Les bijoux en cheveux (Vidéo)

Historiquement, la grande période de fabrication de ces pièces commence au cours du XVIIIe siècle et se poursuit tout au long du XIXe, mais on note des exemples datant de la fin du XVIIe siècle. Si le cheveu revêt une telle importance, c’est que celui-ci est une matière solide et particulièrement résistante. Mais il est aussi une matière présentant un fort impact sentimental : une mère gardera précieusement la première mèche de cheveux que l’on coupera à son enfant, les promis s’échangeront cheveux en gage d’amour et bien sur on conservera souvent des mèches de cheveux d’un mort afin de perpétuer son souvenir. J’ai évoqué plus haut la résistance de la matière mais c’est un autre élément qui explique aussi le succès de l’utilisation des cheveux et ce au-delà de la « disponibilité » de ceux-ci : l’absence d’images. A cette époque, pas de photographies, pas d’images, pas de smartphones où l’on peut enregistrer à foison et engranger des images de toutes sortes. Sauf à faire réaliser des portraits ou des peintures, on ne peut pas s’échanger de photos. Impossible donc pour une mère de conserver des images de son enfant, pour des amoureux de posséder des images de moments partagés et bien sur pour des familles de conserver des souvenirs du vivant d’un être cher. Le cheveu remplit donc ce rôle. L’avènement de la photographie mettra un terme à cette industrie. Ajoutons à cela que le ressenti envers cette matière a changé avec le temps, s’il a tendance à dégouter aujourd’hui, il n’en est rien au XVIIIe et au XIXe siècles.

C’est donc bien de bijoux de sentiments que nous parlerons ici, qu’ils concernent des serments d’amour ou bien qu’ils marquent le deuil et l’absence d’un être aimé. Ces bijoux ne sont pas réservés à une élite mais ils restent prisés par toutes les couches de la population. Napoléon dans son testament, qu’il fait dicter en 1821, demande que : « Marchand (son exécuteur testamentaire, nda) conservera mes cheveux et en fera faire un bracelet avec un petit cadenas en or pour être envoyé à l’Impératrice Marie-Louise, à ma mère et à chacun de mes frères et sœurs, neveux, nièces, au cardinal et un plus considérable pour mon fils. »

La plupart des bijoux qui nous sont parvenus datent de la période 1800 – 1850, période de prédilection pour la réalisation de ces bijoux. Les ateliers se spécialisent dans ce commerce, ils travaillent de concert avec des « marchands de cheveux » mais proposent aussi des catalogues et dessins afin que la clientèle puissent choisir « sur pièces » et faire réaliser bagues, bracelets, boucles d’oreilles, ceintures, colliers, médaillons, voir même des cadres !

 

 

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