Pénurie de don de gamètes et levée de l’anonymat… (Vidéo)

L’agence de Biomédecine lance un appel aux dons alors que la PMA pour toutes pose la question de la pénurie de sperme et pourrait bouleverser la règle de l’anonymat du don.

«Des spermatozoïdes j’en ai des millions, je ne vois pas pourquoi je les garderais pour moi alors que d’autres en ont besoin…». Alors que le gouvernement s’apprête à présenter son projet de loi sur la PMA pour toutes, l’agence de la Biomédecine lance du 3 au 18 novembre une nouvelle campagne nationale de sensibilisation au don de gamètes dans un contexte incertain. Cette année, elle a choisi de mettre l’accent sur l’empathie et la solidarité des donneurs de spermatozoïdes et d’ovules envers les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfants. Mais la loi pourrait évoluer en 2019 en autorisant l’insémination avec donneur aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, sans condition d’infertilité. L’agence mise sur deux spots radio et une campagne web pour recruter de nouveaux donneurs et répondre aux besoins des quelque 3000 couples concernés par une infertilité médicale et qui ont besoin d’un don pour procréer.

«Le nombre de donneurs et de donneuses a progressé régulièrement ces dernières années, se félicite l’agence de Biomédecine. La tendance s’est accentuée en 2016 avec 38% de donneuses et 42% de donneurs en plus par rapport à 2015». Ainsi, 746 femmes ont donné des ovocytes et 363 hommes ont donné des spermatozoïdes en 2016, selon les dernières données disponibles.

Si ces chiffres «marquent une évolution encourageante», ils «ne suffisent pas à répondre aux besoins des couples infertiles en attente d’un don, pointe l’instance. «La prise en charge de l’intégralité de tous ces couples suppose 1400 dons d’ovocytes et 300 dons de spermatozoïdes chaque année, tout en diversifiant les origines géographiques des donneurs et des donneuses», note-t-elle.(…)

«500 donneurs supplémentaires» pour répondre à la demande liée à la PMA pour toutes

Reste que cette campagne est lancée dans un contexte mouvant alors que la révision de la loi de bioéthique, prévue début 2019, pourrait bouleverser la donne. Dans leurs travaux, plusieurs instances ont mis en garde contre une éventuelle pénurie de sperme en cas d’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires. (…)

Il faudrait «500 donneurs supplémentaires» pour répondre à la demande liée à la PMA pour toutes, anticipait en 2017, dans nos colonnes, le Pr Nathalie Rives, la présidente des Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos). Sa projection était fondée sur une estimation du Comité national consultatif d’Éthique (CCNE) selon lequel 2000 à 3000 femmes françaises se rendent chaque année dans des pays limitrophes pour avoir recours à une insémination artificielle avec donneur.

Le principe actuel de l’anonymat du don pourrait aussi évoluer

Autre question brûlante, l’accès aux origines pour les enfants nés d’un don. Plusieurs instances de réflexion se sont prononcées pour ce changement. Si la loi évoluait, le principe actuel de l’anonymat du don – un de ses piliers actuels avec la gratuité – pourrait lui aussi évoluer. Cet automne, le CCNE a notamment recommandé la levée de l’anonymat «des futurs donneurs de sperme», sous réserve que ces derniers soient d’accord. Ce changement de philosophie ne risque-t-il pas de faire fuir les donneurs? Pourrait-il au contraire motiver une nouvelle génération de candidats?

Dans ce contexte incertain, l’appel au don semble d’autant plus crucial pour l’agence de Biomédecine. Cette dernière se garde cependant des discussions enflammées sur la PMA pour toutes. «Le débat actuel est sociétal. Il ne relève pas de l’agence de Biomédecine, indique Françoise Merlet. Notre campagne est effectuée dans le cadre de la loi en vigueur. S’il y a une nouvelle loi sur l’anonymat du don, elle ne pourra pas être rétroactive car les donneurs auront consenti dans un cadre très précis. Ce serait inenvisageable de changer les règles pour eux».(…)

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