Ocean One révolutionne l’archéologie sous-marine!

Après sa première plongée sur l’épave de la Lune, vaisseau amiral de Louis XIV perdu le 6 novembre 1664 au large de Toulon, le robot humanoïde Ocean One est remonté à bord du navire de recherche André-Malraux. © Teddy Seguin
Dans le futur, l’archéologue sous-marin ne manquera jamais d’air. Un robot humanoïde, surnommé Ocean One, a été testé autour de l’épave de la Lune, près de Toulon. Une première mondiale.

En 1664, le navire amiral de Louis XIV sombre dans la rade de Toulon. Depuis, son épave y gît toujours par 90 m de fond. Un repos séculaire à peine troublé par la venue d’un étrange visiteur du XXIe siècle. D’apparence humanoïde avec sa tête et ses deux bras, le robot Ocean One explore l’épave avec aisance. Équipé d’hélices, il se meut entre deux canons du vaisseau pour récupérer un petit pot en céramique à quatre anses. Après quelques vaines tentatives, dues à des erreurs de calcul, le robot se saisit délicatement de l’objet.

À la surface, sur le navire de recherche André-Malraux, une équipe de scientifiques pilote Ocean One à l’aide d’une caméra placée dans les yeux du robot. Ses bras articulés sont manipulés au moyen de joysticks haptiques, des outils révolutionnaires en milieu sous-marin, qui permettent de ressentir les éventuelles résistances rencontrées par le robot. “L’idée, c’était de faire en sorte que la machine sous l’eau ne soit plus que le prolongement du scientifique, explique Michel L’Hour, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm). C’est essentiel pour retraduire la précision du geste d’un archéologue.”

Pour concevoir Ocean One, le Drassm a fait appel à l’équipe du Pr. Oussama Khatib de l’université de Stanford (Californie). Depuis plusieurs années, ce roboticien de renommée mondiale travaillait sur une machine entièrement connectée à l’humain, qui puisse prendre en compte et interagir avec tous les aspects de son environnement. Au fur et à mesure, d’autres institutions, comme le Laboratoire d’informatique, de robotique et d’électronique de Montpellier (Lirmm), se sont greffées au projet. “Nous avons travaillé à la stabilisation d’Ocean One dans un milieu où les courants sont importants”, indique Vincent Creuze, ingénieur au Lirmm.

Ocean One n’est pas une lubie de scientifiques. “Au-delà de 60 m, il devient très difficile de réunir une équipe de plongeurs confirmés, explique Michel L’Hour. À 300 m, c’est tout simplement impossible à cause de la pression. Il fallait vraiment une machine qui puisse nous remplacer.” Une exigence d’autant plus pressante que les épaves des abysses sont parfois abîmées par des chalutiers qui jettent leurs filets à des profondeurs toujours plus grandes. Un désastre archéologique auquel s’ajoutent les pillages récurrents menés par certains plongeurs sans scrupules.

Ocean One a été conçu pour descendre jusqu’à 100 m de profondeur. “Mais, à l’avenir, il pourra très bien plonger au-delà”, indique Michel L’Hour. Sans compter qu’il est également destiné à d’autres tâches. “On peut très bien envisager qu’il opère sur des plate formes pétrolières, dans des espaces où l’homme est en danger”, présage Oussama Khatib. Ocean Two est déjà en marche.

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