ET SI ON RECONSTUISAIT LE CHATEAU DE SAINT-CLOUD

Le château de Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine, haut lieu de la royauté et de l’épopée napoléonienne (Bonaparte y fut proclamé empereur le 18 mai 1804), a disparu dans les cendres de la guerre de 1870. Une association, sous l’impulsion de son président Laurent Bouvet, a décidé de se lancer dans un projet qui peut, en première approche, paraître fou : reconstruire le château de Saint-Cloud ! Sur ses fondations toujours existantes. Ce projet est visible en 3D, et vous serez surpris de faire le tour de cette magnifique demeure royale comme si vous y étiez.

Un projet possible qui ne coûterait guère plus de 200 millions d’euros, et que pourraient financer quelques milliardaires français comme Bernard Arnault ou François Pinault, par exemple. Laurent Bouvet cite en exemple les autofinancements, par leurs visiteurs, de la construction du château fort de Guédelon, dans l’Yonne, et de la frégate L’Hermione, à Rochefort. Deux sites excentrés alors que celui du château de Saint-Cloud, aux portes de Paris, verrait sans doute un public considérable de visiteurs prêts à payer dix ou quinze euros pour visiter ce chantier prestigieux et y voir à l’œuvre des centaines d’artisans. L’idée d’en faire, ensuite, un « Musée vivant des métiers d’art », comme le souhaiterait M. Chevalier, président de la Société d’encouragement aux métiers d’art, serait une raison supplémentaire pour que puisse se réaliser ce projet.

Cette entreprise est donc loin d’être farfelue. Elle permettrait de réparer l’accident regrettable de l’Histoire qui a vu la destruction de cette merveille architecturale. La République s’honorerait de cette reconstruction comme elle le fit pour le Palais-Royal ou l’Hôtel de Ville relevés de leurs cendres, d’autant que ce sont des obus français qui détruisirent ce château. Laurent Bouvet souligne d’ailleurs « que ce n’est pas parce que, à la fin du XIXe siècle, des considérations politiques ont pu conduire les autorités du moment à ne pas rebâtir ce château qu’au XXIe siècle ne pourrait pas se poser à nouveau la question de sa reconstruction », d’autant plus qu’il existe de multiples éléments d’archives, de photographies et de documents pour réaliser ce chantier avec la plus grand exactitude possible. Par ailleurs, Pierre-André Lablaude (1947-2018), qui fut architecte du domaine national de Versailles de 1990 à 2012, avait souligné le fait que l’on possède « encore l’entier sous-sol, soit un quart de la construction ».

Des idées, cette association n’en manque pas. Elles sont au nombre de sept et résultent directement du fait que, dans le château de Saint-Cloud, à côté de pièces somptueusement décorées, s’en trouvaient également de nombreuses qui ne l’étaient quasiment pas et, étant de ce fait impropres à un usage culturel et touristique, elles pourraient avoir des affectations purement fonctionnelles et commerciales. Dans les sous-sols, un parking et une galerie marchande pourraient être aménagés comme au Carrousel du Louvre. Dans les étages supérieurs, on pourrait envisager des salles de séminaires avec un restaurant gastronomique et un hôtel de luxe. Une société ou une administration pourrait y implanter ses bureaux. Pourrait également s’y ouvrir une école hôtelière ou de métiers d’art. Et, cerise sur le gâteau, Saint-Cloud ayant été intimement mêlé à plusieurs siècles d’Histoire de France, il serait envisageable de créer un grand spectacle à l’instar du Puy du Fou ou d’Amboise…

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