Expo à Paris/ Dessiner d’après les maîtres

« Une bonne imitation est une continuelle invention », dit Louis, le fils de Jean Racine, propos qui ne serait pas apprécié de la plupart de nos artistes contemporains dont la seule ambition est : surprendre, faire du nouveau et surtout ne rien devoir à personne.

L’exposition de l’Ecole des Beaux-Arts nous montre que les peintres les plus novateurs ont toujours dessiné d’après les maîtres des époques précédentes, seule vraie façon d’étudier leur technique et de se constituer un corpus de reproductions quand la photographie n’existait pas.

Copier ou s’inspirer des maîtres n’a jamais amoindri le talent de personne. Ainsi, quand Fragonard isole et transpose des figures d’un tableau du Dominiquin peint plus d’un siècle avant sa naissance, il rend ces personnages typiquement fragonardesques et Boucher montre une vigueur inattendue (quand on le connaît mal) en traitant à la sanguine des éléments d’une mosaïque de Saint-Pierre de Rome. Sanguine, crayons, lavis et aquarelle rehaussée de blanc sont très employés et Géricault use avec dextérité de la plume pour une vigoureuse évocation des sculptures de la Chapelle Médicis à Florence – ici, il ne s’agit pas de copie – assez proche, finalement, des dessins de Michel Ange lui-même, très hachurés et bien loin du sfumato de Vinci.

L’exposition, petite mais riche, permet d’autres découvertes instructives. Il paraît qu’elle est très visitée par les élèves des Beaux-Arts. On s’en réjouit.

  • Dessiner d’après les maîtres.Jusqu’au 13 avril 2018, école des Beaux-Arts de Paris, Cabinet des dessins Jean Bonna.

Chard -Présent

Photo : Pierre-Charles Trémolières (Cholet, 1703 – Paris, 1739), Nymphe ou Vénus surprise par des satyres, d’après Nicolas Poussin.

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