Michel Cardon, le détenu oublié de Bapaume est sorti (Vidéo)

C’est l”épilogue de l’affaire dite du “détenu oublié” ou “d’un des plus vieux détenus de France”. Michel Cardon aurait pu demander sa libération conditionnelle depuis 20 ans. Mais l’administration pénitentiaire semble l’avoir oublié, il n’a reçu sa première visite qu’après 38 ans de détention.

C’est cette visite, celle d’un de ses anciens co-détenus, qui va changer son destin. Inquiet de son état de santé, il alerte la presse. Touché par cette histoire, un avocat, Maître Eric Morain, va rendre visite à Michel Cardon. Il lui demande s’il a envie de sortir de prison puis entreprend des démarches pour faire valoir ses droits.

Cette demande de libération conditionnelle avait été déposée en 2016 après cinq requêtes rejetées, les experts relevant un risque de récidive toujours présent, selon le parquet d’Arras. Une sixième requête avait fait l’objet d’un désistement. Le parquet avait requis le 15 mars un placement extérieur probatoire à une libération conditionnelle dans un établissement pour personnes âgées dépendantes. Une demande “en droit et en humanité, lors d’une audience de justice comme on l’aime, comme on la rêve”, avait salué son conseil.

Depuis ce jour, Michel Cardon a obtenu trois permissions de sortie. Une première, en avril, durant laquelle il avait déjeuné avec son avocat, puis deux autres en mai, de deux et trois jours. Il a donc déjà passé trois nuits à l’extérieur de la prison. Tout s’est bien passé.

Michel Cardon reste administrativement sous écrou de la prison d’Osny (Val d’Oise). Il sera suivi par un juge d’application des peines (JAP) de Pontoise, avec une période probatoire d’un an, conformément à la décision du tribunal d’application des peines d’Arras qui lui avait accordé fin mars sa remise en liberté conditionnelle “sous condition du bon déroulement d’un placement à l’extérieur” pendant un an à compter du 1er juin 2018.

“Les expertises et évaluations pluridisciplinaires les plus récentes ont relevé une dégradation importante des fonctions cognitives” du détenu, pouvait-on lire dans cette décision consultée par l’AFP. “Le dernier expert n’a retrouvé aucun élément en faveur d’un risque de récidive”.

L’histoire judiciaire de cet Amiénois de 67 ans remonte à octobre 1977. Michel Cardon et un complice pénètrent dans un pavillon d’Amiens. Le cambriolage tourne mal, un retraité est tué. La peine de mort est requise. Les deux hommes sont repartis avec un maigre butin de 200 francs et une charrette d’objets dérisoires. Reconnu coupable de meurtre, il est condamné à la perpétuité par la Cour d’Assises de la Somme.

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