Voilà comment les ONG coopèrent avec les passeurs en Méditerranée

Le projet franco-allemand de redistribution « volontaire » des demandeurs d’asile entre huit pays de l’UE qui se sont portés candidats le 22 juillet dernier à Paris implique que l’Italie accepte de rouvrir ses ports aux bateaux des ONG et de prendre elle-même en charge les immigrants qui n’ont aucune chance d’obtenir l’asile, en attendant leur hypothétique renvoi dans leur pays. Cependant l’Italie refuse catégoriquement, pour reprendre les termes de Salvini, de redevenir le camp de réfugiés de Bruxelles, Paris et Berlin. Comme d’autres capitales européennes qui ont refusé le plan franco-allemand, Rome sait aussi bien que cela provoquerait un nouvel afflux massif d’immigrants, et donc aussi d’ailleurs une recrudescence des noyades.

Les médias italiens, de leur côté, font de nouvelles révélations sur les modes opératoires de ces ONG prétendument « humanitaires » au large des côtes libyennes. Ainsi, par exemple, le 15 juillet dernier, la télévision Quarta Repubblica diffusait un reportage dans lequel un passeur contacté à partir de sa page Facebook, grâce aux informations obtenues d’un Libyen fraîchement débarqué à Lampedusa, proposait la traversée à exactement 1 600 euros. Le passeur contacté garantissait un service professionnel avec un voyage en toute sécurité grâce à ses contacts avec les ONG qui ont des bateaux au large de la Libye. Le Sea-Watch, qui a fait beaucoup parler de lui avec l’inculpation récente par le parquet italien de son capitaine, l’Allemande Carola Rackete, est nommément cité plusieurs fois.

Un simple coup de fil

En fait, les passeurs n’ont même pas besoin d’entrer directement en contact avec les bateaux des ONG, ce dont sont accusées d’autres ONG, comme l’organisation allemande Jugend Rettet et son bateau Iuventa, filmé en 2017 depuis le Vos Hestiapar un agent italien infiltré dans l’équipage en train de transborder des immigrants clandestins en présence des passeurs. Comme le montre le reportage de Quarta Repubblica, les ONG indiquent désormais en continu la position de leurs bateaux sur les réseaux sociaux, et les passeurs peuvent ainsi suivre leurs mouvements. Les numéros de téléphone à appeler sont aussi rendus publics par les ONG. Connaissant la position du bateau le plus proche, il est facile pour un passeur de mettre un canot à la mer au bon endroit et au bon moment, et d’appeler le numéro voulu pour se faire emmener en Europe.

Le quotidien Il Giornalepubliait de son côté le 28 juillet les images d’un « sauvetage » de candidats à l’immigration illégale réalisé en mars 2018. Un sauvetage qui n’en était pas un, par beau temps, sur une mer calme et en présence d’un bateau de la garde côtière libyenne que le bateau de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms avait court-circuité en envoyant deux canots rapides. Face aux demandes des Libyens de leur remettre ces migrants, les « humanitaires » européens répètent sans arrêt, en anglais : « Notre bateau arrive. Nous allons en Italie. » L’équipage d’Open Arms avait ensuite refusé de se tourner vers Malte et avait débarqué 216 immigrants illégaux le 18 mars dans le port sicilien de Pozzallo, dans la province de Raguse. C’était encore sous le gouvernement de Paolo Gentiloni, de centre gauche, mais déjà en violation du code de bonne conduite imposé aux ONG par le gouvernement italien en juillet 2017. Le 4 juillet dernier, le procureur de Raguse décidait de renvoyer devant la justice italienne le capitaine de l’Open Armset le chef de mission de l’ONG espagnole. •

Olivier Bault – Présent

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