Loi « Pour la Vie » votée en Pologne

Le parlement polonais a adopté la semaine dernière une première loi intitulée « Pour la Vie » dans le cadre de la réalisation des promesses formulées par le premier ministre Beata Szydlo lors du rejet début octobre du projet de loi citoyen « Stop à l’avortement », qui visait à interdire totalement l’avortement sauf en cas de danger pour la vie de la femme enceinte. Le premier ministre et le chef du parti conservateur Droit et Justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, ainsi que plusieurs députés et sénateurs du PiS et une partie des médias conservateurs traditionnellement pro-vie, avaient alors expliqué qu’interdire l’avortement en cas de grossesse issue d’un viol ou en cas de maladie ou malformation grave et incurable de l’enfant conçu, c’est prendre le risque d’un effet boomerang, avec à terme le risque de voir les partis aujourd’hui dans l’opposition revenir au pouvoir et libéraliser totalement l’avortement sur le modèle de l’Europe occidentale. Le PiS envisage encore uniquement de restreindre le concept de maladie grave et incurable notamment en interdisant l’avortement lorsque l’enfant est touché par la trisomie 21, ce qui reviendrait à interdire plus de 90 % des avortements réalisés dans le cadre de la loi actuelle. Mais dans un premier temps, la promesse du PiS est de mettre en place un programme d’aides aux familles et aux femmes, pendant la grossesse et après l’accouchement, en cas de grossesse « difficile », c’est-à-dire avec un enfant issu d’un viol ou atteint d’une malformation ou maladie grave et incurable.

La première loi adoptée sans consultations, car il fallait, selon le gouvernement qui en est à l’origine, agir vite, met en place une aide de 4000 zlotys (un peu moins de 1000 €) qui sera mise à disposition en une fois au moment de l’accouchement pour aider les familles à faire face aux frais supplémentaires qui peuvent accompagner la naissance d’un enfant atteint d’un handicap. Cette loi va aussi donner un accès prioritaire aux soins dans le secteur public de la santé pendant et après la grossesse, et elle met en place un « assistant familial » qui sera chargé de guider la mère et la famille pour l’obtention de toutes les aides accessibles, y compris pour l’accès à un soutien psychologique et le cas échéant à des établissements de soins palliatifs prénataux et postnataux.

C’est certes bien peu de choses, même si dans les conditions polonaises ce n’est pas rien, et il faut espérer que le gouvernement et sa majorité parlementaire auront le courage et l’honnêteté d’aller beaucoup plus loin dans le soutien aux familles avec des enfants handicapés, pour réaliser la promesse de donner aux femmes la possibilité de ne pas avorter même en cas de grossesse difficile. Ce qui surprend toutefois, c’est que les critiques les plus dures contre ces nouvelles aides viennent des milieux féministes et de ceux qui, parmi l’opposition parlementaire, avaient protesté le plus fort contre le projet de loi citoyen contre l’avortement. Pour eux, ces 4000 zlotys et les autres aides prévues ne seraient qu’une tentative de soudoyer les femmes pour les dissuader d’avorter.

Fort heureusement, les manifestations organisées par ces féministes ne font plus recette maintenant que la perspective d’une interdiction quasi-totale s’est éloignée. Car les Polonais, dans leur grosse majorité, ont en horreur l’IVG telle qu’elle est pratiquée massivement à l’ouest du continent.

Article publié originellement dans le quotidien catholique Présent

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4 Comments

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  • Chevalier- de Moncaire , 8 novembre 2016 @ 22 h 29 min

    Pologne chrétienne de nom et par ses faits. Pays et état exemplaire.

  • Boutté , 9 novembre 2016 @ 8 h 28 min

    Pays de foi et de dignité .

  • Marguerite , 9 novembre 2016 @ 15 h 33 min

    Bravo à la Pologne ! Que toute l’Europe la suive …..

  • Bistouille Poirot , 12 novembre 2016 @ 0 h 09 min

    Dans les années 90 j’avais en charge politique la 14 ème CIR des Bouches du Rhône (Aix en Provence). Cette ville fourmillait de clubs littéraires, de cours de danse classique, d’ ateliers de peintres, de sculpteurs de danseurs classiques et de musiciens indépendants. Avec une adjointe, ancien “premier sujet” de l’opéra de Paris et ex directrice chorégraphe de l’opéra de Vancouver, j’organisais des spectacles, des expositions et des concours littéraires. Quelques romanciers eurent l’idée d’organiser une conférence débat sur la défense de la vie. Nous choisîmes un restaurant en dehors de la ville pouvant accueillir une centaine de personnes. A notre grande surprise, salle comble ! Deux moines d’un couvent voisin figuraient parmi les convives! Ancien élève d’Alfred Sauvy alors directeur de l’INED,j’intervenais sur l’importance de la natalité dans l’économie, le papy boum des seniors, l’âge du départ en retraite, l’influence de la disparition des jeunes hommes durant la guerre de 14/18 et l’infléchissement encore remarquable dans la courbe de la natalité du pays 70 ans après le conflit. Les interventions d’un gynécologue et d’un ecclésiastique tous défenseurs de la vie furent remarquées et les débats se prolongèrent jusqu’à une heure du matin quand je les clôturai en proposant de décider à main levée ceux qui accepteraient qu’un référendum national d’initiative populaire soit organisé pour les seules femmes françaises en état de procréer et de décider d’une politique de la natalité française. Quelle ne fut pas ma surprise quand j’enregistrai une unanimité, moines compris! Je me suis toujours reproché de ne pas avoir demandé un vote à bulletin secret. Pour toutes les femmes présentes, une seule chose comptait: Une “politique de la famille”. Les malformations du foetus arrivaient loin derrière le congé de maternité, la formation pendant le congé et l’emploi réservé.

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