Yannick Favennec : « si le gouvernement ne nous écoute pas, nous allons finir par nous révolter ! »

Les tergiversations du gouvernement, le député UMP de la Mayenne Yannick Favennec n’y comprend rien. Ça tombe bien, nous non plus. Entretien avec un élu au moins autant désabusé que ses électeurs…

Yannick Favennec, vous êtes sérieux quand vous parlez de “Printemps des Députés” sur Twitter ?

Il ne vous aura pas échappé que c’est un clin d’œil fait à l’actualité. J’ai utilisé un terme choc pour demander au gouvernement d’entendre la base, les députés de terrain, qui chaque jour, sont au contact des Français. Si le gouvernement ne veut pas nous écouter, nous allons finir par nous révolter ! Comme députés, nous faisons remonter ce que nous entendons sur les marchés, dans notre permanence. Bien sûr, tout n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais nous arrivons à déceler des tendances…

Vous écrivez qu’on vous prend “pour des cons”

Je n’ai pas aimé que François Baroin affirme mercredi matin que les députés ont mal interprété les propos de Claude Guéant. Les paroles du ministre de l’Intérieur sont claires, non ?

Nous-même, les journalistes, nous avons du mal à suivre…

C’est clair qu’il y a un problème ! On nous annonce mardi qu’on suspend l’enlèvement des panneaux et mercredi, en conseil des ministres, on nous explique que l’idée initiale est maintenue et que les députés ont mal interprété les propos de Claude Guéant… 

Faut-il y voir une guéguerre entre deux clans : celui des “sarkozystes” et celui des “fillonistes” ?

Peut-être. A vous d’en tirer les conséquences, en fin observateur de la vie politique. Mais vous savez, les gens, ils ne perçoivent pas ça de cette manière…

Est-ce que cette mesure réglementaire d’enlèvement des panneaux radars, ça n’est pas LA mesure de trop pour les Français ?

C’est le sentiment que ça donne. La méthode est mauvaise. La réaction du gouvernement a été trop rapide et émotionnelle, ce qu’on peut comprendre car la recrudescence des accidentés de la route ne peut laisser indifférent. Mais enfin, ça n’est pas en prenant tout de suite des dispositions sans la moindre réflexion qu’on va résoudre le problème de cette hausse des accidentés de la route. Il aurait fallu isoler et analyser les différents facteurs de cette hausse : l’alcool au volant, la prise de stupéfiants, le téléphone portable… Il aurait fallu commencer par ça ! Il y a un problème, il faut chercher à savoir d’où il vient et ensuite seulement, il faut prendre des mesures. Le résultat de cette absence de méthode, c’est la cacophonie actuelle !

« On pénalise 100% des Français pour 10% qui font des conneries ! »

Certains accusent les députés qui donnent de la voix contre l’enlèvement des panneaux indicateurs de radars d’être des affreux électoralistes. Vous vous sentez visés ?

Non. J’ai voté contre l’assouplissement du permis à points car je pensais que c’était ouvrir une boîte de Pandore et que cela entraînerait un relâchement du comportement des automobilistes. Là, on s’attaque seulement à la vitesse alors qu’on ne sait pas à quoi est due cette hausse du nombre d’accidentés. Bref, on pénalise 100% des Français pour 10% qui font des conneries !

Vous recevez beaucoup de courriels d’électeurs mécontents ?

C’est vrai que j’en reçois beaucoup. J’ai aussi des réactions quand je suis sur le terrain même si celles-ci sont nuancées : on me dit, il faut sévir mais pas nous prendre pour des vaches à lait. Bref, qu’il faut adapter la situation au problème et pas le problème à la situation ! Et puis, ces dispositions pénalisent tout particulièrement le monde rural qui ne dispose souvent pas d’autre solution que la voiture pour se déplacer. Cette disposition réglementaire stigmatise ses habitants.

Un député élu dans une circonscription rurale qui tweete, ça n’est pas un petit peu étrange ?

Vous trouvez ? Je ne suis pas dans une démarche rétro, de carte postale jaunie. Je sais que mon Twitter est peu lu par mes électeurs et davantage par des journalistes parisiens. Mais il rentre dans une démarche globale, celle de rendre des comptes. Je dispose pour cela d’un blog et le Twitter vient en complément. Je souhaite fonctionner de façon transparente et communiquer à ceux qui le souhaiteraient mon agenda d’élu de la nation.

C’est vraiment vous qui tweettez, ou c’est un assistant parlementaire ?

C’est moi ! Mon blog est rédigé par un assistant car l’actualiser prend du temps que je n’ai pas. Les titres de mon blog sont automatiquement tweettés mais pour le reste des tweets, quand je dis “je”, c’est moi !

Vous animez le collectif de députés “la Droite rurale” sur le modèle du collectif “la Droite populaire”. Quel est son objectif ?

A travers ce collectif, nous souhaitons peser sur le programme de notre candidat pour 2012, pour tout ce qui concerne la ruralité. Nous avons l’ambition d’alimenter le projet présidentiel avec certaines propositions sur lesquelles nous planchons actuellement. Au sein du groupe UMP à l’Assemblée nationale qu’il préside, Christian Jacob a chargé Pascale Gruny, la suppléante de Xavier Bertrand, et moi-même d’animer un groupe de travail sur le développement des territoires ruraux. Nous effectuons des auditions d’acteurs du monde rural et d’experts et présenterons nos propositions lors de la convention sur la ruralité organisée par l’UMP le 14 juin prochain.

Le collectif parlementaire de la Droite rurale, combien de divisions ?

50 députés en font partie. Une vingtaine assistent à nos réunion trans-organisations informelles.

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