Nogent, des guinguettes au Grand Paris (Vidéo)

Le Nogent des bords de Marne, le Nogent des guinguettes et des loisirs populaires, n’est pas seulement une banlieue parisienne prisée pour ses sports nautiques et pour son image rétro incarnée par des images de Marcel Carné, des répliques de cinéma, les voix de Jean Gabin (la belle équipe) ou de Simone Signoret (Casque d’or) sur fond de chansons populaires ….”Ah, le petit vin blanc !”. Production CHS – Centre d’Histoire

L’histoire de cette commune de banlieue résidentielle montre une ville dont les contours sociologiques et géographiques ont évolué depuis la création de la commune en 1789, comme le raconte Vincent Villette, Directeur des Affaires culturelles, des Archives et du Musée de Nogent-sur-Marne. Emmanuel Bellanger, chercheur CNRS et historien au CHS (Centre d’Histoire Sociale), auteur avec Julia Moro de l’ouvrage “Nogent, ville modèle” (Editions Dominique Carré / La Découverte 2017) retrace l’histoire de cette ville marquée par un divorce originel, en 1887 (avec le Perreux-sur-Marne) et montre l’autre Nogent, différent de celui des loisirs populaires parisiens, un Nogent à l’entre-soi bourgeois, soucieux de la valorisation de sa rente foncière, mais aussi, en son centre-ville, un Nogent qui fut longtemps un Nogent populaire et une terre d’immigration Italienne, le Nogent de François Cavanna et de beaucoup d’autres, que l’on entend au travers de voix des ces habitants d’origine italienne de Nogent (archives sonores de l’historienne Marie-Claude Blanc-Chaléard).

Cette histoire est aussi celle de figures du grand-Paris, les maires successifs de Nogent, qui ont joué tout au long du XXe siècle un rôle important. Ce fut, dès la Belle-Epoque, l’engagement dans le Conseil Général de la Seine et la ligue de défense des intérêts de l’est (menée par le maire Emile Brisson) face à la richesse et au développement de l’ouest parisien, grâce notamment à la valorisation des expositions coloniales qui se tenaient au bois de Vincennes. La peinture d’un milieu politique pragmatique capable de coopérer sans le montrer, de façon transpartisane quand il s’agit des défendre l’est parisien, est l’occasion pour Emmanuel Bellanger de brosser le portrait d’autres figures du Grand Paris, comme Albert Thomas dans l’entre-deux guerre, Paul Delouvrier et le maire de Nogent Roland Nungesser à partir des années 1950-1960. Roland Nungesser prolongera la politique intercommunale de ses prédécesseurs alliant volonté de renforcer la centralité de Nogent tout en renforçant les solidarités métropolitaines dans le cadre de la région Ile-de-France (Roland Nungesser sera président du Conseil Régional de 1970 à 1976). Il fera de sa cité une sous-préfecture et grâce à son réseau d’inter-connaissances et à ses responsabilités ministérielles et intercommunales, il pourra faire financer par d’autres ses grands projets municipaux permettant à Nogent-sur-Marne de bénéficier d’un réseau d’équipements exceptionnel tout en affichant, vis à vis de son électorat conservateur et aisé, une fiscalité locale faible.

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