Hollande et la haine de soi

Tribune libre d’Aristide Leucate*

On se souviendra longtemps de cet exercice de faux-cul auquel s’est livré, ce jeudi 20 décembre, François Hollande en Algérie qui n’a pas hésité, pour qui sait lire entre les lignes de ses propos scandaleux, à traîner la France à Canossa. En déclarant, devant les parlementaires algériens que « pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal (…). Ce système a un nom : c’est la colonisation et je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien ». Et même si Hollande proclame hypocritement son « respect de la mémoire, de toutes les mémoires », on aura beau dire tout ce que l’on veut, son discours montre qu’il a battu la coulpe de la France, ainsi qu’en témoignent les applaudissements nourris qui sont venus ponctuer sa harangue. En prétendant livrer sa « vérité sur le passé, vérité sur la colonisation, vérité sur la guerre avec ses drames, ses tragédies, vérité sur les mémoires blessées », l’ancien député de Corrèze a, de nouveau, administré la preuve qu’il n’est, décidément pas, à la hauteur de sa fonction. On est loin du candidat à la présidentielle qui se réclamait spirituellement et intellectuellement de Mitterrand, lequel, regnante, a toujours obstinément refusé de ceindre le cilice de la méa-culpance, au nom des méfaits supposés de la France, s’inscrivant en cela dans une tradition innovée par Georges Pompidou. François Hollande s’est comporté comme un vulgaire chef de parti. La teneur de ses propos n’est d’ailleurs pas sans rappeler ceux proférés par Martine Aubry au Sénégal (après ceux de Ségolène Royal), lorsque la ci-devant Première secrétaire du PS déclamait, dans un lyrisme de carton-pâte, « reconnaître les crimes et les drames de l’esclavage et de la colonisation », et, péremptoire, au prix d’un négationnisme éhonté, professait que « l’homme est né en Afrique. C’est par ce continent que le monde s’est peuplé ». « C’est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases », s’étonnait Michel Audiard. De la même façon, on peut trouver incongru, chez les néo-socialistes, ce besoin de refaire l’histoire… Mais Hollande a, paraît-il, été élu à la présidence de la République. Aux termes de l’article 5 de notre Constitution, « le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État ». Assigné à cette fonction d’arbitre, le président de la République se doit, en effet, de se situer au-dessus des contingences partisanes, comme de toute faction, et, a fortiori, de toute communauté (voire communautarisme). Ce faisant, c’est parce que cette auguste dignité s’identifie au destin du pays, qu’elle implique une distance par rapport aux hommes comme aux choses. Foin de tout clientélisme, la fonction présidentielle est bien plus qu’un mandat, « c’est une noblesse » estimait François Mitterrand. À l’évidence, l’ex-Président du Conseil général de Corrèze, n’a pas pris la mesure de sa fonction. Indéterminé, indécis, hésitant, François Hollande a, depuis le début de son mandat, déployé toute l’étendue de son incompétence. Rampant comme il fit devant Bouteflika il a engagé la réputation et l’honneur de la France, et commis assurément un acte inconsidéré, que l’on aurait naguère qualifié de haute trahison. Les mots sont pesés, tant les conséquences d’une telle flagellation sont lourdes de conflagrations futures pour le tissu national déjà passablement lacéré par une immigration massive (dont l’Algérie est un des principaux pourvoyeurs), elle-même marchepied d’un processus lent et continu de transformation ethnique et culturelle de la société européenne. Au lendemain du 6 mai 2012 où l’on vit la place de la Bastille battue par des drapeaux algériens, tunisiens, mauritaniens, etc., le Bloc identitaire lança une campagne dénommée « Hollande n’est pas mon président ». Après quelques mois de mandats, Hollande incarne plus que jamais la haine de soi à laquelle les allochtones de l’autre bord de la Méditerranée répondent par une hostilité conquérante. Hollande réside à l’Élysée. Il ne préside pas la France.

*Aristide Leucate est Docteur en droit, journaliste et essayiste.

Lire aussi :
> Le discours que j’aurais voulu qu’Hollande fasse devant Bouteflika, par Nathanaël Rosenfeld
> Histoire des rapports France-Algérie ou l’infamie d’une repentance illégitime (12 et 3), par François Préval

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65 Comments

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  • ranguin , 25 décembre 2012 @ 6 h 56 min

    A faire suivre à la gauche qui a tendance à avoir des pertes de mémoire

  • ranguin , 25 décembre 2012 @ 7 h 03 min

    Ce qui prouve que nos hommes politiques ne savent rien.

  • orsomani , 25 décembre 2012 @ 10 h 31 min

    Toutes ces populations misérables et désespérés qui par le ciel et par la mer assiègent nos frontières et peuplent nos banlieues sont ils des victimes du Colonialisme ou de la Décolonisation ?
    De la Décolonisation ,toquard de président ! ___allez prouver le contraire

  • Dominique , 28 décembre 2012 @ 17 h 24 min

    Mais il y a un parti islamiste en répubilque française : le PIRE !

  • ranguin , 28 décembre 2012 @ 19 h 20 min

    De quel côté Poitiers ?

  • Jo , 30 décembre 2012 @ 0 h 30 min

    Ayant vécu au Maroc et en Afrique noire, j’ai entendu cette réflexion souvent, dans plusieurs milieux, sous différentes formes.
    Lorsque mes parents ont définitivement quitté le Maroc, leurs voisins marocains les suppliaient de rester en demandnat un permis de séjour définitif. Quant à la femme de ménage, elle n’a jamais retrouvé de travail, car travailler chez un “roumi” était une sinécure par rapport à ce qu’enduraient ses collègues travaillant chez leurs compatriotes.
    Lorsque je présentais à mes employés le cadre “local” qui allait remplacer un cadre “expatrié”, ils venaient me voir en douce pour se faire muter dans un service restant dirigé par un toubab.
    Et ne parlons pas du succès de jeunes médecins importés pourtant moins capables que de vieux médecins africains, de la méfiance des passagers lorsqu’ils voyaient un équipage local prendre les commandes de l’avion, etc.
    Observons que le manque de cadres africains en nombre et en qualité suffisants a été le fait d’une politique inadaptée de la métropole qui n’a pas pris les bonnes décisions dès le début, préférant envoyer sur place de jeunes fonctionnaires …

  • Jo , 30 décembre 2012 @ 0 h 40 min

    Je ne sais pas pourquoi vous traitez Mitterand avec tant de mépris. Certes il traine quelques affaires croustillantes (fille cachée, maîtresses), loufoques (Observatoire), ambigues (“suicides” de proches), et a laissé se développer un affairisme extravaguant, mais au moins il connaîsssait l’histoire et sa complexité, les hommes et leurs calculs, et n’avait aucun goût pour la repentance ni pour lui-même ni pour notre pays.

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