Sondages, immigration, nucléaire : entretien avec Christian Vanneste

Christian Vanneste, le baromètre Opinion Way pour Métro France donne ce matin 28% d’opinions favorables à Nicolas Sarkozy contre 33% pour Marine Le Pen. Que vous inspire ce record d’impopularité du Président de la République ?

C’est très très mauvais… Les Stoïciens disent : il y a ce qui dépend de moi et ce qui ne dépend pas de moi. Là, c’est pareil. Les explications conjoncturelles à cette impopularité ne sont pas surprenantes. Je pense notamment aux crises financière, économique et de l’euro qui angoissent les Français et éveillent leur doute sur la qualité de leurs dirigeants. Ils sentent bien que ceux qui nous dirigent, dans l’Union européenne, n’ont pas prévu tous ces événements et qu’ils réagissent mollement. Les Européens se rendent compte que l’Europe est en déclin. Cela explique la réaction droitière à laquelle nous assistons. C’est une réaction anti-déclin tout à fait hostile aux dirigeants de droite (en France et en Allemagne) et de gauche (en Espagne).

Pensez-vous que les Français souffrent des effets de la crise ?

Tout à fait. Je pense notamment à la perte de pouvoir d’achat des retraités. Quand on a un certain niveau de vie, et c’est le cas des hommes politiques, on ne s’en rend pas compte. La hausse du coût de l’énergie est aussi quelque chose de terrible pour nos compatriotes retraités. Hier, un habitant de ma circonscription me disait : “maintenant, je suis obligé de calculer”. Un autre m’expliquait : “je fais attention à mes dépenses d’alimentation”. C’est très récent, je n’entendais pas ce type de parole avant, tout du moins dans la bouche de personnes qui ont eu un travail toute leur vie, qui ne vivent pas en marge de la société. Je pense aussi au chômage des jeunes, y compris des jeunes diplômés qui ont du mal à rentrer sur le marché du travail. Enfin, il y a le problème du coût du logement.

La politique de Nicolas Sarkozy est-elle en cause ?

Les Français rejettent ce qui est propre au style même de la politique française : une mauvaise lecture du rôle de Président par Nicolas Sarkozy. L’autre jour, Brice Hortefeux m’a engueulé : “tu as dit ‘le président parle trop’. Et oui, à force de parler tout le temps, il affaiblit la portée de sa parole. Et on ne se souvient même plus des bonnes réformes de ce gouvernement, je pense par exemple à celle de l’entrepreneur indépendant à responsabilité limitée. Durant ce quinquennat, on a brouillé notre message par des annonces qui ne vont pas dans l’intérêt de la France ni d’ailleurs dans le sens de notre électorat.

Par exemple ?

La taxe carbone. C’était une connerie ! Comme si c’était le moment d’alourdir les coûts des produits fabriqués en France… Il aura mieux fallu une TVA sociale sur les produits importés. On a fait peur à nos entrepreneurs… Pas étonnant, Borloo (ministre d’Etat, ministre de l’écologie de juin 2007 à novembre 2010, NDLR) est un artiste de la confusion. Je pense aussi aux débats inutiles comme celui sur la laïcité…

Ce débat que souhaite organiser Nicolas Sarkozy est-il selon vous une tentative de récupérer l’électorat du FN ?

On n’a pas attendu le FN pour parler de sécurité. On a laissé croire que prendre un certain type de position, c’est être FN. Eh bien pas du tout, c’est dans la culture gaulliste dure qui plaisait aux électeurs, le RPR si vous voulez. Il n’y avait pas de FN à l’époque… Mais l’ouverture à la gauche, la période écolo et toute une série de messages contradictoires font que Nicolas Sarkozy n’arrive plus à reprendre la main.

 

 

Reprendre la main, ça n’est pas ce qu’a voulu faire Chantal Brunel quand elle a suggéré “de remettre dans les bateaux” les immigrés “qui viendraient de la Méditerranée” ?

Il faut souligner le rôle des médias dans cette polémique. Il y a un décalage évident entre les médias, très à gauche, qui ont tendance à rechercher des dérapages du FN même quand il n’y en a pas et la population française. Chantal Brunel vient du giscardisme dur et cette phrase lui a échappé parce qu’elle le pense vraiment, comme nos électeurs. Les clandestins n’ont rien à faire chez nous. C’est la politique de Nicolas Sarkozy. Il s’agit juste d’une formule un peu forte pour dire “vous les renvoyez chez eux”. Les médias en ont fait un dérapage alors qu’il s’agit simplement d’une expression imagée. Mais je le répète : les clandestins n’ont rien à faire ici.

Une réaction au chaos japonais ?

J’ai de l’admiration depuis toujours pour la civilisation, la culture et la dignité des Japonais. Le courage, leur abnégation doivent être un exemple pour nous.

La question nucléaire est réouverte depuis la fin de la semaine dernière. Quelle est votre position sur ce sujet ?

Je suis pour tous les débats et celui-ci me paraît beaucoup plus d’actualité que le débat qu’on nous prépare sur la laïcité. Débattre, c’est quelque chose de sérieux et cela permet d’éviter que les zozos écolos occupent le terrain avec leurs idées superficielles et qu’ils ne surfent sur l’émotion et le simplisme. Attendons de voir ce qui se passe au Japon et tirons-en toutes les conclusions qu’il faudra. Pour ma part, je ne crois pas qu’un nuage de vapeurs radioactives au-dessus d’une zone vidée de sa population soit plus dangereux que la mine pour un mineur… Aucune énergie n’est sans danger ou conséquence fâcheuse. Je pense par exemple à la biomasse qui renchérit le coût des aliments donc qui appauvrit les plus pauvres. Sauf catastrophe épouvantable au Japon, nous devons considérer que l’énergie nucléaire a beaucoup d’avantages. Par exemple, elle est dé-carbonée donc ne réchauffe pas la planète. Je ne suis bien entendu pas hostile à la multiplication des options et prêt à considérer que l’énergie nucléaire n’est qu’une option parmi d’autres.

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