Ça y est, nous l’avons fait, nous avons marché pour la vie! (Vidéo)

Ça y est, nous l’avons fait, nous avons marché pour la vie le 20 janvier dernier. Le lendemain, une chroniqueuse de France Inter, Sophia Aram, confiait sur l’antenne publique avoir passé « un dimanche pourri » parce qu’il y avait « plein de familles (…) qui sautillaient partout avec des enfants ». Et ça, c’est horrible à tel point que, Sophia Aram le dit, cette Marche pour la vie lui donne une « envie irrépressible » de mettre fin à la sienne.

Bref, comme d’habitude, la Marche pour la vie a donné lieu à de nombreux commentaires et si, étonnement, certains médias ont su traiter l’information avec une certaine objectivité, la Marche a été l’occasion, comme chaque année, de quelques jours de commentaires trempés dans l’acide, d’invectives et de manœuvres politiques. Que l’on ne s’y trompe pas, le fait que plusieurs dizaines de milliers de personnes soient capables, en dépit de la pression médiatique et politique, de remettre en cause l’avortement et tout ce qu’il implique sur les plans politique et moral est loin d’être anecdotique. Au fond, ce n’est pas seulement la loi Veil qui est mise en cause mais, plus largement, une certaine vision de ce que sont l’homme et la liberté. Si bien que les mêmes qui affirment que l’avortement est un acquis incontesté et incontestable se pressent de s’offusquer de la Marche pour la vie et de s’inquiéter de ce qu’ils considèrent comme une menace pour les droits des femmes. Et ils ont raison de s’inquiéter, pas pour les femmes évidemment, mais parce que la remise en cause de l’avortement est aussi une remise en cause de la logique individualiste et libertaire qui l’a rendu possible.

Plus encore, et depuis des années, l’avortement est l’un des points de crispation, la limite extrême à ne pas franchir pour demeurer dans le camp des gens fréquentables. Même l’immigration, question pourtant à haute tension elle aussi, est largement plus débattue dans la presse et sur les plateaux de télévision.

Nous avons donc assisté sans surprise, au lendemain de la Marche pour la vie, à une série de tentatives de diabolisation, d’une part, et de justifications hasardeuses, de l’autre. Comment faire en effet, lorsque l’on a une carrière à suivre, une réputation à tenir et que, parce que l’on est associé à la « droite catho », on est soupçonné d’être contre l’IVG ? Que faire quand, sans oser s’afficher à la Marche pour la vie, on la soutient quand même un peu parce que l’on sent bien que l’avortement est un problème mais qu’on ne peut le formuler ainsi ? Il y a deux options possibles. La première, c’est la formule « Banalisation », un peu bancale mais qui peut faire ses preuves pourvu que l’on ne vienne pas chercher de trop près la petite bête de la cohérence. Elle consiste à s’exclamer en disant qu’effectivement l’embryon est un être humain digne de respect dès sa conception mais que l’on n’est vraiment pas du tout contre le progrès ni contre les femmes et qu’à ce titre, on n’est évidemment pas pour l’abrogation de la loi veil mais seulement contre la banalisation de l’avortement. Ce qui revient, soyons honnêtes, à dire que l’on peut tuer des gens innocents mais seulement si c’est exceptionnel. À partir de combien d’avortements par an l’acte passe d’exceptionnel à banal ? La question reste entière à ce jour…

La deuxième option, chérie des politiques, est celle de la conviction personnelle. Une formule qui passe assez bien dans une société laïcarde mais qui finit toujours mal parce que, toutes personnelles qu’elles puissent être, certaines convictions ne sont décidément pas permises si l’on veut exister publiquement en France. Cela consiste à dire que l’on est contre l’avortement mais que c’est seulement une conviction personnelle, sous-entendu, une conviction que l’on s’efforcera d’oublier dans nos actes et nos discours publics. De deux choses l’une : ou bien l’on considère effectivement que l’avortement supprime une vie innocente, auquel cas l’on s’efforce de faire évoluer la société vers un vrai respect de la vie humaine parce que ne rien dire relève en réalité de la non-assistance à personne en danger, ou bien l’on considère que l’acte même de l’avortement est trop anodin pour être porté dans le débat public, auquel cas il est carrément inutile de prendre la peine d’être contre, même à titre personnel.

Nous choisissons résolument une autre voie, celle de la cohérence, une cohérence anthropologique, politique, spirituelle même, quoiqu’il puisse nous en coûter. Et nous songerons à notre réputation dans une autre vie !

Adélaïde Pouchol – L’Homme nouveau

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