Alger, juin 1957 : trois bombes meurtrières!

Ce 3 juin 1957, entre 18 h 25 et 18 h 30, trois bombes du FLN vont faire un carnage. La première, rue Hoche, à la station du Moulin, devant les établissements SADAT. La seconde, à l’arrêt de bus de l’Agha, près du café Méropole. La troisième, à l’arrêt de la Grande Poste, rue Alfred-Lelluch.

On lit dans L’Echo d’Alger du 4 juin : « Les trois bombes à retardement avaient été dissimulées dans des socles de lampadaires fluorescents récemment installés. Contraints de changer de méthode par la présence des territoriaux dans des véhicules de transport, les tueurs inaugurent un système des plus meurtriers : sous la violence des explosions, les corps de fonte, littéralement déchiquetés, produisirent un terrible effet de shrapnels. »

Les seuls noms des sept morts, où l’on retrouve la composante même de l’Algérie française, suffisent à dire que – comme aujourd’hui les islamo-terroristes – les tueurs frappaient à l’aveugle : Jean Bayle, 10 ans ; Gabriel Duchemin, 67 ans ; Jules Lévy, 50 ans ; Vincente Mas, 14 ans ; Hélène Rehm, 50 ans ; Mohammed Mechairi, 25 ans ; Georges Saint-Jean, 6 ans.

Mais aussi les noms des blessés : Andrée Angelotti ; Marie Buisson ; Gisèle Descendo ; Zekia Hamoun ; Zoubida Ronassia ; Fatma Sassoun ; Marthe Sportelli ; Saïd Allane ; Mohammed Haouni ; Jacques Bihan ; Mohammed Belota ; Sid Ahmed Bendouche ; Salomon Chergui ; Touaïd Rabia ; Camille Bastouani ; Henri Scotto ; Ali Guerra ; Abdelkader Maadi ; Adolphe Patzizer ; Joseph Sintès ; Louis Vernet ; Abbès Nefoud ; etc.

Rue Alfred-Lelluch, devant la droguerie Cote, le sang coule dans les caniveaux. Des chairs sont mêlées aux bris de glace, à de la ferraille, à des lambeaux de tissu et à des chaussures. Les survivants, certains affreusement mutilés, vont être transportés à l’hôpital de Mustapha, à l’hôpital Maillot, à la clinique Solal et Laverne. Une mère cherche son fils : « Où est Jean ? » Une musulmane, blessée à la jambe, tente de réconforter une femme dont on est en train d’opérer le mari : « Mais je l’ai vu, il était près de moi, il m’a donné son nom, ne pleure pas… C’est rien, tu vas voir… »

Dans la même semaine, Justin Briesach est assassiné à Marceau. Armand Charras, victime d’un attentat à Médéa, succombe à ses blessures. Une trentaine de fellouzes attaquent une ferme de la Zaouïa. A Teniet el-Haâd, un jeune homme de 20 ans, Marie-Jules Galbès, est grièvement blessé. Un terroriste jette une grenade contre le Bar du marché à Souk-Ahras. A Mila, Djemane Mekki, membre de la commission départementale de Constantine, est assassiné. A Picard, Raymond Sanchez, père de sept enfants, est enlevé par le FLN et retrouvé égorgé. A Rezilane, près d’Oran, Bencherit el-Hadj, titulaire de la légion d’honneur, est poignardé. Trois Français musulmans sont égorgés près de la ferme Boyer aux Adellys. Etc.

S’ils croient que nous avons oublié ces horreurs ravivées aujourd’hui par les attentats islamistes, ils se trompent. Lourdement.

Alain Sanders – Présent

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