Se voiler pour exister!


La récente tournée des bureaux de vote toulousains m’a permis de voir que la mode musulmane s’invitait jusque dans les isoloirs. Pudique ou pas, elle s’exhibe donc au sein même d’un des marqueurs de l’identité nationale puisque, jusqu’à preuve du contraire, les personnes exerçant leur droit de vote à la présidentielle sont obligatoirement et exclusivement de nationalité française.

Voiles et affirmation d’une identité

Foulards, tchadors, abaya noire et longs gants assortis, long manteau grisâtre et pantalon cachant les formes avantageuses de certaines, ou robe chatoyante pour d’autres, étaient donc de sortie. Et leurs propriétaires, très fières de leur vêture et d’affirmer leur identité musulmane, comme si elles tenaient à montrer qu’elles sont les seules à respecter les codes d’une certaine mode discrète. Et sûrement bien déconfites de ne pas avoir de candidat musulman à se mettre sous la dent, même si Macron a envoyé de nombreux signaux de connivence à ces populations.

Marie de l’Isle a récemment (Présent du 20 avril) évoqué la mode musulmane en montrant combien elle avait le vent en poupe. Il convient de se demander si le succès remporté dans notre pays par ce prosélytisme revendicatif n’est pas dû principalement à notre perte de repères religieux et moraux et, bien sûr, à cette laïcité imposée depuis des lustres au nom du vivre ensemble et de la chasse aux discriminations. Certes, on a eu droit, cet été, aux gesticulations d’Elisabeth Badinter et de toute une tripotée de féministes qui ont agité l’épouvantail du burkini. Elles ont tout simplement oublié l’essentiel, à savoir résister à l’installation des mœurs islamiques en France et en Europe.

Dérive sémantique

Depuis quelques années, le monde parisien de la mode, les sociologues de tout poil et de nombreux hiérarques musulmans utilisent les mots « mode modeste » pour la vêture des femmes souhaitant cacher épaules, cuisses et décolleté. Il s’agit, en fait, d’une mauvaise traduction de l’expression anglo-saxonne « Modest Fashion » qui signifie pudique et non pas modeste. Comme le montre Pascal Bruckner, le monde musulman a tout intérêt à utiliser cet anglicisme : « Modeste et pudique sont des qualités négatives qui s’opposent à immodeste et impudique. Quiconque “n’embrasse pas” cette mode passe donc pour indécent et orgueilleux. Conclusion : toute femme qui n’est pas voilée ou ne se baigne pas en burkini est soupçonnée d’être une débauchée » (Pascal Bruckner, Un racisme imaginaire, la querelle de l’islamophobie, Grasset, 2017).

Un exemple supplémentaire de cette bataille du langage menée par le monde de l’islam pour faire avancer ses pions. Rappelez-vous le combat gagné en 2015 par la chaîne Qatari Al Jazira contre l’emploi du terme de « migrants » abandonné au profit de celui de « réfugiés », lors de l’invasion migratoire de ces millions de clandestins partis à l’assaut de l’Europe.

Une mode décente

En fait, le monde musulman, choqué par les défilés débraillés et dénudés des grands couturiers français ou leurs publicités pour lancer des parfums ou des rouges à lèvres – on retiendra celles, particulièrement répugnantes, de Saint-Laurent – a mis le paquet sur la « mode modeste ». Et la sauce a pris auprès d’abord des fashionistas américaines ou anglaises d’origine musulmane, puis de l’ensemble du monde islamique, ce qui représente un énorme potentiel financier puisque, en 2015, les adeptes du voile ont dépensé la bagatelle de 44 milliards de dollars dans la fringue. Le tout avec l’aide de puissants réseaux sociaux et la complicité de couturiers occidentaux comme les italiens Etro et Marni ou celle du géant de la mode japonaise Uniqlo. Ils n’ont pas hésité, en effet, à créer des collections spécialement destinées aux lectrices du Coran. Et quoi de mieux qu’une Fashion Week pour installer définitivement cette mode dans le paysage avec le soutien de Wall Street, de la City et de Dubai réunis ? Istanbul en 2016, Londres en janvier dernier, les premières Fashion Week ont connu un grand succès et Paris est la prochaine cible des organisateurs.

Paris où Valérie Bénita, créatrice implantée dans le Sentier et juive pratiquante, a senti souffler le vent de la mode décente et a donc créé sa propre marque Modeste, en jouant là aussi sur les mots. Histoire de renouer avec une certaine retenue et de permettre aux femmes qui n’ont pas envie de déambuler en mini-jupe ou de montrer leur nombril, d’être vêtues de façon correcte. Mais surtout d’éviter de devenir les proies de ceux-là même qui souhaitent voir leurs femmes ou leurs sœurs emmaillotées dans des tissus informes, mais guettent le moindre morceau de chair qui peut dépasser d’un vêtement.

En fait, ce souci d’une mode décente n’est pas nouveau et sans remonter au code vestimentaire en vogue dans la bonne bourgeoisie française du XIXe siècle, je citerai quelques lignes d’un discours tenu en 1941 par le pape Pie XII devant un parterre de jeunes filles de l’Action catholique : « La mode n’a en elle-même, rien de mauvais. Elle naît spontanément de la sociabilité humaine suivant l’impulsion qui incline à se mettre en harmonie avec ses semblables et avec les habitudes des personnes avec lesquelles on vit. » En Inde, où le sari découvre l’estomac, il est choquant de dévoiler sa gorge et ses épaules.

Autant de raisons donc pour que, dans notre pays, la mode musulmane mette les voiles.

Francoise Monestier – Présent

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