Macron ou Fregoli à l’Elysée

Depuis qu’il a pris ses fonctions de président de la République, Emmanuel Macron s’éclate. La présidence, c’est vraiment sympa, surtout en été.

Quel dommage qu’il y ait encore des sondages d’opinion !


Le président s’éclate

 Au Touquet, on le voit en vélo avec Brigitte. Emmanuel il est écolo !

A Versailles, fin mai, Emmanuel Macron joue au Roi Soleil pour accueillir le méchant Vladimir Poutine : Emmanuel lui dit plein de choses viriles à propos des médias russes. Emmanuel, c’est un mec !

Pour défendre la candidature de la France aux Jeux Olympiques de 2024 Emmanuel Macron joue au tennis dans un fauteuil roulant sur le Pont Alexandre III. Emmanuel il est cool !

Le 14 juillet, Emmanuel Macron fait défiler ce qui reste de l’armée française devant Oncle Donald Trump et il lui parle même en anglais. Emmanuel il est trop fort !

Pour aller visiter un sous-marin, le président se fait hélitreuiller en mer. Quel sportif cet Emmanuel !

Pour rendre visite aux militaires de la base d’Istres, Emmanuel Macron prend la tenue de Tom Cruise dans le film Top Gun. Les aviateurs apprécient certainement, surtout après le clash avec le chef d’état-major des armées et la réduction de leur budget. Emmanuel, comme chef des armées, il déchire !

A la sortie de la cérémonie d’hommage au père Hamel, assassiné par les djihadistes, Emmanuel Macron se livre, tout sourire, à une séquence de selfies. Toujours à l’aise, Emmanuel !

En vacances à Marseille, Emmanuel Macron, tout bronzé, arbore le maillot de l’OM, blanc et bleu ciel. Il va mettre le feu, Emmanuel !

 

Fregoli à l’Elysée

Les électeurs pensaient désigner un président de la République : ils découvrent que Fregoli (1) siège désormais à l’Elysée.

Un Fregoli aimant jouer, au surplus, à Fort Boyard, sous l’œil bienveillant des caméras, et qui dépense 26.000 euros en trois mois pour se faire maquiller. Première déception.

La seconde déception est venue quand « le président jupitérien (2) » s’est agité autour de ce qu’il pensait être les priorités du moment, des sujets pourtant très éloignés des préoccupations de nos concitoyens (3) : les Jeux Olympiques, le statut de Dame Brigitte, la lutte contre la transphobie (4), la fin du Ramadan (5), l’hébergement des migrants irréguliers (6), la réforme du Code du travail ou l’inéligibilité des parlementaires condamnés pour discrimination, comme l’a demandé la LICRA. Sans oublier des annonces fiscales peu favorables aux retraités et aux propriétaires.

Ou la tentative de sauvetage de l’Accord de Paris sur le climat, malgré le départ des Etats-Unis ! Mais les médias de propagande nous disent qu’Emmanuel Macron a serré très fort la mimine de Donald Trump.

Nous voilà sauvés : nous avons un président thaumaturge qui agit par imposition des mains !

 

Jupiter absent sur les sujets qui fâchent

Mais, troisième déception, tout le monde a bien vu que la grande vague terroriste de l’été avait laissé notre Jupiter sans voix, lui habituellement si disert. Sans voix ni bras d’ailleurs.

Sinon pour nous dire que pour lutter contre les terroristes il fallait agir le réchauffement climatique (7). Ou pour que le ministre de l’Intérieur demande aux psychiatres de dénoncer les méchants « déséquilibrés » potentiels que sa police ne pouvait pas arrêter. Cachez ce djihad que je ne saurais voir, tel était le bon conseil qu’Emmanuel Jupiter nous donnait.

Le spectacle de la « majorité » présidentielle, aussi autiste qu’inexpérimentée, n’a rien arrangé. Il a même inquiété. Comme les prestations du premier ministre, fantomatique capitaine d’un vaisseau déjà dans la tourmente avant même de prendre le large.

Car, curieusement, le panthéon gouvernemental de Jupiter destiné à « transformer la France » semble surtout peuplé d’ombres, de figurants ou de revenants.

 

Cassé !

Emmanuel Macron a décidé de se refaire, comme on dit au casino, en menant la charge contre les « travailleurs détachés » des pays de l’Est de l’Europe. C’est du moins ce que nous disent nos médias de propagande, toujours prompts à voir Jupiter plus grand qu’il n’est en réalité, dans les chancelleries.

On appréciera d’abord l’inconséquence consistant à dénoncer ce dispositif conforme aux règlements de l’Union européenne et qui ne concerne finalement que des Européens, tout en se prononçant en faveur de l’arrivée et de l’accueil massif d’immigrants irréguliers (8). Il est vrai qu’Emmanuel, lorsqu’il donne des leçons de maintien européen à la Pologne et à la Hongrie, n’est jamais en la matière que le petit télégraphiste de Mme Merkel qui, elle, s’occupe pendant ce temps-là des choses sérieuses : la préparation de sa réélection en septembre.

En outre, cette charge présidentielle tombe d’autant plus mal que les pays du groupe de Visegrad contestent de plus en plus fortement le laxisme migratoire et pro-islamique de l’Union européenne.

Mais surtout, à peine lancée, l’initiative de Jupiter a fait long feu : Emmanuel Macron a surtout obtenu… le mépris de la Pologne. Sa première ministre Beata Szydlo l’a sèchement et rapidement recadré : « Peut-être ses déclarations arrogantes sont-elles dues à son manque d’expérience et de pratique politique, ce que j’observe avec compréhension, mais j’attends qu’il rattrape rapidement ces lacunes et qu’il soit à l’avenir plus réservé (…). Je conseille à M. le Président qu’il s’occupe des affaires de son pays ; il réussira alors peut-être à avoir les mêmes résultats économiques et le même niveau de sécurité de ses citoyens que ceux garantis par la Pologne » (9).

Cassé, le Jupiter, comme dirait Brice de Nice !

 

La déception en marche

Le résultat des curieuses initiatives présidentielles ne s’est pas fait attendre : fin août la cote de popularité d’Emmanuel Macron non seulement chutait rapidement, mais se situait à un niveau inférieur à celui de François Hollande à la même date (10). Une performance ! Au point que son prédécesseur s’est cru obligé de lui donner publiquement quelques conseils de prudence : l’Hôpital au chevet de la Charité, en quelque sorte.

En bon représentant de l’oligarchie, Emmanuel Jupiter a, lui, surtout retenu de ces très mauvais sondages que « les Français détestent les réformes (11) ». Ah encore la faute de ces cochons de Français qui ne veulent pas se mettre en Marche ! On nous a promis aussi une communication présidentielle plus appropriée. Comme après chaque désastre.

Mais le président en a conclu néanmoins que « Nous y parviendrons. Car les Français ont fait le choix un peu fou d’un mouvement politique nouveau, d’une personnalité politique qui n’existait pas dans leur quotidien depuis longtemps (12) ».

On voit que la modestie n’étouffe pas Emmanuel Jupiter !

Hélas, l’impopularité et le ridicule, eux, le peuvent.

 

Michel Geoffroy – Polémia

Notes :

  1. Pour les moins de 20 ans, Leopoldo Fregoliétait un célèbre acteur italien de la fin du XIXe, ventriloque et musicien, réputé pour ses changements de costume très rapides au cours d’un même spectacle.
  2. Par référence à un entretien d’Emmanuel Macron dans Challenges du 16 octobre 2016.
  3. A l’exception des mesures annoncées par le ministre de l’Education nationale qui pour le moment semblent rencontrer un écho favorable dans l’opinion.
  4. Prévue par le décret n° 2017-1230 du 3 août 2017 relatif aux provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire
  5. « Personne ne peut faire croire que l’islam n’est pas compatible avec la République », a déclaré Emmanuel Macron devant le Conseil français du culte musulman le 20 juin 2017.
  6. « Je veux partout des hébergements d’urgence » :discours à la mairie d’Orléans, jeudi 28 juillet.2017.
  7. « On ne peut pas lutter contre le terrorisme sans action résolue contre le réchauffement climatique », le 8 juillet 2017 lors du G20.
  8. « La France, sur le sujet des réfugiés, n’a pas toujours pris sa part » , a déclaré Emmanuel Macron mercredi 12 juillet 2017 à Trieste.
  9. ladepeche.fr du 25 août 2017.
  10. Seules 40% des personnes interrogées se déclarent satisfaites de l’action d’Emmanuel Macron, et 57% se déclarent mécontentes, dont 20% « très mécontentes », soit une baisse de 14 points en un mois. Ce score est inférieur à celui de François Hollande à la même date (baromètre Ifop-JDD des 25 et 26 août 2017).
  11. A Bucarest le 24 août 2017. Le président a donc décidé de critiquer publiquement ses concitoyens de l’étranger, ce qui est on ne peut plus délicat !
  12. A Bucarest le 24 août 2017.

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