Politique et religion, quel rapport ?

Tribune libre de Cyril Brun*

Avec la relance de la question de la laïcité, les artifices de débats sociétaux, se pose pour la énième fois la question du rapport entre le politique et la religion.

La politique est avant tout un service rendu à la personne humaine, en tant qu’elle est garante du bien commun. Ce qui signifie qu’il n’appartient pas à la politique de décider si l’homme est religieux ou non ; elle doit garantir la vérité sur ce point. Le fondement du rapport entre religion et politique est donc antérieur au rapport lui-même. Il s’agit bien sûr de répondre à la question anthropologique fondamentale, l’homme est-il religieux ? Or derrière cette question s’en cache une autre. Si l’homme est religieux, il appartient donc à la dignité de l’homme de pouvoir vivre librement sa religion. Se pose alors la question encore plus fondamentale : si la religion appartient à la dignité de l’homme cela veut dire que cette religion correspond à la vérité profonde de l’homme et doit l’épanouir. Tel est donc le critère de vérité de la religion et par là d’une religion en particulier.

La relation politique et religion ne peut donc pas être neutre parce qu’elle suppose de la part du politique de garantir la liberté de religion, mais aussi de veiller à ce que cette liberté ne soit pas contraire à la vérité de l’homme. On en revient au sens premier de la politique : la politique doit s’intéresser à l’homme dans sa vérité parce qu’elle est le garant de son bonheur. Le responsable politique ne peut pas être un simple technicien. Aussi, le politique ne doit-il pas se soucier du rapport avec la religion, puisque celui-ci lui est dicté par le bien commun. Mail il doit se soucier de chercher la vérité sur ce qu’il y a de meilleur pour l’homme et si la religion entre dans ce « meilleur », il n’ a d’autre choix que de le promouvoir. Dans le cas contraire, il devra la combattre.

Ainsi donc, la religion EST un enjeu de société capital. Ceux qui la croient nocive ont raison de la combattre ; ceux qui la croient vitale ont le devoir de la promouvoir. C’est aussi le jeu de l’arène politique. La question n’est donc pas, pour tout responsable politique, ce qu’il doit faire face à la religion, mais comment se positionner face à elle : “pour ou contre ?”. C’est bien le combat que mènent de façon cohérente les antireligieux. Il appartient donc aux religions de se battre pour montrer que leur foi est celle qui conduit effectivement l’homme à son bonheur en respectant sa vérité propre.

Se pose alors dans le contexte du relativisme et de la tolérance ambiante, la double question de la laïcité et de la liberté religieuse. Le débat franco-français masque ce rapport étroit du politique et du religieux et surtout, dédouane le politique vis-à-vis de la religion. Liberté religieuse et laïcité devraient aller de pair, or elles semblent de plus en plus s’opposer. Ce qui est cohérent avec l’émergence d’un certain concept de laïcité qui sous couvert de liberté religieuse souhaitait s’émanciper de la religion.

Le dilemme n’est pas mince car si le politique a le devoir de garantir la liberté religieuse, peut-il réellement être laïc, puisque ce devoir repose sur l’adéquation entre la vérité de l’homme et la vérité de la religion ? Peut-on garantir le Bien Commun réel sans tenir compte de cette vérité sur l’homme, si cette vérité englobe la religion ? Ainsi, le relativisme religieux en politique est-il contraire à l’essence même du politique. Encore une fois, les hérauts d’une laïcité athée et anticléricale l’ont bien et justement compris. Mieux sans doute que nombres de croyants engagés en politique.

*Cyril Brun est le délégué général de l’Institut éthique et politique Montalembert à Paris.

Photo : la mairie et l’église de Montbazon (Indre-et-Loire).

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22 Comments

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  • Jean de Sancroize , 4 mars 2013 @ 12 h 40 min

    Dans certains pays la religion est un parti politique – ex. certains pays dits islamistes -.
    Le meilleur des partis serait pour moi, le parti de l’Unique, celui du Seigneur Dieu, le Tout-Puissant; Celui qui casse et cassera les reins des enfants du diable.

  • Gisèle , 4 mars 2013 @ 12 h 52 min

    Qu’ on le veuille ou non , la religion chrétienne et la politique sont complémentaires en France .
    Le code pénal s’appuie sur les 10 commandements , quoiqu’on en dise …….
    L’Islam c’est autre chose ….. l’Islam est une religion globale .

  • pauledesbaux , 4 mars 2013 @ 13 h 36 min

    BIEN QUE CATHOLIQUE PRATIQUANTE? nous sommes une republique laique et nous voulons le rester, ceux qui ,veulent nous imposer leur religion nont pas droit dhabiter la FRANCE qui les accueille pour quils vivent ils bénéficient déjà de nos impots via les aides sociales MERCI NOTRE REPUBLIQUE LAIQUE merci mon dieu n en demandez pas plus et surtout n oubliez pas de dire UN GRAND MERCI pour toutes les allocs que vous recevez ok C EST CLAIR OU PAS ,

  • Charly , 4 mars 2013 @ 20 h 44 min

    Nous ne sommes plus en république laïque mais en république laïciste. C’est très différent.

  • degabesatataouine , 4 mars 2013 @ 22 h 12 min

    Intéressant mais de question en question qui définit la” vérité de l’ homme”,”la dignité de l’homme ” “le critère de vérité de la religion” ?

    Dans l’histoire de l’humanité la plupat des communautés ont eu une religion d’état y compris la France,assurant une plus grande homogénéité de pensée à la population .

    Hors de ce système ou hors d’une idéologie d’état remplaçant la religion ,ce qui semble moins durable, il ne reste que le multi culturalisme religieux aussi néfaste que les autres multi- culturalismes.et la concurrence entre églises qui font que le Guatemala qui était il y a quelques décennies 98% catholique est maintenant majoritairement protestant, les sectes américaines manipulées par la Cia faisant bien leur boulot comme elles le font en France ou ailleurs.

  • Hugues , 5 mars 2013 @ 8 h 48 min

    Cyril,

    Sous la monarchie, cette question ne se posait pas. Elle se pose donc depuis que les sanguinaires révolutionnaires ont coupé la tête du Roy de France.

    Tout n’était pas parfait, loin s’en faut. Mais ce qui est arrivé après est bien pire. De plus en plus, le politique fait des intrusions dans le domaine religieux en votant des lois scélérates, interdisant par exemple le port de signes religieux ostentatoires pour les chrétiens, alors que ces lois ne devraient concerner que les non chrétiens.

    Lorsque la France était catholique, la religion d’Etat était le catholicisme et ce n’était que justice.

    Aujourd’hui on donne satisfaction à des communautés minoritaires au détriment des chrétiens, ce qui est inouï…

  • Charly , 5 mars 2013 @ 8 h 49 min

    Politique et religion, quel rapport ?
    Oui, la religion c’est aussi de la politique. L’effacement des évêques de France depuis Vatican II a abouti à une chute de la pratique religieuse qui a coïncidé avec l’adoption de lois mortifères comme l’I.V.G.
    En revanche, la mobilisation des évêques le 17 janvier dernier a été, avec internet, un facteur de mobilisation.
    La question est tant que les catholiques ne se constitueront pas en force politique (ce n’est pas un gros mot) indépendante des partis actuels, les laïcistes et francs-maçons de tout poil feront ce qu’ils veulent.

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