Au Palais Bourbon, Paul Molac n’est plus un marcheur

Il en rêvait. Et il y travaillait. C’est chose faite depuis le mercredi 17 octobre. Apparenté jusque là au groupe LREM au Palais-Bourbon, il répondait « non, je ne le suis pas toujours » lorsqu’on lui faisait remarquer qu’il semblait « pas très à l’aise dans ce groupe » (Le Point, samedi 4 août 2018). Paul Molac, député de Ploërmel, appartient désormais au groupe « Libertés et territoires ». Rien d’étonnant à cela car, comme le faisait remarquer Richard Ferrand, à l’époque président du groupe de marcheurs à l’Assemblée nationale, « Paul Molac est autonomiste et donc autonome » (Le Point, 11 juillet 2018). Ce nouveau groupe hétéroclite compte seize membres fondateurs, des ex-UDI, des radicaux, des anciens de LREM, un ex-PS, des non-inscrits, trois nationalistes corses (Paul-André Colombani, Michel Castellani, Jean-Michel Acquaviva) et un autonomiste breton, Paul Molac.

Paul Molac s’était rapidement fixé un objectif. En effet, « être dans un grand groupe, c’est compliqué à gérer alors qu’être dans un petit permet plus de liberté. Pour que cela puise se faire, il faudrait quinze députés, attachés aux territoires de préférence, notamment ruraux. C’est toujours quelque chose qui me tient à cœur. Mais s’il voyait le jour, ce groupe ferait partie de la majorité présidentielle. Je ne suis pas un frondeur puisqu’au global, je suis en accord avec Macron. » (Ouest-France, Morbihan, mardi 20 octobre 2017). C’était il y a un an… Mais un mois plus tard, changement de discours à l’occasion du débat sur l’ISF. Ce jour-là, Paul Molac se trouvait dans sa circonscription : « Si j’avais siégé, j’aurais aussi voté avec l’opposition » de gauche, qui a bataillé contre ce « cadeau aux plus riches » (Libération, lundi 30 octobre 2017).

Molac est donc capable de faire preuve d’indépendance d’esprit ; ce n’est pas un inconditionnel. Avec ce nouveau groupe, il entend « défendre la cause des territoires et de la décentralisation » (Le Monde, 10-11 mai 2018). Il compte également profiter de la « réforme constitutionnelle prévue cette année pour réveiller le débat et promouvoir des régions plus libres de leurs mouvements. En proposant notamment de faciliter le droit à l’expérimentation locale. Une nouvelle proposition de loi pour la promotion des langues régionales, dont il est un des principaux artisans est également déjà rédigée. Lors du dernier mandat, les socialistes l’avaient retoqué » (Le Mensuel du Morbihan, février 2018).

Au sein de « Libertés et territoires », Paul Molac disposera d’une incontestable liberté de manœuvre. En particulier grâce aux moyens d’action et de temps de parole dont bénéficiera le groupe ; comme ce dernier rassemble des sensibilités différentes, pas question de se définir dans l’opposition ou dans la majorité. « Ni béquille, ni groupe d’opposition », résume l’ex-marcheur Jean-Michel Clément. « Ce qui fait notre force, ce sont nos différences », argue-t-il en mettant en avant la liberté de parole que le groupe promet, contrairement au groupe majoritaire. » (Le Figaro, jeudi 18 octobre 2018). S’il y a liberté de parole, on peut supposer qu’il y a également liberté de vote… À suivre.

Bernard Morvan

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