A la découverte de l’abbaye de Hautecombe (Vidéo)

Située sur les bords du lac du Bourget, en Savoie, l’abbaye de Hautecombe est un lieu de prière depuis le XIIe siècle.

Depuis sa fondation, l’abbaye est étroitement liée à la Maison de Savoie qui l’a choisie comme nécropole.

C’est au début du XIIe siècle (vers 1139) que l’abbé cistercien Amédée de Clermont construit l’église ainsi que les bâtiments de l’Abbaye de Hautecombe à son emplacement actuel. L’Abbaye, ensuite, demeurera en ce lieu, de manière continue jusqu’à nos jours, vivant de silence, de prière et de travail. La seule rupture durera quelques années et fait suite à la Révolution française durant laquelle les moines sont chassés de l’Abbaye.

La comtesse de Savoie Anne de Zähringencomte en 1162 et son époux le comte Humbert III en 1189 sont les premiers de la Maison de Savoie à choisir l’Abbaye comme lieu de leur sépulture. Cette coutume sera poursuivie par la plupart de leurs descendants au XIIIe siècle, moins régulièrement par la suite et rompue au XVIe siècle.

Le passage des abbés réguliers aux abbés commendataires et la perte de rayonnement de l’abbaye

L’Abbaye va rayonner spirituellement et matériellement pendant 4 siècles. Plusieurs abbés réguliers de l’abbaye ont une action remarqué sur l’Eglise et leur siècle. Certains deviendront ainsi évêques et mêmes papes comme Célestin IV en 1241.

Mais, à partir du XVe siècle, elle est confiée en gestion à des abbés commendataires qui ne résident pas sur place. Ces derniers étant plus disposés à profiter immédiatement des revenus de l’Abbaye que préoccupés par l’entretien et la vie spirituelle du lieu, l’Abbaye se dégrade. Les vocations monastiques diminuent.

La Révolution française

L’Abbaye tombe en ruines

La Révolution française (qui agrège la Savoie indépendante à la France sous le nom de département du Mont-Blanc) chasse les derniers moines. L’Abbaye est déclarée bien national et pillée à deux reprises. Elle est alors transformée en faïencerie. Faute d’entretien, les batiments se dégradent petit à petit et tombent en ruines.

Le courant romantique et Lamartine

C’est de ces ruines que vont tomber amoureux de nombreux poètes et artistes qui vont contribuer à faire d’Hautecombe un haut lieu du romantisme. Lamartine (1790-1869) y situe le cadre de son roman autobiographique Raphaël. Suite à son séjour autour du lac du Bourget, il écrit ces quelques vers dans le poème bien nommé Le Lac :

” Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux. “

La refondation de l’Abbaye au XIXe siècle

Au début du XIXe siècle, l’abbaye est rattachée au royaume de Sardaigne et de Piémont par le Traité de Vienne. En 1824, le Roi de Sardaigne,Charles-Félix (1765-1831), découvre les ruines de l’abbaye et se désole de l’état de la nécropole de ses ancêtres. Il prend alors la décision de relever l’Abbaye. Elle est alors reconstruite sous la direction de l’architecte en style néogothique flamboyant ou troubadour.

La coupole du transept représentant les quatre évangélistes : saint Luc, saint Marc, saint Jean et saint Matthieu.

Charles-Félix et sa femme Marie-Christine choisissent d’être enterrés dans la chapelle de Belley située à l’entrée de l’abbatiale. Hautecombe retrouve sa fonction de nécropole des souverains de Savoie.

L’abbaye est confiée aux moines cisterciens de la Consolata de Turin dès 1826. Des moines bénédictins de la Congrégation de Solesmes viennent ensuite s’installer en 1922.

Hautecombe, de la fin du XXe à nos jours

Le dernier roi d’Italie, Umberto II, descendant de la famille de Savoie, reprend la tradition de ses ancêtres interrompue au XVe siècle, en choisissant Hautecombe comme dernière demeure. Il est inhumé dans la chapelle de Belley, à l’entrée de l’abbatiale, en 1983. Sa femme, la reine Marie-Josée repose à ses côtés depuis 2001.

Départ des moines bénédictins pour l’Abbaye Notre-Dame de Ganagobie

En 1992, face à l’affluence des visiteurs, les moines bénédictins rejoignent l’Abbaye Notre-Dame de Ganagobie (Alpes de Haute-Provence, 04) afin d’y retrouver un lieu plus propice à la contemplation dans le silence et la solitude.

Moines bénédictins à l’Abbaye Notre-Dame de Ganagobie

Arrivée de la Congrégation du Chemin Neuf

Suite au départ des moines bénédictins, l’Archevêque de Chambéry et le Père Abbé font appel à la Congrégation du Chemin Neuf afin de poursuivre la vie de prière et d’accueil à l’Abbaye d’Hautecombe. CettecCongrégation catholique à vocation œcuménique, œuvre pour l’unité des chrétiens et la réconciliation des peuples, des familles, des hommes à travers le monde.

L’Abbaye est classée Monument Historique depuis 1875. La Communauté du Chemin Neuf et la Fondation d’Hautecombe en assurent l’entretien et la rénovation, en lien et avec l’aide du Conseil Général de la Savoie et du Ministère de la Culture.

Aujourd’hui, l’abbaye est un centre international de formation. Elle accueille chaque année, pour trois mois ou un an, des jeunes de tous les continents et de différentes confessions chrétiennes, qui viennent suivre une formation biblique, théologique et communautaire, pour se mettre au service de l’Eglise et du monde.

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