De Berlin à Versailles

La fin d’une époque : l’antenne de la radio RIAS (Radio In American Sector), installée à Berlin pendant la Guerre froide pour diffuser ses programmes vers l’Est, a été démantelée le samedi 30 août. Avec Voice Of America étasunienne et Radio Free Europe britannique, elle a diffusé de 1946 à 1993 et permis à la musique occidentale de passer le Rideau de fer. Le plus puissant émetteur de toute l’Europe, cette relique de l’affrontement culturel Est-Ouest, a été détruit, inutile et concurrencé par d’autres modes de communication. Les témoignages montrent, s’il en était besoin, l’énorme influence des musiques occidentales auxquelles l’appareil soviétique était incapable d’apporter une réponse autre que de dérisoires tentatives de brouillage.

Le compositeur Pierre Jansen est mort le 13 août dernier. Après de solides études musicales, il suit Olivier Messiaen à Darmstadt pour se tourner ensuite vers la musique de film. Il compose surtout pour Claude Chabrol, mais aussi pour Pierre Schoendoerffer (La 317e section). Au début des années 1990, il revient à la musique contemporaine.

Pendant que le gouvernement français a besoin d’une révision de sa Constitution pour reconnaître ses langues régionales, les Suisses les défendent par la chanson. L’initiative est intéressante, mais le nom du projet n’a rien de musical : « Faites du bruit pour la Suisse. » La chanteuse Anna Känzig chantera en allemand, Alejandro Reyes en français, le duo Make Plain en italien et le rappeur Snook en romanche. Des castings sont organisés dans toute la Suisse pour constituer des chorales capables de soutenir leur chanteur. Défendre sa langue par la chanson ne peut être qu’une bonne idée.

Le contre-ténor Mathieu Salama interprète le répertoire baroque dans les églises parisiennes à partir du 20 septembre. Sa tournée débute à la paroisse Sainte-Claire, 179 Bd Sérurier, 75 019 Paris (réservation : 06 11 68 22 95). Il met en ligne début septembre un enregistrement du Cold Song extrait du King Arthur de Purcell sur Youtube et Dailymotion.

Louis XIV est mort le 1er septembre 1715. La disparition d’un monarque aussi considérable fut l’occasion de cérémonies funèbres fastueuses et musicales auxquelles les plus grands compositeurs français de l’époque (Philidor, Delalande, Colin) apportèrent leur contribution. Un grand concert, avec l’orchestre Pygmalion dirigé par Raphaël Pichon, sera donné les 3 et 4 novembre prochains dans la Chapelle royale du château de Versailles (réservation : 01 30 83 70 90).

Une biographie de François-Joseph Gossec vient d’être publiée, compositeur central d’une époque qui a connu tant de bouleversements politiques. Compositeur des princes sous la monarchie, il devient le « musicien officiel de la Révolution » et on lui doit une magistrale harmonisation de La Marseillaise. Il est considéré comme le père de la symphonie française.

Claude Role, François-Joseph Gossec (1734-1829). Un musicien à Paris, de l’Ancien Régime au roi Charles X, éd. L’Harmattan, 384 pages, 35 euros.

Thierry Bouzard – Présent

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