restant en marge de La Manif pour tous, malgré un désir de participer à la session de rattrapage du mois du 26 mai 2013. Désir qui n’a pas été concrétisé pour on ne sait quelle raison. Or, passer en si peu de temps d’une posture d’élu bobo, soutenu par des élus qui s’inscrivent ouvertement dans des thématiques sociétales, à celle d’un cadre de la Droite forte ne peut que laisser songeur, voire dubitatif. Pour une fois, on ne peut être que d’accord avec Ian Brossat, élu parisien du Front de gauche, qui déclare au sujet des revirements de son (ancien) collègue parisien : « je ne crois pas que la nouvelle génération se comporte différemment ». À méditer. Peut-être brûle-t-on avec autant d’énergie que ce que l’on a fiévreusement adoré…

Un homme du sérail. Pierre-Yves Bournazel s’affirme comme « un homme qui n’appartient à personne et qui appartient à tout le monde ». Mais son parcours révèle-t-il une véritable indépendance ? Comment s’affirmer comme un outsider, alors que l’on est le fruit d’un sérail que l’on conspue ? Sa mise en place – rapide – ne peut s’expliquer que par les complaisances d’élus parisiens, pas toujours conscients de leurs jeux, mais heureux de trouver un jeune pour embêter les concurrents et non renouveler la scène politique parisienne… On ose affirmer que Bournazel, c’est douze ans d’engagement total pour Paris. C’est un peu court, car l’émergence sur la scène médiatique et politique de Pierre-Yves Bournazel ne remonte qu’à 2008-2010. Auparavant, le jeune Corrézien intégra le cabinet de Françoise de Panafieu en 2004-2005, à la mairie du 17ème arrondissement. À l’époque, c’était un illustre inconnu, certes prêt à aller au front pour sa patronne (ce fut le cas lors dans les primaires parisiennes en 2006), mais nullement un acteur réel. Soutenu par Françoise de Panafieu, dont il fut le porte-parole en 2008, Pierre-Yves Bournazel, après avoir été élu conseiller de Paris en 2008, vogua vers d’autres soutiens, comme Pierre Charon (aujourd’hui sénateur UMP), voire Jean-François Copé, en passant par quelques élus parisiens qu’il s’empressa de trahir ou d’oublier. Il est vrai que, face aux fillonistes, on ne pouvait que se rapprocher du camp ennemi en soutenant à fond le député-maire de Meaux, alors en conflit ouvert avec la fédération de Paris de l’UMP. Au demeurant, ce fut certainement pour s’éloigner de Xavier Bertrand (Pierre-Yves Bournazel a été en effet élu conseiller régional à une époque – mars 2010 – où le député-maire de Saint-Quentin était alors secrétaire général de l’UMP ; depuis, l’intéressé ne se vante pas de ce bref compagnonnage). Ne soyons pas dupes : dans un tel milieu, on ne se fait jamais vraiment seul, mais toujours par l’appui des autres. Cette vieille loi de la politique n’a jamais été infirmée : les indépendants ont toujours fait partie d’une écurie, nonobstant ce qu’ils racontent à des esprits étrangers au microcosme. On peut d’ailleurs d’interroger sur le fait que les « promoteurs » du jeune élu parisien incarnent si peu le renouveau, mais seulement les vieilles ficelles… Si Pierre-Yves Bournazel était aussi indépendant qu’il ne le dit, pourquoi n’a-t-il pas condamné les arrangements de ceux qui l’ont poussé à être sur une liste? Pourquoi ne critique-t-il pas les tractations qui lui ont permis d’être sur les différentes listes soutenues pas l’UMP ? Pourtant, c’est aussi critiquable que le désistement de Chenva Tieu pour Nathalie Kosciusko-Morizet.

Un amour immodéré pour la grande presse. Le « système » Bournazel, c’est aussi une relation permanente avec la grande presse que l’on cajole, tant pour se faire mousser que pour démolir les concurrents. C’est l’art de la dépêche, de la brève, de l’encart, des petites lignes ravageuses destinées à flinguer. Il faut reconnaître un savoir-faire à l’intéressé sur ce point qui, il est vrai, fréquente assidument les sbires du quatrième pouvoir. Pour des gens qui veulent incarner la nouveauté, on ne peut que s’étonner que des acteurs qui ne soient pas des électeurs soient autant ménagés. Elle démontre en tout cas que certains hommes politiques ont fait le deuil de la démocratie.

Si la primaire organisée par l’UMP doit être utilisée pour sanctionner, autant être logique avec soi-même : il y a plus à craindre des gens sans positionnement cohérent que des personnes dont le message a toujours été clair, fût-il opposé à vos convictions. Peut-être, à défaut de voter aux primaires, ne serait-il pas plus habile de choisir des candidats cohérents aux municipales ?

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13 Comments

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  • Diex Aïe ! , 30 mai 2013 @ 11 h 21 min

    L’UMP un parti de droite? UNE IMPOSTURE ! ! !

  • Milou , 30 mai 2013 @ 11 h 21 min

    Grève générale le 21 juin prochain.

    Ecrivez à « la manif pour tous » pour leur demander de prendre la tête de cette grève.

    Voici le mail :

    [email protected]

    Voici un modèle de lettre que vous pouvez leur envoyer :

    « Madame, Monsieur,

    Le web frémit pour demander une grève générale le vendredi 21 juin, contre la loi Taubira et les violences de la police politique.

    Nous vous demandons de relayer cette initiative et d’en prendre la tête, pour initier indépendamment des syndicats, une grève générale le vendredi 21 juin prochain.

    Veuillez agréer, Madame, Monsieur, mes sentiments les meilleurs. »

    Prévenez vos employeurs et déposez déjà les préavis de grève.

  • jejomau , 30 mai 2013 @ 11 h 22 min

    Delanoë veut savoir d’abord si vous appréciez l’accueil de sa ville lors de votre passage dans SA ville . Ensuite , n’ayant pu être là au moment du discours fondateur de la Résistance Française car il était à un pique-nique organisé dans le bois de Boulogne par Bournazel et ses “copines”, il demande s’il serait possible qu’on lui fasse un copier-coller . Merci d’avance pour elle.. Euh pardon : pour lui… Je m’y perds, veuillez me pardonner. C’est ici :

    http://www.paris.fr/contacts/Portal.lut?page_id=5722&document_type_id=12&document_id=10737&portlet_id=12354

  • Kev , 30 mai 2013 @ 11 h 34 min

    Rectification a propos de Chenva Tieu qui ne s’est pas désiste pour NKM mais qui a été rendu inéligible pendant un an par le CC

  • Christiane , 30 mai 2013 @ 11 h 46 min

    *Jejomau, vous me faites rire. Est-ce que le prochain “m……gay” sera celui
    de Delanoé ? Quel (le) sera l’ heureu-x (se) élu (e) ? les paris sont ouverts.
    Comme vous dîtes, on s’y perd.

  • Eric Martin , 30 mai 2013 @ 11 h 55 min

    Après la décision du CC, il a appelé à voter pour NKM.

  • alain , 30 mai 2013 @ 13 h 21 min

    le bulletin de vote y compris à la primaire est une forme de kaercher !

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