Bienvenue à Suburbicon (Bande-annonce)

Bienvenue à Suburbicon est le dernier film du réalisateur vedette George Clooney, star des années 1990-2000, devenu depuis lors un réalisateur reconnu, certes doué de talent. Très engagé dans la gauche états-unienne et internationale la plus bien-pensante, il a infusé cet esprit, avec un certain manque de subtilité, dans Bienvenue à Suburbicon. Pour faire passer son message « sociétal » bien marqué Clooney a eu recours à une intrigue secondaire, celle d’une petite famille noire modèle tenant absolument à l’installer dans cette banlieue pavillonnaire dont les familles blanches sont les vrais « héros ».
 
Suburbicon, mot pédant mi-latinisant mi-hellénisant désigne une agglomération fictive qui vient de pousser quelque part dans le Nord-Est des Etats-Unis. Au moment de l’intrigue, à la fin des années 1950, s’installant dans population jusqu’alors exclusivement blanche, cette famille noire y subit une forme une forme de persécution raciste du voisinage absolument odieuse, et vraiment peu crédible dans sa démesure burlesque.
 
Le film possède néanmoins un intérêt à travers son intrigue principale, celle de la vie pas si tranquille, et qui deviendra même vite fort mouvementée d’une famille blanche moyenne, typique en apparence des années 1950. Une norme rappelée par la parodie des publicités d’époque dans l’introduction de Bienvenue à Suburbicon – vrai clin d’œil culturel à toute une époque… Le spectateur comprend très vite, en même temps que le petit garçon de dix ans héros du film, que certaines choses y sont pourtant anormales. Le père de famille (Matt Damon) est un personnage douteux, escroc à l’assurance, peut-être endetté envers la mafia – ce qui ne serait évidemment pas sans risque pour lui comme son entourage… Prêt à toutes les combines pour s’enrichir, et à toutes les manœuvres douteuses servant son intérêt égoïste.
 
On le croira vite capable d’assassiner sa propre femme afin de toucher le montant de son assurance-vie par exemple ! Madame n’et pas morte il se console auprès de sa belle-sœur, qui lui ressemble beaucoup – mais en plus jeune, et plus en forme. L’épouse est de toute façon handicapée et ne se déplace qu’en fauteuil roulant, à la suite d’un accident de la circulation des plus suspects…
 
Cette histoire n’est supportable pour le public qu’à condition d’être traitée avec un minimum de distance, et sur le mode de l’humour noir. Nul doute que les maîtres de ce genre particulier, les Frères Coen, dont Bienvenue à Suburbicon est un des scénarios non portés à l’écran, auraient réussi cet exercice. C’est un peu moins évident pour George Clooney, qui maîtrise certes la réalisation, mais hésite manifestement trop longtemps sur le ton dominant de son film. Subsiste heureusement un véritable suspens autour du sort qui attend les protagonistes, bons ou mauvais. Bienvenue à Suburbicon n’est qu’à moitié réussi, mais pourrait contenter les amateurs d’humour très noir, et vraisemblablement eux seuls.

 

Lu sur RITV
 

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