Le naufrage de la France soviétique

Tribune libre de Philippe Herlin*

Dix centimètres de neige et la France est bloquée ! Enfin, une grande partie avec la Normandie, le Nord – Pas-de-Calais, la Picardie, l’Île-de-France. Les routes sont impraticables, avec des naufragés qui passent la nuit dans leurs voitures, des trains sont à l’arrêt en pleine voie, et qui servent de dortoir, même les TGV et le Thalys, fleuron de la technologie, restent à quai, à Paris les banlieusards ne savent pas s’ils pourront rentrer chez eux, plus de 100 000 foyers sont privés d’électricité.

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Le pire est que cet épisode neigeux, qui n’a rien d’extraordinaire hormis sa survenance tardive, était prévu depuis deux jours par Météo France ! Où étaient les saleuses ? Les chasse-neiges ? Quelle coordination fut mise en place, ne serait-ce que pour interdire aux poids lourds de circuler ?

Depuis 1998 les collectivités locales ont embauché un demi-million de fonctionnaires, où étaient-ils hier ? Les impôts locaux n’ont cessé de grimper, où se trouvaient les services de secours ? Les communautés de communes et d’agglomérations recouvrent le pays, les régions et les départements prétendent s’occuper de notre vie quotidienne, quelle organisation a été mise en place pour faire face à ce type d’événement ? Rien, rien de rien.

Ce naufrage est celui d’une France qui vit à l’abri de son statut et de la concurrence, et finalement déconnectée de la réalité. Pitoyable, la SNCF qui balance un communiqué enjoignant aux banlieusards de ne pas se rendre à Paris, à 8h20 alors qu’ils sont déjà partis ! Scandaleuse, la RATP dont plusieurs lignes tombent en panne à cause de quelques flocons. Ridicule, ce camion de ERDF qui patine dans la neige et qui sera aidé par un agriculteur et son tracteur. Grotesques tous ces tramways payés une fortune et incapables de rouler.

“Surtout n’essayons pas de sauver cette France soviétique ! Parce que c’est impossible, et que le meilleur service à rendre à la France consiste à s’en débarrasser.”

La France des “services publics que le monde entier nous envie” a fait naufrage mardi. Cela ne concerne d’ailleurs pas que les transports, dont l’épisode actuel ne sert que de révélateur, mais aussi les hôpitaux publics dont les urgences sont congestionnées et qui parquent les malades sur des brancards dans les couloirs. Également la Sécurité sociale, dont les comptes dérivent de plus en plus, et notre système de retraite par répartition qui est au bord de la faillite.

Toute cette “France soviétique” trouve sa source en 1944 dans le programme du CNR (Conseil national de la résistance) et dans le premier gouvernement d’après-guerre, tous deux fortement influencés par le Parti communiste. C’est alors que sont créés le très néfaste statut des fonctionnaires, la sécurité sociale obligatoire, la retraite par répartition, les syndicats dits “représentatifs”, les nationalisations-spoliations pour constituer ces bastions syndicaux coûteux et inefficaces (SNCF, RATP, EDF), et ce mythe de l’État omnipotent sachant ce qui est bien à la place des citoyens.

La croissance des Trente glorieuses permit de financer cette bureaucratie inefficace, ensuite ce fut la dette publique, qui lui doit la part majeure de son montant. Et maintenant ? L’argent manque et cette France soviétique entre en déliquescence accélérée.

Surtout n’essayons pas de la sauver ! Parce que c’est impossible, et que le meilleur service à rendre à la France consiste à s’en débarrasser. Une France moderne qui veut retrouver son dynamisme et faire sa place dans la mondialisation doit définitivement faire une croix sur ces lubies marxistes d’un autre âge. C’est une victoire à remporter sur nous-mêmes, mais nous avons tout à y gagner.

*Philippe Herlin est chercheur en finance. Il est l’auteur de France, la faillite ? Les scénarios de crise de la dette.

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32 Comments

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  • xanpur , 16 mars 2013 @ 21 h 16 min

    Oui enfin le royaume unis, patrie des banquiers Rothschild.
    Et ce n’est pas la banque d’Angleterre notre créancier

  • philippe , 17 mars 2013 @ 0 h 06 min

    Mon cher Dodds je n’aurai pas la cruauté de vous demander avec quelle majorité du corps électoral nos “élites” sont élues.
    Piètre démocratie que la nôtre.

  • MarcS , 17 mars 2013 @ 16 h 15 min

    Frédéric, vous avez en grande partie raison notamment lorsque vous dites que certains pays s’en sortent mieux que d autres (cf la Suisse l Allemagne, la Hollande et les pays du Nord dune manière générale) mais ces pays n ont pas complètement abandonné la règle universelle qui est que :
    LE TRAVAIL VA LA OU IL Y A LE SAVOIR FAIRE ET LE VOULOIR FAIRE ET MËME LORSQU IL TROUVE CES DEUX CONDITIONS REUNIES, IL SE DIRIGE DE PREFERENCE LA OU SON COÜT EST LE PLUS FAIBLE;
    Les sociétés qui ont oublié cette règle se retrouvent effectivement dans la situation que vous décrivez, mais ne vous désespérez pas ce sera un jour aussi le tour des sociètés qui aujourdhui l appliquent à fond (Chine, Inde, Brésil….) mais quand ? et alors peut être l auront nous réapprise à nouveau mais que de galère avant quelle produise à nouveau ses bienfaits

  • PAD , 20 mars 2013 @ 23 h 48 min

    Nouvelles de France est libéral-conservateur, pourtant le premier nom tue le deuxième et est beaucoup plus entiché par essence avec les valeurs de gauches; à tel point qu’on peut dire « libéral-socialisme »

    Voici un très beau compte rendu du nouveau livre de Jean-Claude Michéa de l’historien Dominique Venner sur son site:

    » De la Gauche au capitalisme absolue

    Voici un livre très actuel qui mérite le détour. On va vite comprendre pourquoi.

    Jadis, au temps de la Commune de Paris (1871), la gauche n’avait pas encore de nom. Et par surcroit, elle était terriblement divisée. Entre les anciens Communards et ceux qui les avait fait fusiller ou déporter, on se doute que l’entente n’allait pas de soi. Pourtant, les uns et les autres partageaient la même religion du Progrès issue des Lumières. Ils étaient tous des admirateurs de la Révolution française qui avait mis fin à la « féodalité », ce monstre exécré. Ils vouaient une même détestation au parti royaliste et au « parti prêtre » encore puissants. Ils entendaient bâtir un régime républicain, même s’ils divergeaient sur son interprétation. Surtout, ils se séparaient sur la question sociale. En simplifiant les choses à l’extrême, les uns se voulaient « socialistes » (mot inventé par Pierre Leroux en 1834) et les autres étaient libéraux. Ces derniers, bourgeois jacobins et radicaux, fermement attachés au capitalisme naissant et à l’individualisme des droits de l’homme, traitaient les autres de « partageux ».

    Ces deux grandes branches opposées de la gauche française conclurent en 1899, au temps de l’affaire Dreyfus, un pacte de « défense républicaine » devant la crainte (illusoire) d’un coup de force de la « réaction ». Tel fut l’acte de naissance de la gauche française qui n’allait pas cesser par la suite de se diviser et pourtant de se retrouver au nom de la même « défense républicaine » sous les diverses républiques. Le parti communiste, créé en 1920, dans le sillage de la révolution bolchevique de Russie, ajouta sa partition discordante à ce concert. Au-delà de conflits internes souvent féroces, la gauche était cependant unie par le rejet de la droite, incarnation de l’ancien monde déchu mais toujours menaçant, dont le fascisme historique ne fut jamais qu’un avatar aux yeux de ceux qui ne cédèrent pas à son aimantation entre 1925 et 1945 (1).

    Dans son nouvel essai, Jean-Claude Michéa rappelle cette histoire ancienne pour souligner à quel point elle appartient à un passé révolu (2). Cet esprit libre ne masque pas sa nostalgie de la gauche disparue. Grand lecteur de Marx ou Engels, mais aussi d’Orwell, il propose une interprétation convaincante de l’immense révolution interne vécue par la gauche (et par l’ensemble des société « occidentales ») entre la fin des années 1960 et les années 1980. Cette révolution se caractérise par le ralliement universel de la gauche moderne au culte de la croissance, de la compétitivité, de la mondialisation et du libéralisme culturel, dont le mariage « pour tous », la dépénalisation de la cannabis et la « discrimination positive » sont quelques attributs. Ralliement qui s’accompagne de l’abandon de tout projet d’édification d’une société socialiste.

    Comment expliquer un tel renversement en si peu de temps ? Dans un précédent ouvrage, Le Complexe d’Orphée (3), Michéa avait déjà offert la clef philosophique de ce ralliement. Aveuglé que l’on est par les apparences et les péripéties historiques, on ne s’est pas souvenu que les différentes gauches avaient les mêmes ancrages philosophiques que le capitalisme le plus sauvage. Tous communiaient dans la religion du Progrès issue des Lumières. Tous croyaient religieusement que le passé est détestable et que le lendemain sera toujours mieux qu’hier. Cette « représentation » imprimée dans l’inconscient de gauche signifie que la modernité incarnée par le capitalisme triomphant accomplit aujourd’hui le devenir historique. Impossible donc de refuser cette évidence au risque de paraître coupable d’un sinistre penchant « réactionnaire » au « repli sur soi », à la « peur de l’autre » ou à ces idées « nauséabondes » qui pourraient un jour nous ramener aux « heures les plus sombres de notre histoire ». J’emprunte ce vocabulaire ironique à Michéa lui-même. Mais, comme il le souligne, parlant du capitalisme, « jamais, dans l’histoire de l’humanité, un système social et politique n’avait – en un temps aussi court – changé à ce point la face entière du monde ». Rien n’est plus vrai. En France, depuis les années Mitterrand, l’ancienne gauche a bradé ses rêves socialistes pour épouser l’individualisme fondamental des Lumières qui est celui du libéralisme : les droits de l’homme et la société (y compris la famille) conçue comme un froid contrat révocable entre intérêts privés. Et ce qui est vrai pour la gauche vaut également pour la droite. Il y a longtemps que le clivage gauche-droite ne fait donc plus illusion qu’auprès d’électeurs bernés. Au terme de son essai, Michéa laisse entendre que l’on pourrait entrer dans une nouvelle époque marquée par des révoltes « populistes » échappant à ce clivage désuet.

    Dominique Venner »
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