Primo Carnera, le colosse aux pieds d’argile (Vidéo)

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De bête de foire à monstre du ring, le portrait passionnant de Primo Carnera, emblématique poids lourd de la boxe dont la fulgurante ascension repose sur une vaste supercherie. Avec son sourire qui rappelle celui du célèbre Requin des James Bond et ses mensurations exceptionnelles (1,97 m pour 122 kg), Primo Carnera n’a pas volé son surnom de “Goliath du Colisée”.

Né en 1906 en Italie, il a 17 ans quand il émigre en France pour échapper à la misère. Engagé dans un cirque pour son physique hors norme, il est repéré par Léon Sée, un manager de boxe véreux qui l’emmène tenter sa chance aux États-Unis. Associé à la pègre américaine, ce dernier truque les matchs à l’insu de son poulain, et organise des campagnes de presse faisant passer cet Hercule de foire, doté d’une piètre technique, pour un invincible combattant. Le 29 juin 1933, face au poids lourd Jack Sharkey, l’ex-crève-la-faim décroche, sans triche cette fois, le titre de champion du monde de boxe anglaise.

Adulé par les Américains, il devient en Italie le nouvel emblème de la dictature de Mussolini. “Mes félicitations. Toute l’Italie fasciste et sportive est fière qu’une chemise noire soit championne du monde de boxe”, lui adresse dans une lettre le Duce. Un statut de héros qui ne durera pourtant qu’un temps. Lâché par ses gangsters-managers dès que les victoires ne sont plus au rendez-vous, le colosse est contraint de raccrocher ses gants en 1946, ruiné. Carnera se reconvertit alors dans des spectacles pittoresques de catch et enchaîne les films de seconde zone pour Cinecittà et Hollywood, qui le cantonnent au rôle d'”éternel débile”. Géant au grand cœur Raconté par Marc Lavoine, cet incroyable documentaire regorge d’archives des entraînements de Primo Carnera, que l’on découvre hésitant et sans réflexe à ses débuts, mais aussi de ses spectaculaires combats, notamment face au “bombardier noir”, Joe Louis. Ce portrait dévoile aussi la part intime du colosse, qui se révèle plein de naïveté et de bonté. Instrumentalisé aussi bien par ses managers que par les fascistes, le boxeur fait preuve d’une remarquable bienveillance, pardonnant, tout au long de sa carrière, à tous ceux qui l’ont humilié.

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