Denis Olivennes, l’homme des réseaux (Vidéo)

DENIS OLIVENNES EST NÉ LE 18 OCTOBRE 1960 À PARIS. IL EST LE FILS D’ARMAND OLIVENNES, POÈTE ET PSYCHIATRE, ET D’UNE MÈRE PSYCHANALYSTE ; LE FRÈRE CADET DE FRANÇOIS OLIVENNES, GYNÉCOLOGUE OBSTÉTRICIEN JOUISSANT D’UNE CERTAINE RÉPUTATION. DEPUIS 2008, IL EST LE COMPAGNON DE L’ANCIEN MANNEQUIN INÈS DE LA FRESSANGE (« NOUS NOUS SOMMES RENCONTRÉS EN FÉVRIER 2008 À MÉRIBEL, OÙ IL ÉTAIT VENU SKIER AVEC SES TROIS FILS », INÈS DE LA FRESSANGE, PARIS MATCH, « INÈS DE LA FRESSANGE, LA VIE DEVANT SOI », 20 OCTOBRE 2009, CITÉ PAR BENJAMIN DORMANN, ILS ONT ACHETÉ LA PRESSE, JEAN PICOLLEC ÉDITEUR, 2012). IL A 3 ENFANTS. SON ONCLE EST CLAUDE OLIEVENSTEIN, FONDATEUR D’UN SERVICE SPÉCIALISÉ DANS LA LUTTE CONTRE LA TOXICOMANIE À L’HÔPITAL MARMOTTAN.

FORMATION

Denis Olivennes a effectué sa scolarité au lycée Henri IV avant d’intégrer l’École Normale Supérieure (ENS) de Saint-Cloud en 1980, de passer une agrégation de lettres modernes et une autre de science économique et sociale, puis d’intégrer l’IEP et enfin l’ENA, d’où il sort « dans la botte ». Il intègre ensuite la Cour des comptes (promotion Montaigne, 1988, d’où est également sorti Nicolas Baverez, avec qui il écrira un livre six ans plus tard). Lorsqu’il était normalien, il a été le nègre de Christine Ockrent (Capital 12/2001).

PARCOURS PROFESSIONNEL

Denis Olivennes commence sa carrière en tant qu’auditeur à la Cour des comptes. Doté d’une sensibilité de gauche, ce haut fonctionnaire est d’emblée très proche du pouvoir socialiste. Il écrit des discours pour Laurent Fabius dès la fin des années 1980 et devient, en 1992, le conseiller de Pierre Bérégovoy, ministre des Finances puis Premier ministre, tout en restant « fabiusien de cœur » (Rue89.com, 30 novembre 2010).

En 1993, il rejoint le groupe Air France dont il deviendra directeur général adjoint. Cinq ans plus tard, il quitte la compagnie aérienne pour NC Numéricable, principal câblo-opérateur de télévision et fournisseur d’accès à Internet par câble dont il devient président-directeur général (1997–2000).

Après un passage à Canal (2000–2002) où il occupe le poste de directeur général, il rejoint le groupe « Pinault Printemps Redoute » (PPR) en 2002 et devient le directeur général de la distribution du groupe. En 2003, il est nommé président-directeur général de la FNAC qui appartient à PPR. Patron de la Fnac, il a organisé en 2007 un stage pour Pierre, le fils aîné de Nicolas Sarkozy, intégré sous une fausse identité, selon Capital.

En mars 2008, il quitte la FNAC pour rejoindre Le Nouvel Observateur où il se retrouve directeur-général délégué et directeur de la publication. En novembre 2008, sans prévenir la rédaction, il réalise une interview du chef de l’État Nicolas Sarkozy. La Société des rédacteurs du Nouvel Observateur publie alors un communiqué dans lequel elle « s’élève vigoureusement contre les conditions dans lesquelles a été réalisée l’interview de Nicolas Sarkozy », un entretien réalisé « sans consultation des rédacteurs en chef et des journalistes dont la compétence aurait pourtant été bien utile ». « Cet épisode a confirmé l’existence d’un fossé qui se creuse entre la rédaction et le président du directoire », concluent les rédacteurs du communiqué.

En janvier 2011, Denis Olivennes quitte Le Nouvel Observateur et devient, à la place d’Alexandre Bompard (qui s’en va diriger… la FNAC), directeur du « pôle Information » du groupe Lagardère, et directeur de la radio Europe 1. Il est également « responsable opérationnel », c’est-à-dire patron de fait, de Paris Match, du Journal du Dimanche et de Newsweb, le pôle Internet du groupe Lagardère. Il a obtenu de dépendre directement d’Arnaud Lagardère, et non du numéro 2 du groupe, Didier Quillot, si bien que la presse le qualifie de « numéro 2 bis ». Certains « amis » révèlent par la bande ses éventuelles ambitions : « Avec cette nomination, le groupe Lagardère semble se préparer de plus en plus à une éventuelle victoire de DSK en 2012 (…) Est-ce Ramzy Khiroun, proche conseiller du directeur du FMI et homme de confiance d’Arnaud Lagardère, qui prépare le terrain ? » (Rue89.com, 30 novembre 2010). Il demande la carte de presse, mais la Commission de la carte de presse la lui refuse, « considérant qu’il était d’abord un patron. La plaidoirie de son ami et avocat Nicolas Baverez, rencontré à l’ENA, n’y a rien changé » (Capital 4/2011).

En novembre 2011, il est nommé président du directoire de « Lagardère Active » (Europe 1, Elle, le JDD, Télé 7 Jours, Ici Paris, France Dimanche…) où il succède à Didier Quillot, qu’il évince. Il a pour mission de consolider les éditions numériques des titres de Lagardère, notammentLe Journal du Dimanche, Paris Match, Psychologies, Télé 7 jours, Elle, Public. En tant que président du directoire, il devient membre de fait du Comité Lagardère Media et de Lagardère SCA, la holding du groupe.

Denis Olivennes a été promu officier de la Légion d’honneur en juillet 2008, sur le contingent de François Fillon, premier ministre.

Toujours à la tête de Lagardère Active en 2015, il indique que, contrairement à la rumeur qui lui prête des veilléités de se porter candidat à la présidence de France Télévisions, il n’en est rien. Les résultats 2015 redressent la rentabilité de Lagardère Active et permettent à Denis Olivennes de continuer la mue de son groupe en poursuivant le rapprochement entre le JDD et Europe 1.

Fin 2015, il est la cible, avec sa femme, d’une plainte pour travail dissimulé et licenciement abusif ; leur gouvernante de 55 ans, qui a cessé d’être payée, affirmait qu’elle devait son licenciement à son refus de devenir auto-entrepreneur (et donc de prendre les cotisations patronales à sa charge). D’après le Canard Enchaîné « Chantal s’occupait de faire le ménage, les courses, les repas pour les invités en plus de veiller sur la propriété de 9 hectares et d’aller chercher les visiteurs du couple à la gare d’Avignon lorsqu’ils avaient de la visite. Et pendant deux ans et demi, ses employeurs auraient “oublié de lui réclamer des factures” pour la payer ». Les prud’hommes auraient ordonné le paiement de 4 680 euros comme rappels de salaires fin décembre 2015. Plus tôt dans l’année, une dépendance de la maison de Tarascon qu’occupent l’ex-mannequin et son mari a fait l’objet des attentions de la justice, car elle a été construite sans permis.

Il quitte Lagardère Active en juillet 2018. Il défend peu avant son départ son bilan, faisant état d’une hausse de 40% du résultat opérationnel hors Europe 1.

En 2019 malgré un bilan mitigé chez Lagardère – effondrement d’Europe 1, démantèlement du groupe de presse, cession des activités numériques et de Gulli… – il passe chez Daniel Kretinsky, auquel il a vendu une bonne partie des titres de presse. En plus il représente l’investisseur tchèque – qui a racheté la moitié des parts de Pigasse – au Monde. Il prend la présidence non exécutive de CMI France, la structure qui chapeaute les investissements de Kretinsky dans les titres de presse français. Claire Léost prend la direction générale exécutive – issue de Sciences Po et de HEC, c’est aussi une ancienne du groupe Lagardère.

PARCOURS MILITANT

« À 15 ans, il était proche de la LCR, dans ce qu’on appelle les comités rouges. Il adorait se bagarrer contre les types de l’extrême droite » (Henri Weber). « Pas avare de coups de poings, il se bagarrait avec les étudiants d’extrême-droite qui avaient fait leur nid à la fac d’Assas » (Capital 4/2011). Il militait alors, entre autres, avec Paul Moreira, fondateur de l’agence de presse et société de production audio-visuelle Premières Lignes et ancien de Canal+ +.

À la fin des années 80, il devient une des plumes de Laurent Fabius dont il restera proche jusqu’au référendum sur la constitution européenne de 2005. Fabius étant pour le non et Olivennes pour le oui, les deux hommes s’éloignent.

Alors que Sarkozy était devenu président, « Il aurait fait des pieds et des mains pour entrer au gouvernement, selon les confidences faites à des journalistes par un Sarkozy rigolard. A en croire Olivennes, c’est au contraire le Château qui lui aurait proposé en 2008 un poste de secrétaire d’Etat à l’Economie numérique » Capital, 2 novembre 2011.

PUBLICATIONS

  • L’impôt du diable. Le naufrage de la fiscalité française (sous la direction de Dominique de la Martinière), Calmann-Lévy, 1990.
  • L’impuissance publique (avec Nicolas Baverez), Calmann-Lévy, 1994.
  • La gratuité, c’est le vol : quand le piratage tue la culture, Grasset et Fasquelle, 2007.
  • Europe 1: le dictionnaire amoureux illustré, avec Bruno Labous, Denis Olivennes, Franck Ferrand et Sonia Déchamps.
  • 2018 : Mortelle transparence avec Mathias Chichportich, éd. Albin Michel, au sujet de la société numérique.

COLLABORATIONS

Le 23 novembre 2007, Denis Olivennes, alors président-directeur général de la FNAC, rend à Christine Albanel, ministre de la Culture, un rapport intitulé « Le développement et la protection des œuvres culturelles sur les nouveaux réseaux ». Appelé couramment « rapport Olivennes », il est à l’origine de la loi Hadopi, votée deux ans plus tard et visant à mettre un terme aux partages de fichiers ne respectant pas les droits d’auteur. L’association de consommateurs UFC-Que-Choisir a dénoncé la « surenchère répressive » du rapport.

CE QU’IL GAGNE

Lorsqu’il quitte Canal+ en 2002, deux ans et demi après y être entré, Denis Olivennes obtient une indemnité de départ 3,2 millions d’euros (indemnité qui sera ultérieurement contestée par la chaîne). Interrogé sur France 2, en janvier 2009, il déclare que cette somme correspond à deux ans et demi de salaire. Son salaire annuel était donc de 1 300 000 euros. Soit la bagatelle de… 108 333 euros par mois.

Quelques mois plus tard, il rejoint le groupe PPR et gagne 940 000 euros en 2003, 1 110 000 euros en 2004, 1 290 000 euros en 2005, « sans compter une participation au régime supplémentaire de retraite, plus des stock-options, plus l’octroi d’actions gratuites » (Benjamin Dormann, op. cit. p.95). « Au moment de son départ pour Le Nouvel Observateur, ses revenus annuels, tout confondu, excèdent 1 500 000 euros » (ibid.).

À peine arrivé au Nouvel Observateur, il annonce qu’il divise son nouveau salaire « par cinq ou six », par rapport à l’ancien (de 1 500 000 à 200 000 euros annuels). Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il devient également, en même temps que directeur de l’hebdomadaire, président du directoire de la société industrielle SFA appartenant à Claude Perdriel, si bien qu’il bénéficie d’un second revenu, d’environ 100 000 euros annuels. À sa nomination à la direction du Nouvel Observateur, il acquiert en outre 5% du capital de la société SFA « grâce à un crédit vendeur consenti à un taux d’intérêt inférieur à la fois au taux d’inflation et au taux d’intérêt légal de l’année » (Benjamin Dormann, op. cit. p. 102) plus la jouissance de 4% des parts de Perdriel qui n’en garde que la nue-propriété. Benjamin Dormann a ainsi calculé qu’en 2008, son revenu était de 300 000 euros (salaire de patron du Nouvel Obs + salaire de patron de SFA) + 650 000 euros de dividendes des 5% d’actions SFA + 520 000 euros d’usufruit des 4% de parts SFA = 1 470 000 euros par an… Denis Olivennes affirmait, quant à lui, qu’il ne touchait « que » 200 000 euros annuels. Cependant, alors qu’il se voyait déjà successeur de Perdriel, « leur divorce a été consommé après l’échec, en juin 2010, de leur candidature à la reprise du Monde » (Capital 4/2011). En 2010 d’après le site Bakchich il avait un million d’euros de revenus annuels déclarés au fisc.

D’après le Canard Enchaîné et le Nouvel Obs (Olivennes, un patron très cash), une partie de ses avoirs seraient investis outre-mer, pour défiscaliser. Il a aussi bénéficié de la niche Girardin industriel, « mécanisme incroyablement généreux pour les riches contribuables, avec un retour sur investissement de 25% à 40% quasiment sans risque, et effroyablement onéreux pour les dépenses publiques ».

« Chez Lagardère, selon «Le Canard enchaîné», le nouveau patron d’Europe 1 aurait réclamé 1,4 million d’euros. «Faux, c’est beaucoup moins», dit-il », Capital, 2 novembre 2011.

IL L’A DIT

« Rendez-vous demain matin à la réunion de 9h30 pour voir comment on bouscule le journal », mail envoyé un dimanche de juillet 2009 à la rédaction du Nouvel Obs.

« Moi, ce que j’aime, c’est commander », Le Canard Enchaîné, 8 décembre 2010.

« Internet : allez regarder les commentaires quand c’est pas contrôlé, quand c’est pas géré, quand la parole est libre, j’ai dit un jour […] c’est le tout-à-l’égout de la démocratie […] », Intervention à l’université d’été du Medef, 4 septembre 2009 (cité par Benjamin Dormann, op.cit. p.48).

« le politiquement correct, c’est quand même l’expression d’un progrès de la civilité, de la sociabilité […] c’est un fruit, un enfant et la condition de la démocratie. Ce qui est protégé par le politiquement correct, ce sont ces valeurs communes. Par conséquent le politiquement correct, c’est vital pour nos démocraties », université d’été du MEDEF 4 septembre 2009.

« La pensée unique, c’est ce qui fait que la démocratie fonctionne. Donc la dénonciation de la pensée unique par les révolutionnaires, c’est la même chose que la dénonciation du politiquement correct par les réactionnaires », université d’été du MEDEF 4 septembre 2009.

« Les cinq ans qui viennent de s’écouler ont donc été ceux de la reconfiguration du groupe. J’ai désormais en charge un groupe média qui dispose de titres puissants sur des segments forts : le féminin, le parental, les news. Maintenant, cap sur l’innovation au service de la croissance », 7 novembre 2011, à l’occasion de sa nomination comme président du directoire de Lagardère Active.

« Contrairement à tout ce que l’on a entendu […] et même si cette thèse est populaire dans le désarroi général de la gauche, je ne crois pas qu’il faille vouer aux gémonies le supposé capitalisme financier… Ce qu’il faut combattre avec la dernière force, c’est la déviation du capitalisme de rentiers, d’héritiers et de privilèges », Nouvel Observateur, n° 2338, 27/08/2009 (cité par Dormann, op.cit. p. 143–144).

« Il y a deux saisons, Laurent Ruquier est parti dans la maison d’en face, avec le même concept d’émission qu’il avait depuis quinze ans sur Europe 1, à la même heure, avec quasiment la même bande d’animateurs et il a emporté avec lui une partie du public. Conséquence, malgré tout le talent de Cyril Hanouna, la dynamique de croissance de la station a été cassée et a même été inversée”. “Sur le 16h-18h, nous avons perdu 327.000 auditeurs en deux saisons. Cela a eu des répercussions sur la matinale car près de 50% des auditeurs se réveillent avec la radio qu’ils ont écoutée le soir précédent », Ozap, 7 juillet 2016.

« J’aime Lagardère Active, les marques, les équipes, Arnaud Lagardère avec qui je travaille en bonne intelligence. Je n’ai aucune raison de quitter le groupe et toutes les raisons d’y rester », CB News, 4 octobre 2016.

« Si vous étiez un auteur? Chateaubriand, pour sa vie tumultueuse et son talent », L’Opinion, 4 août 2016.

« Si vous étiez un best-seller ? La Bible. Tout part de là (ou presque) et tout y revient (le plus souvent) », ibid.

ILS ONT DIT SUR LUI

« [Denis Olivennes est] un renégat très content de lui, ancien trotskyste devenu patron », Michel Onfray, août 2005 (cité par Dormann, op. cit. p.199)

« Denis Olivennes a le goût du bonheur et le sens du tragique. Il passe pour être curieux, inflexible, arriviste, combattif, drôle, surdoué. Extrêmement orgueilleux et courageux. Il connaît la terre entière mais la terre entière ne le connaît pas. On dit de lui qu’il a changé (moins bien qu’avant : plus du tout capable d’élans et d’allants). On dit de lui qu’il n’a pas changé (mieux que les autres : toujours capable de gratuités et d’amitiés) », le JDD, 24 juillet 2005.

« Cet énarque normalien mondain passe d’un poste à l’autre, comme une grenouille change de nénuphar », Le Canard enchaîné à l’occasion de sa nomination à la tête de la direction opérationnelle du nouveau pôle d’information de Lagardère Active, 8 décembre 2010 (cité par Dormann, op. cit. p.57).

« Au cours de l’année 2000, alors que la situation financière de Canal+ est totalement dégradée, messieurs Pierre Lescure, président, Denis Olivennes, directeur général et Philippe Duranton, directeur des ressources humaines, ont fait signer à 15 cadres dirigeants de cette société des avenants à leur contrat de travail pour leur faire bénéficier de « golden parachutes » totalement exorbitants et dérogatoires du droit commun (3 ans de salaire net de toutes charges sociales et fiscales, hors de toute conditions d’ancienneté et quelle que soit la cause de la rupture du contrat de travail), sans équivalents, à notre connaissance, dans une société de droit français », Conclusion de l’enquête des juges Henri Pons et René Cros du pôle financier (cité par Dormann, op.cit. p. 179)

« Il a adopté la tactique dite du nénuphar, commente un grand patron. Telle la grenouille qui saute de plante en plante. Et il se barre juste avant l’échec, juste avant que cela ne se voie. Canal +, PPR, Air France, la Fnac, la grenouille a beaucoup sauté et n’a pas franchement marqué les mémoires. ”De lui, on ne se souvient de rien, aucune trace, sauf ses incroyables indemnités de départ”, grince un malveillant. Un élu acerbe qui l’a beaucoup fréquenté lorsqu’il était fabiusien alourdit la barque : ”Il est plus fort pour faire parler de lui que pour accomplir quoi que ce soit”. Et, ajoute un patron de presse, ”il est plus doué pour les relations publiques que pour la gestion’ ». Le Canard Enchaîné, 8 décembre 2010.

« Son interview pas franchement distancée de Sarko, réalisée en solo, a fait grand bruit dans le journal. Idem quand l’été dernier il a commandé un feuilleton sur la vie à l’Elysée, puis l’a caviardé consciencieusement de toute allusion un rien désagréable. Un portrait de Carla Bruni, qu’il connaît bien, a été relu et amendé trente fois. Avec sa compagne Inès de la Fressange, il a posé amoureusement dans Gala […] un cadeau qu’il n’a pu faire à sa belle à l’Obs. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, en insistant « comme un dingue », à en croire les jaloux pour que l’hebdo fasse des covers ou des promos du livre de sa belle », ibid.

« Encore une encoche à la crosse de son revolver. A bientôt 51 ans, Denis Olivennes ne trahit pas l’image de mercenaire qui lui colle à la peau. Après Air France, Numericable, Canal Plus, la Fnac et «Le Nouvel Observateur», le voilà depuis janvier aux commandes du nouveau pôle d’information du groupe de son ami Arnaud Lagardère. Un gros morceau constitué d’Europe 1, «Paris Match», le «JDD» et la branche Internet Newsweb. L’urgence ? Redresser l’audience de la station, qui a perdu 500 000 auditeurs fin 2010, par rapport à la même période de 2009. Et faire oublier le parfum d’inachevé que «DO» (prononcer «déo»), comme on le surnomme, a parfois laissé dans ses précédentes fonctions », Capital, 2 novembre 2011.

« Au lycée Henri-IV, c’était Denis le rouge: entre 1973 et 1976, il a fait partie d’un groupuscule proche de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) qui déclenchait la grève chaque printemps. Pas avare de coups de poing, il se bagarrait avec les étudiants d’extrême droite qui avaient fait leur nid à la fac d’Assas. Reste son tempérament sanguin. Denis Olivennes se vante ainsi d’avoir menacé Jean-Marie Messier d’un bourrepif lors d’un raout de Vivendi à Deauville, en 2002. Trois jours avant de démissionner de la présidence de Canal Plus France. », ibid.

« Dernière humiliation, la Commission de la carte de presse lui a refusé le statut de journaliste, considérant qu’il était d’abord un patron. La plaidoirie de son ami et avocat Nicolas Baverez, rencontré à l’ENA, n’y a rien changé. », ibid.

« Claude Perdriel, 84 ans, voyait en lui le successeur idéal pour reprendre son groupe («Le Nouvel Obs», mais aussi «Challenges» et sanibroyeurs SFA) et l’avait fait entrer à hauteur de 6% au capital. Mais leur divorce a été consommé après l’échec, en juin 2010, de leur candidature à la reprise du quotidien «Le Monde», dont l’énarque se rêvait déjà directeur », ibid.

«  Matois, [Denis Olivennes] savoure sa saillie. Mi-charmeur mi-combatif, il se met à deviser sur sa nouvelle vie. Il taille aussi en pièces le portrait, parfois cruel, que lui a façonné, en trente ans de carrière, « le petit milieu parisien » : un chef d’entreprise affable, plus connu pour ses connexions dans les médias, la politique et la culture que pour ses qualités de bâtisseur », Le Monde, 11/02/2019.

SA NÉBULEUSE

Denis Olivennes est membre du Siècle, un club permettant de créer « un pont entre des mondes qui s’ignorent trop en France » selon les statuts, mais qui, officieusement, permet « de gagner en puissance au sein de la société, d’être branché sur les réseaux d’influence, d’avoir reçu une bonne éducation mondaine, et bien entendu d’avoir envie de se retrouver entre élites et « gens de qualité. On ne peut pas vraiment y être admis si l’on n’ a pas compris le jeu des relations sociales et le rôle majeur du carnet d’adresses », La République des Lettres, « Select Club : Le Siècle, club de rencontres des élites françaises », 22 janvier 2008 (cité par Dormann, p. 226).

Il a participé à la réunion « Bilderberg » 2009. Le groupe de Bilderberg, fondé en 1954 par le banquier américain David Rockfeller et par Josef Luns, ancien secrétaire général de l’Otan à l’hôtel Bilderberg d’Osterbeek aux Pays-Bas, est considéré comme le réseau d’influence internationale le plus puissant du monde. Ce groupe composé de « 120 milliardaires, banquiers, hommes politiques, industriels, universitaires, hauts fonctionnaires, personnalités d’influence dans le monde du travail et de l’éducation et journalistes, se réunit pendant un week-end dans un hôtel ou un centre de villégiature quelque part en Amérique du Nord ou en Europe, afin de discuter en privé des affaires du monde », Rue89.com, « Bilderberg : silence médias sur les réunions de l’élite mondiale », 11 juin 2008.

Il appartient à la FAF (Franco-American Foundation), l’un des plus puissants réseaux de lobbystes franco-américain, dont l’objet est de « contribuer de manière désintéressée au développement des échanges de toute nature entre les États-Unis et la France et de permettre, par là une meilleure connaissance réciproque des deux sociétés, ceci en collaboration avec la French-American Foundation, créée à New-York le 1er août 1975 », (article 2 des statuts de la FAF). La FAF est à l’origine du « Young Leaders program », crée en 1981, dont l’objectif est « de créer et d’entretenir un réseau informel d’hommes et de femmes appelés à occuper des postes clés dans l’un ou l’autre pays », présentation de son programme « leadership » par la French-American Foundation-France (cité par Dormann, op.cit. p.230).

Le 27 février 1996, il est convié au premier audit du forum pour la République sociale, autour de la question de l’Etat régulateur, acteur économique et social. Le forum est présidé par Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Pierre Masseret, et sont invités Denis Olivennes, Daniel Behar et Robert Castel. Le forum se tient au Sénat.

Le 23 octobre 2006 il préside un débat de la Diagonale, le club de sarkozystes « progressistes » fondé par Brice Hortefeux. Celui-ci avait pour thème : « réalité économique et création artistique : quelle diffusion pour la culture en France ? ». Le fondateur de la société MK2 Marin Karmitz était aussi présent.

Pendant la campagne de 2007, il rejoint les « Gracques », « un groupe de réflexion et de pression » de hauts fonctionnaires socialistes appelant à une alliance du PS avec le centre et souhaitant une rénovation de la gauche française autour des valeurs sociales libérales. Parmi les personnalités, on compte aussi Bernard Spitz, Gilles de Margerie ou Matthieu Pigasse.

Il réactive en 2006–2007 le club Fraternité qu’il avait fondé et animé pour le compte de Fabius, qui compte se présenter aux présidentielles. Ce club réunissait des chefs d’entreprise et des syndicalistes. Il est dans l’équipe rapprochée de Fabius, avec Stéphane Fouks (Euro RSCG), Stéphane Israël, un jeune normalien qui écrit les discours de Fabius, Serge Moati, Jérome Clément, Gérard Unger et Joseph Daniel.

Il fait aussi partie des Amis de Ségolène Royal, qui se réunissent une fois par semaine au petit-déjeuner, dans un grand hôtel parisien, pour discuter des grands thèmes de la campagne ; parmi les personnalités présentes on trouve Erik Orsenna, André Vallini, Jean-Pierre Mignard ou encore le fondateur de l’association, Pierre Bergé.

Alain Minc a soutenu Claude Perdriel, patron du Nouvel Observateur, et Denis Olivennes, son directeur de la publication, dans leur tentative de rachat du groupe Le Monde en 2010, face à Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel, qui ont finalement remporté la mise. Il s’était aussi mis sur les rangs pour prendre la tête de France Télévisions. Peu de temps après l’arrivée de Denis Olivennes à la tête du pôle information Lagardère, en janvier 2011, Édouard Minc, le fils d’Alain Minc, est promu éditeur de Paris-Match.

Il est aujourd’hui un proche d’Arnaud Lagardère et le numéro 2 de son groupe.

On prête à Denis Olivennes (notamment Gala, août 2009, ou lepost.huffingtonpost.fr, 3 juillet 2009) une relation avec Carla Bruni avant que celle-ci n’épouse le chef de l’État. Ils auraient « un temps tous les deux songé à vivre ensemble » (Valérie Benaïm et Yves Azéroual, Carla et Nicolas, la véritable histoire, éditions du Moment, 2008) et seraient restés très proches.

Avec Laurent Joffrin et Patrick Weil, il anime le club de réflexion (marqué à gauche) Danton ; dans ce groupe de réflexion Jean-Pierre Chevènement et Nicole Notat ont fait des passages remarqués. Les trois fondateurs se sont rencontrés aux Jeunesses socialistes, dans les années 1980. Ils se réunissent autour d’un buffet et d’un invité d’honneur, avec une quarantaine d’autres personnes, chaque mois de 19h30 à 23h, au domicile de Laurent Joffrin. La liste des invités, tout comme les propos échangés, sont confidentiels. Et le club se présente non comme un réseau de connivence ou de soutien, mais comme « un club de gens qui ne sont pas d’accord entre eux », ou une « agora sélecte où se croisent les points de vue ». Le club Danton a déjà invité Nicole Notat, Sarkozy, Hollande, Chevénement, Cohn Bendit, Malek Boutih etc.

Il a travaillé pour la Fondation Saint-Simon, créée en 1982 par Roger Fauroux, François Furet (qui fut l’un des mentors d’Olivennes), Alain Minc et Pierreosanvallon. Elle a converti les socialistes au libéralisme, sans avoir eu cependant d’influence programmatique réelle. Le sociologue Pierre Rosanvallon aurait bien vu (Capital 12/2001) Denis lui succèder à la tête de cette fondation. Il est aussi membre du club l’Ami public et était membre du conseil d’administration du cercle de réflexion progressiste En temps réél, où l’on retrouve Laurent Joffrin, Bernard Spitz, Pascal Lamy ou encore Olivier Nora, avec qui il s’est lié à l’ENS (le JDD 24/7/2005). Ce club fondé par une dizaine de chefs d’entreprise l’a été en 2000 sur les ruines de la Fondation Saint-Simon, qui s’est sabordée en juin 1999. Il promeut l’homogénéisation de la société, la construction européenne, la gouvernance mondiale… une nouvelle version, selon ses fondateurs, de l’utopie de gauche.

Il dîne régulièrement, affirme Capital (12/2001) avec Martine Aubry, Pierre Moscovici, François Hollande ou Vincent Peillon. Et compte alors aussi quelques amis à droite, dont Hervé Gaymard et François Baroin.

 

OJIM

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