Les Impressionnistes (réfugiés) à Londres (Vidéo)

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Le Petit Palais présente cet été une exposition inédite dédiée aux nombreux artistes français réfugiés à Londres suite à la guerre franco-allemande de 1870 et à l’insurrection de la Commune. L’exposition plonge le visiteur dans cette période troublée qui eut des ré- percussions méconnues sur beaucoup d’artistes. Mal- gré leurs différences sociales et politiques, leurs diverses sensibilités artistiques, nombre d’entre eux vont se retrouver sur les rives britanniques et former une communauté d’exilés.

Organisée avec la Tate, l’exposition présente 140 œuvres empruntées à de nombreux musées de Grande-Bretagne comme la Tate Britain, le Victoria and Albert Museum, la National Gallery ; des États-Unis tels le Brooklyn Museum, l’Art Institute de Chicago, le Metropolitan Museum of Art de New- York ; mais également français comme le musée d’Or- say entre autres.

Les œuvres de Monet, Pissarro, Sisley, mais aussi de Tissot, Legros, ou celles des sculpteurs Carpeaux, Rodin et Dalou sont confrontées, à des moments précis du parcours, à celles d’artistes britanniques comme Alma-Tadema ou Watts afin d’évoquer les réseaux de solidarité qui se tissent alors entre créateurs français et britanniques.

Le parcours qui suit un fil chronologique permet aux visiteurs de comprendre les raisons qui ont pous- sé ces artistes français à venir s’installer à Londres. Même si certains comme Legros sont déjà présents dans la capitale britannique, c’est bien la guerre franco-allemande de 1870 qui marque le point de départ d’une vague d’arrivées d’artistes quittant Paris. L’Empire britannique est alors au sommet de sa puissance. Londres représente un refuge sûr, mais le choix de leur destination est aussi guidé par l’idée que le marché de l’art y est plus porteur. Le marchand parisien Paul Durand-Ruel s’y installe également et sa nouvelle galerie devient une base de diffusion de la peinture française.

Les futurs impressionnistes comptent parmi les premiers artistes exilés. Monet et Pissarro arrivent à Londres à la fin de l’année 1870 et rencontrent leur aîné, le peintre Daubigny. Les paysages de Londres avec ses parcs et jardins, ainsi que son célèbre brouillard deviennent leurs sujets de prédilection. Pourtant ce premier séjour est difficile pour Monet qui n’arrive pas à vendre ses toiles et décide de rentrer en France à l’automne 1871.

Tissot, comme avant lui Legros, va au contraire très bien s’intégrer à la vie londonienne. Tissot adapte son style à un public qui apprécie particulièrement les scènes de genre. Il représente de manière méticuleuse et détaillée la haute-société victorienne à travers de nombreux portraits et des scènes de leur vie quotidienne comme les concerts, bals, pique-niques, promenades en bateau sur la Tamise… Sur les conseils de son ami Whistler, Legros s’installe à Londres dès 1863 pour des raisons financières. Marié à une anglaise et rapide- ment naturalisé, il devient le pilier de cette communauté d’exilés français et l’un des professeurs de peinture et dessin les plus renommés de la capitale.

Carpeaux trouve refuge à Londres à la chute de Napoléon III qui l’avait tant soutenu mais la capitale ne lui offre pas le succès escompté. Son élève, Dalou, communard, fuit à son tour Paris au printemps 1871 et rejoint la capitale britannique pour huit années plus fructueuses.
Bien accueilli par ses confrères anglais, il dispense plusieurs cours de sculpture et ses sujets liés à la sphère intime connaissent un réel succès auprès des financiers et des propriétaires terriens.
Bien après ces années difficiles, les impressionnistes comme Pissarro et Monet reviennent à plusieurs reprises dans la capitale londonienne. Ces séjours les confortent dans leur attachement à travailler en plein air. Les nombreux jardins que compte la capitale britannique comme Hyde Park, Kew Garden ainsi que la Tamise et ses plaisirs nautiques deviennent des motifs récurrents de leur peinture. De 1899 à 1901, Monet choisit le fleuve et les infinies variations de la lumière sur l’eau comme sujet d’une longue série de peintures. Il en peindra plus d’une centaine représentant le pont de Charing Cross, de Waterloo et du Parle- ment. Les toiles du Parlement sont parmi les plus belles. Le bâtiment est un prétexte permettant d’immor- taliser le spectacle de la Tamise et de ses brumes, sujets à une multitude de variations chromatiques selon l’heure de la journée.

Le parcours s’achève sur Derain qui rend hommage à Monet en 1906-1907 en reprenant les mêmes motifs. Il défie ainsi le maître en développant sa propre expression et en proposant une image nouvelle de Londres.

Plusieurs dispositifs de médiation accompagnent le visiteur dans sa découverte de l’exposition.

Un parcours sonore diffuse les conversations de deux personnages anglais qui dialoguent sur des sujets de société, Arthur Gordon, journaliste travaillant à Paris avant la guerre, et sa jeune cousine, Dorothy Bailey, qui étudie la peinture à Londres. Leurs échanges permettent aux visiteurs de revivre les débats artistiques de l’époque et de les suivre dans les lieux fréquentés par la communauté française à Londres.

Une table tactile installée dans «l’art club», espace conçu comme un club londonien, présente une carte de la ville avec 80 points d’entrée permettant d’accéder à des informations sur les artistes, des personnali- tés, des lieux de sociabilité ainsi que des sites représentés sur les tableaux de l’exposition.

Enfin, «l’art studio», espace pédagogique situé dans le parcours, évoque un atelier d’artiste de la fin du XIXe siècle. À partir de dispositifs pédagogiques interactifs et d’œuvres originales (tableaux, gravures et sculptures), le visiteur y est invité à découvrir et à expérimenter la technique des artistes présentés dans l’exposition. Des animations gratuites et sans réservation, pour petits et grands, y sont proposées tout au long de l’exposition.

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