La prohibition, jusqu’où ?

Début 2011, un trio de médecins s’est lancé dans une expérience très instructive. Ils ont distribué un questionnaire anonyme aux détenus du centre pénitentiaire de Liancourt afin, notamment, d’évaluer la prévalence de la toxicomanie en milieu carcéral. Résultat : pas moins de 43,6% des 381 détenus ayant répondu déclaraient consommer au moins une drogue alors qu’ils étaient derrière les barreaux. C’est un secret de polichinelle : se procurer de la drogue en prison est tout sauf un problème ; ce n’est qu’une question de prix.

Ce qui pose tout de même une question importante : si l’État est incapable de contrôler le trafic de drogue dans ses prisons, qu’espérons-nous exactement de la politique de prohibition menée à l’extérieur ? Question subsidiaire : avons-nous l’intention de transformer nos rues en quartiers de haute sécurité pour mettre fin au trafic où nous arrêterons-nous avant ?

> le blog de Georges Kaplan (Guillaume Nicoulaud)

Note :
1. O. Sannier, F. Verfaillie et D. Lavielle, Réduction des risques et usage de drogues en détention : uns stratégie sanitaire déficitaire et inefficiente (2011).

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29 Comments

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  • Robert BERTRAND-RIGHI , 3 août 2013 @ 13 h 51 min

    En Polynesie, vous ne confondez pas avec le Kavakava, qui est consomme par tous les Maoris , dans le Pacifique entier, et n’est pas considere commme drogue , par aucune legislation ? La Polynesie est un Territoire d’Outre Mer et a ce titre toute la totalite de la reglementation francaise ne s’applique pas. Toutefois s’agissant de substance cataloguee stupefiant ( a tort ou a raison ) par la majorite des pays “bien pensants” et dont certains vous gratifieraient meme de la peine de mort, j’ai un doute…
    Pour le kat, hors ces effets addictifs, c’est un probleme social, une bonne partie du salaire etant investie dans cette distraction. Toutefois c’est un support de reunions paisibles dans des pays ou il n’y a absolument rien a faire. Se consomme l’apres midi, apres la journee de travail donc pas d’incidence economique directe.

  • Cap2006 , 3 août 2013 @ 15 h 43 min

    @VraieLiberté…

    il n’est pas du tout certain que les quelques volutes de cannabis ingérées ne puissent pas au contraire la décontracter un peu votre jeune étudiante…
    et vu la consommation de psychotrope, pour les jeunes confrontés au moindre examen… prescrit par l’intelligence médicale ou par l’habitude déjà prise par les parents…

    Dans tous les cas…
    soit on est conservateur et par définition fermement opposé à toute drogue ( alcool, tabac, cannabis, etc) et l’on considère le consommateur comme un criminel potentiellement dangereux pour lui et pour les autres.
    soit on est plus pragmatique… et confronter à cette saloperie, on préfère limiter les dégâts collatéraux et le cout prohibitif de la répression totalement inefficace, et mettre les moyens pour soigner des consommateur que l’on considère comme des malades… des victimes eux mêmes.

    La France est un des pays les plus répressif… et aussi un des plus gros consommateur de cannabis.
    Que dire des Etat Unis…

  • Ladislas 1er , 3 août 2013 @ 16 h 02 min

    Ou soit, troisième solution, on dit que l’État n’a aucune légitimité à légiférer sur la drogue.
    L’état n’a aucune légitimité à me dire ce qui est bien ou pas bien. Dois-je vous rappeler que c’est Adolf qui a inventé toutes ces lois anti tabac et compagnie? c’est lui le précurseur de toutes ces lois liberticides. Et je m’attriste de jours en jours de voir que les cathos de droite légitiment ces lois.
    C’est aux associations (ou aux individus) de faire de la prévention et non à l’état qui gaspille notre argent.

    @ Vraie LIBERTE: vous citez le tabac comme exemple. C’est un très mauvais exemple. Car le Tabac est loin d’être un commerce libre. C’est justement parce qu’il est beaucoup trop encadré qu’il génère un tel trafic parallèle et une telle corruption.
    C’est bel et bien la prohibition qui amène la corruption et non la substance.
    Quasiment plus rien n’est réellement libre aujourd’hui dans notre société, tout est plus au moins légiféré par cet état mammouth (cf. l’exemple des drives, ou les socialos se sont empressés de légiférer…)

  • Goupille , 3 août 2013 @ 16 h 43 min

    En fait, sous couvert de hash, le brûlot est lancé contre le dirigisme étatique au regard de la liberté “libérale”…

    A tous les amoureux de libéralisme, éventuellement conservateur : vous voulez boire, fumer, du tabac ou du hash, bouffer mal et trop, vous bourrer de neuroleptiques, amphétamines, drogues dures pour être des gagnants. Vous pouvez donc vous induire toutes les maladies de la création : vous êtes parfaitement libres de le faire, mais vous paierez l’intégralité de vos frais de santé. Il n’y a aucune raison que la collectivité prenne en charge les conséquences prévisibles de votre liberté.

    Mis à part cela, et au point où nous en sommes, nous pouvons en effet décider de laisser faire. Que le tiers des collégiens aient touché au shit avant quinze ans, qu’ils développent des épisodes de psychose voire une schizophrénie, que cela leur bouffe les neurones, la mémoire, l’intelligence… Il en restera toujours assez pour vivre la vie de zombies qui les attend si nous ne faisons rien.
    Et tant que l’éducation se vautrera dans l’élevage de larves, tout continuera : les trafics, le fric-roi, la complicité des pouvoirs publics, l’usage de cette arme de destruction massive des populations, en nombre et en esprit…

    Alors oui : transformons nos rues en QHS pour lutter contre cette plaie, et que ce soit les parents et les citoyens responsables qui s’en chargent, puisque les politiques et leurs exécutants “en croquent”, ne veulent rien faire ou ont reçu l’ordre de ne rien faire.

  • Eric Martin , 3 août 2013 @ 16 h 58 min

    Il est clair que d’un point de vue libéral, chacun n’a pas à supporter les conséquences des addictions d’autrui.

  • Frédérique , 3 août 2013 @ 17 h 24 min

    A chacun de s’assurer selon ses vices, en effet, mais croyez vous que des compagnies d’assurances accepteront d’assurer un obèse qui consomme de la malbouffe? Un alcoolique qui ne peut pas arrêter…sinon à leur prendre des cotisations de fous qui écarteront d’emblée ceux qui n’ont que de petits moyens? Alors, sans même savoir pourquoi, une personne est dépendante, elle sera condamnée à mort si elle est pauvre?

  • J.75 , 3 août 2013 @ 19 h 23 min

    Pas grand chose à rajouter au message de VraieLIBERTE, je “plussoie”.

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