Ce qui compte (3/3)

« Je hais l’idéalisme couard qui détourne les yeux des misères de la vie et des faiblesses de l’âme. Il faut le dire à un peuple sensible aux illusions décevantes des paroles sonores : le mensonge héroïque est une lâcheté. Il n’y a qu’un héroïsme au monde : c’est de voir le monde tel qu’il est et de l’aimer. » Romain Rolland

« Je ne demande à ma patrie ni pensions, ni honneurs, ni distinctions : je me trouve amplement récompensé par l’air que j’y respire ; je voudrais simplement qu’on ne l’y corrompît point. » Montesquieu

Tribune libre de Kader Hamiche (partie 1/3, partie 2/3)

C’est cela, ma « communauté d’origine ». Je ne m’en vante ni ne la renie. Je n’en suis ni fier ni honteux. J’y suis attaché mais non pas entravé par elle. Je suis français d’origine kabyle comme on est français d’origine bretonne ou savoyarde ; un Français dont les veines charrient, à coup sûr, du sang gaulois, du sang arabe et du sang turc, et bien trop conscient de ce qu’il est, comme la très grande majorité des Français, le résultat d’apports divers et variés, pour récuser à d’autres citoyens de ce pays originaires d’autres contrées le droit à la francité, pour peu qu’ils conçoivent leur appartenance à la nation française comme un choix et un engagement uniques et exclusifs de tout autre.

Je suis le fils d’un Harki assez sûr de ses engagements pour pouvoir dire, cinquante ans plus tard : « Si c’était à refaire, je le referais ! » Je suis fils de Harki et fier de l’être, pas seulement parce que j’ai foi en mon père, que je l’aime et l’admire, mais aussi parce que, sachant ce que je sais, j’ai suffisamment d’éléments en main pour pouvoir dire, rétrospectivement et objectivement : « Le combat de mon père et celui d’une certaine France qui ne voulait pas voir brader l’Algérie étaient justes ». Je suis encore plus fier d’être un fils de Harki quand les Harkis sont insultés par leurs ennemis ; et je suis un kabyle solidaire des Kabyles quand la Kabylie est martyrisée. Mais, par-dessus tout, je suis français, et plus encore lorsqu’on crache sur la France. En ces temps difficiles pour la France, je me sens plus que jamais français.

Français voulant, donc français étant, je suis français d’une appartenance nationale exclusive de toute autre et que personne, jamais, ne pourra me contester et dont jamais personne ne pourra me détourner (8). Si la France devait, et ce jour ne me paraît pas si lointain, soutenir un conflit armé et mobiliser ses fils pour la défendre, je répondrais à son appel, et mes enfants avec moi, sans aucun état d’âme ni aucune restriction mentale.

Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour nombre de Français issus de l’immigration européenne ou africaine qui pratiquent la double allégeance. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour ces enfants d’immigrés espagnols, italiens, portugais ou autres, qui masquent leur ingratitude envers la France en l’accusant d’avoir exploité leurs parents alors qu’elle leur a donné l’asile quand ils fuyaient la dictature et la misère, et qui en tirent argument pour justifier leur attachement prioritaire sinon exclusif à leur pays d’origine. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour tous ceux qui dissimulent leur attachement à la patrie d’origine de leurs parents ou leur haine de la France sous une improbable nationalité européenne. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour beaucoup de ces Juifs français, pour la plupart originaires d’Afrique du Nord, qui vouent un tel culte au mythe du « grand » Israël qu’ils en sont devenus les plus sûrs freins à un règlement de la question palestinienne. Je ne suis pas sûr qu’il en soit de même pour la plupart de ces musulmans français doublement attachés, eux, à leur pays d’origine et à l’oumma, et pour qui la carte nationale d’identité n’est qu’un sésame qui leur permet de profiter ici d’avantages qu’ils ont été bien incapables d’instituer dans leur propre pays.

Fils d’un noble paysan kabyle qui a hérité de ses ancêtres aux vertus guerrières la volonté et la force, quand les circonstances l’y obligeaient, de lâcher le manche de la charrue et de saisir celui du glaive pour le salut de sa famille, et qui, en des temps difficiles et des circonstances décisives, a choisi la France et lui est resté fidèle bien qu’elle se soit comportée avec lui comme une indigne marâtre, je suis héritier et dépositaire des prérogatives et des responsabilités découlant de ce choix courageux et assumé. Et chaque heure, chaque jour qui passent me font un peu plus Français et un peu moins Kabyle. Je ne m’en réjouis ni ne m’en plains : je le constate, tout simplement. Pour qu’il en fût autrement, il eut fallu que la Kabylie restât française. C’est ce que l’Histoire n’a pas voulu. Il n’y a pas à revenir là-dessus.

Partie 1/3 – Partie 2/3

8. N’en déplaise à ceux qui veulent faire peur aux Harkis fidèles à la France en leur suggérant qu’un jour celle-ci les chassera. Et n’en déplaise à tous les renégâts et à leurs complices révisionnistes de l’Histoire qui essaient de faire croire aux enfants de Harkis que la France n’est pas leur pays.

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8 Comments

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  • Rolland , 3 juin 2012 @ 16 h 46 min

    Bravo Kader. Je signe des deux mains. Dans ma jeunesse, dans une école marocaine, je me battais avec mes copains marocains à la récré. Mais nous partagions le même cornet de pois chiches 10 minutes après. Je serais étonné qu’en sortant du tribunal aujourd’hui pour cause de “Racisme” nous puissions partager le même cornet et que le tribunal ait pu règler le problème. Il faut commencer par supprimer les Lois anti-racistes (proposées par un communiste donneur de leçon) et nous laisser vivre.

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