“Pétrie des bons sentiments qui pavent les enfers à venir, l’Europe se sacrifie et l’Eglise prie”!

Le Vatican devrait au moins défendre les siens! L’Eglise catholique est mondialement organisée, riche, puissante, dotée d’un commandement unique, centralisé et d’une voix écoutée en la personne du Pape. En outre, elle possède une hiérarchie claire et pyramidale susceptible de s’activer aux quatre coins du globe, un maillage qui lui permet de s’adresser à plus d’un milliard d’êtres humains, un réseau d’influence sur les grands de ce monde, notamment les dirigeants des puissances occidentales démocratiques.

Et cependant, face aux persécutions dont ses membres sont victimes en Orient pour la première fois à cette échelle depuis la chute de Constantinople, cette puissance endormie ne fait rien ou si peu. Anesthésiée. Tétanisée. Émasculée, dirait-on si l’on osait… – mais avec l’Eglise catholique cela fait longtemps qu’on peut tout dire.

Tandis qu’en Syrie, en Irak, et dans bien d’autres pays musulmans, ses enfants subissent des horreurs dignes des nazis, l’Eglise se met dans les rails de la seule idéologie à la mode : la compassion passive.

Le pape enjoint ses fidèles à prier. On se mobilise dans les paroisses pour envoyer des dons et de quoi nourrir les rescapés. On fait sonner les cloches. La belle affaire !

Du bout des lèvres le pape condamne et appelle à agir. On tremble. Le Vatican, combien de divisions ?

En mars 2015, Mgr Tomasi, observateur du Vatican aux Nations unies, a estimé qu’il fallait « mettre sur pied une coalition à l’issue d’une réflexion poussées » . Une commission à la Hollande en quelque sorte. On présage alors de l’efficacité de cette « réflexion poussée ».

Simplifions : pour Mgr Tomasi, « toute coalition contre Daesh doit inclure des États musulmans du Moyen-Orient et ne peut pas simplement être une approche occidentale ». De quoi accélérer le processus ? On en doute. Pourtant, la presse a alors salué cet incroyable changement de posture, l’Eglise ayant traditionnellement fait de la neutralité diplomatique et de l’injonction humanitaire sa posture internationale.

La réalité, c’est que rien n’a bougé depuis. Même l’ONU détourne les yeux. Les Yezidis ont subi un quasi-génocide, les chrétiens ont été pratiquement éradiqués pendant qu’on… réfléchissait.

Ces dizaines de milliers d’individus ne semblent d’ailleurs pas avoir ému les chantres du NPA, d’EELV, du Front de Gauche toujours vent debout si on déplore une victime palestinienne. De même, il semblerait que la question « vitale » du mariage pour tous ait mobilisé davantage les catholiques que la lutte contre les persécuteurs de chrétiens.

Quant au Pape, il prie. Face au niveau de violence et de barbarie de Daech, digne d’Himmler, on ne comprend plus. Que faut-il pour réveiller l’Eglise ? Où est l’énergie, la révolte, l’indignation, comme moteur de l’action au-delà de la simple posture ? Oui, où est la rage de sauver les siens ?

Personne ne semble s’étonner de cette incroyable passivité, de ce renoncement, de cette faiblesse qui trouve peut-être sa source dans une culpabilité occidentale cultivée depuis trente ans par des Européens qui ne comprendront les immenses bienfaits de l’Occident que lorsqu’ils les auront définitivement perdus.

Quand on songe que sans hiérarchie et sans pape, il aura suffi d’une caricature pour que les musulmans du monde entier et leurs multiples autorités s’enflamment et mettent au pas les Etats qui désormais s’autocensurent, tout contrits de plates excuses, on est en droit de s’interroger.

Faisons un peu de fiction : que se passerait-il si la France massacrait sa population musulmane, organisait un marché des esclaves place de la Concorde, enterrait vivants des enfants musulmans raflés aux Tarterêts, autorisait les soldats à violer les femmes et les petites filles musulmanes de la cité des Quatre mille à La Courneuve ? Le monde musulman ne ferait-il pas le siège de l’Onu pour envoyer des troupes ? La réaction mondiale ne serait-elle pas puissante, déterminée, unanime et inflexible ? Y-aurait-il une nation qui oserait jouer le rôle tordu de la Turquie ? Aucun doute, en trois mois, la France serait mise à genoux d’une manière ou d’une autre – il suffirait d ‘arrêter de lui fournir son shoot mensuel de dette…

Et si dans un pays musulman, des chrétiens commettaient des attentats, son gouvernement ne prendrait-il pas des mesures radicales comme l’expulsion de tous les extrémistes chrétiens ? Il est même probable que les Etats occidentaux le féliciteraient de ces mesures courageuses. Mieux, on collaborerait pour récupérer et incarcérer nos enfants égarés par l’extrémisme chrétien. On récupérerait même avec fierté des chrétiens extrémistes ressortissants du pays musulman en question pour l’en débarrasser. On s’en ferait un devoir.

On trouverait normal que les Etats musulmans décident de fermer tous les lieux de culte chrétiens par principe de précaution. Les verts-rouges se lamenteraient sur ces relents de colonialismes symbolisés par les attentats commis en terre musulmane par des monstres chrétiens. Pour remplir le vide, Cambadélis appellerait à se méfier de ce qui nous rappelle les heures sombres.

Mieux, on organiserait gentiment le rapatriement des millions chrétiens innocents de tout acte terroriste en leur jetant un regard sévère à leur arrivée chez nous et en nous battant la coulpe. On comprendrait même que sur notre territoire, quelques-uns soient passés à tabac par des enfants des cités et que des églises brûlent.

On mesure bien le « deux poids, deux mesures ». L’histoire a ses règles : l’énergie déserte toujours les corps gras et le monde appartient aux déterminés. Dans ces conditions, comment l’Eglise oserait-elle mettre les pays musulmans fassent à leurs responsabilités ? Comment oserait-elle exiger des puissances pétrolières arabes– bien plus riches que nous- d’organiser l’accueil des migrants ? On attend toujours qu’un dirigeant européen le leur demande … d’autant plus que certaines comme l’Arabie Saoudite ont probablement soutenu Daech. Et bien non, c’est encore à une Europe épuisée, appauvrie, divisée de se taper le boulot, de saturer les urgences de ces hôpitaux déjà surpeuplés, de gaver les accueils sociaux de milles demandes et de s’endetter, encore et encore.

Pétrie des bons sentiments qui pavent les enfers à venir, l’Europe se sacrifie et l’Eglise prie. Comment pourrait-il en être autrement quand on a perdu sa fierté ? On charge nos manuels scolaires de culpabilité, réduisant l’histoire de la chrétienté à l’inquisition et aux croisades, de quoi la faire détester par une partie de la jeunesse issue de l’immigration. Qui osera affirmer tout ce que cette chrétienté et l’Occident ont apporté au monde en matière de science, de médecine, de littérature, de culture, de littérature, de philosophie, d’architecture, de musique, de peinture, sculpture ? Qui est encore capable de vanter ce passé devant une classe du 93 ? A défaut d’endosser ce rôle, l’Eglise devrait au moins défendre les siens.

La grande leçon de ces derniers mois, c’est que l’Eglise ne se révoltera pas. Elle est à bout de souffle tandis qu’une énergie combative et conquérante bruit dans les veines de sa concurrente, plus jeune de six cent ans.

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